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Barreau du Québec: la «révolution tranquille» de Paul-Matthieu Grondin (ENTREVUE)

«On a promis plus de transparence et on va livrer à ce sujet-là.»
grondinsavarese.com

QUÉBEC – À tout juste 33 ans, Paul-Matthieu Grondin a été élu bâtonnier du Québec pour un mandat de deux ans.

Le jeune avocat a récolté 72% des voix des membres, contre 28% pour l’ex-bâtonnière Lu Chan Khuong qui avait démissionné dans la controverse en 2015. Comment entrevoit-il son mandat? Quels défis l’attendent? Bref tour d’horizon.

HuffPost Québec : Tout d’abord, quels sont les dossiers prioritaires pour vous dès votre entrée en fonction à la mi-juin?

Paul-Matthieu Grondin : Les deux premières choses symboliques, c’est premièrement de diminuer le salaire du bâtonnier [actuellement de 314 100$] et que l’ordre soit beaucoup plus transparent, donc de détailler nos états financiers et de rendre nos procès-verbaux publics. On a promis plus de transparence et on va livrer à ce sujet-là.

La deuxième étape, ce sont les réformes plus en profondeur. Donc, je donne en exemple la situation de l’emploi chez les jeunes et la réforme du système de justice civile. On ne peut pas, en 2017, avoir des hangars à papier comme palais de justice. Il est temps qu’on règle cette question-là.

HPQc : Vous avez insisté sur le mot « révolution » pendant votre campagne, voire une « révolution tranquille » du Barreau. Que voulez-vous dire par cela?

PMG : Ce sont quand même de grosses étapes, ce sont des choses auxquelles les gens ont tenté de s’attaquer par le passé. Nous, on va s’y attaquer et réussir à le faire.

J’avoue que, côté révolution tranquille, l’analogie est aussi avec le Québec des années 60-70, là où les jeunes investissaient massivement les postes d’importance. À 33 ans, je pense que je suis le plus jeune bâtonnier de l’histoire.

Quand on me dit révolution, de voter pour un bâtonnier de 33 ans, je crois qu’ils y croient.

HPQc : Peut-on dire que vous êtes, en quelque sorte, l’Emmanuel Macron du Barreau?

PMG : Je ne crois pas que la comparaison tient, dans le sens où il y a beaucoup plus de gens qui suivent l’élection présidentielle française que le Barreau! Mais est-ce qu’on a des gens qui ont voté pour nous et est-ce qu’on a eu une large coalition de gens qui avaient peut-être d’autres intérêts et qui ont décidé de voter pour nous après? Bien sûr. Donc dans ce cas-là, la comparaison tient un peu.

HPQc : Donc, c’est un oui ou un non?

PMG : La réponse est non. Je ne crois pas qu’on puisse se comparer au mouvement En marche! d'Emmanuel Macron. C’est d’une autre magnitude. Mon nom à moi, c’est Paul-Matthieu Grondin.

HPQc : La course n’a pas été de tout repos : votre adversaire Lu Chan Khuong vous a accusé d’avoir perçu des sommes illégalement, l’avocat Jean-Yves Therrien a déposé une injonction contre vous. Est-ce que ces tentatives d’obstruction ont nui à votre réputation, au final?

PMG : Non, au contraire. Évidemment, on a laissé les tribunaux faire leur travail. Les tribunaux nous ont donné raison. Je comprends que la politique est une job qui est difficile, une fois de temps en temps, mais nous, on a mené une campagne positive d’idées et je vous dirais qu’aujourd’hui, c’est le temps des réjouissances.

HPQc : Pourquoi les membres ont-ils rejeté la candidature de Me Khuong à votre avis?

PMG : Je préfère penser que les gens ont voté pour quelqu’un, plutôt que contre quelqu’un. Il faut dire aussi que certains auraient pensé qu’il y aurait eu de l’abstentionnisme, mais ce n’est pas le cas. On a eu un plus grand taux de participation qu’en 2015 et il y a eu huit jours de moins de vote cette fois-ci. Donc, il y a eu un très grand intérêt des membres. Je suis très satisfait du résultat.

HPQc : Auriez-vous quand même gagné si la bâtonnière sortante, Claudia Prémont, ne s’était pas retirée de la course?

PMG : C’est une question très hypothétique, donc je préfère ne pas y répondre. On préfère savourer la victoire d’aujourd’hui et je salue Me Prémont au passage.

HPQc : Finalement, quels défis entrevoyez-vous pendant votre mandat?

PMG : Je pense que les membres auront des attentes qui sont assez élevées, donc il faut combler ces attentes-là. Il y a aussi le fait qu’il y a beaucoup de nouveaux administrateurs. Il faut qu’on apprenne à se connaître et qu’on travaille ensemble dans une même direction.

La réaction de Lu Chan Khuong :

« Je tiens à féliciter Me Grondin pour le courage dont il a fait preuve en se présentant. Alors je lui souhaite bon succès. Quant à la suite, je demeure très zen. J’ai une règle de 24 heures : j’ai 24 heures pour être heureuse d’une bonne nouvelle et j’ai 24 heures pour m’apitoyer sur mon sort. Après 24 heures, je vais relever de nouveaux défis! »

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