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Une douanière arrêtée pour contrebande dit avoir été manipulée par son ex-amant

Une douanière arrêtée pour contrebande dit avoir été manipulée par son ex-amant
Radio-Canada

L'ancienne douanière de Lacolle Stéfanie McLelland, qui a laissé entrer au Canada un véhicule transportant près de 200 kg de cocaïne en 2014, a raconté aux enquêteurs avoir été trahie par un ancien amant et n'être au courant de rien.

Vendredi, le jury chargé d'entendre son procès au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu a regardé la vidéo de son interrogatoire avec la police.

Toujours vêtue de sa chemise de l'Agence des services frontaliers, Stéfanie McClelland a passé près de 8 h avec le caporal René Desfossés de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le soir du 2 décembre 2014, peu après son arrestation.

Elle jure n'avoir jamais accepté de fermer les yeux sur de la contrebande. « Ma faute a été de faire confiance à Soni », dit-elle.

La mère de quatre enfants raconte avoir été la maîtresse de Soninder Dhingra pendant quelques mois et qu'ils sont demeurés amis par la suite. Elle ignorait qu'il avait été arrêté pour une affaire de stupéfiants.

Il lui avait offert un cellulaire, dont lui seul connaissait le numéro.

Contrebande

Le 2 décembre 2014, Stéfanie McClelland est en poste à Lacolle et elle échange des messages avec Solinder Dhingra, qui lui demande à quelle guérite elle se trouve.

Quelques minutes plus tard, la camionnette de contrebande se pointe et malgré une alerte interne, elle la laisse filer.

Le conducteur de ce véhicule, Gregory Singh, est « comme les deux doigts de la main » avec Solinder Dhingra, affirme le policier de la GRC.

Mme McClelland assure qu'elle n'avait pas reçu d'ordre laisser passer le véhicule.

Au début de son interrogatoire, elle affirme ne pas connaître Gregory Singh. Devant l'insistance du policier, elle admet l'avoir déjà vu auparavant, mais assure ne pas l'avoir reconnu à Lacolle.

De même, au début de son interrogatoire avec la police, elle avait dit avoir très peu de contacts avec Solinder Dhingra, avant de revenir sur ses paroles.

« Peut-être que tu as des problèmes financiers, tente l'enquêteur. Tu as quatre enfants, une hypothèque, c'est pas facile. » Il suggère qu'elle aurait été payée par Solinder Dinghra pour laisser entrer le véhicule au Canada. Elle clame plutôt s'être « fait avoir solide ».

« J'ai été naïve, j'ai été stupide, je lui ai fait confiance. Je pensais que c'était un bon ami. C'est mon erreur. »

Stéfanie McLelland, accusée

Elle reconnaît que M. Dinghra est souvent passé à sa guérite par le passé, mais assure qu'il n'a jamais eu de passe-droit.

Arrestation des présumés complices

Les deux occupants de la BMW contenant 182 kg de cocaïne, Gregory Singh et Ariane Desgroseillers-Lafrance, se font arrêter peu après leur passage à la douane.

Lors de l'interrogatoire, les enquêteurs pressent Stéfanie McClelland de tout avouer. Ils disent qu'ils surveillaient le réseau depuis longtemps et savaient que le véhicule allait passer à sa guérite ce jour-là.

Gregory Singh aurait déclaré à la GRC qu'il avait été payé 10 000 $ pour faire entrer la drogue, une « job sans risque » puisqu'il se serait fait dire à quelle guérite passer.

En se faisant arrêter, Ariane Desgroseillers-Lafrance aurait dit « Coudonc, on s'est-tu trompé de fille? »

Ces deux déclarations n'ont pas été déposées en preuve pour le moment, ce sont des affirmations faites par la police lors de l'interrogatoire de l'accusée.

La GRC tente aussi de faire parler l'accusée en disant que le registre de son cellulaire démontre qu'elle a déjà été en communication avec Gregory Singh. La police l'aurait également déjà observée en train de recevoir un pot-de-vin, au Tim Horton de Kahnawake.

« Je savais que c'était une grosse erreur. »

Stéfanie McLelland, accusée

Stéfanie McClelland répète à plusieurs reprises qu'elle ne comprend pas comment elle a pu manquer l'avis de guet qui est apparu à son écran, lorsque le véhicule de contrebande est passé à sa guérite Nexus.

« Je ne sais pas comment j'ai fait pour le manquer. Dans ma carrière, ça ne m'est jamais arrivé. »

Les occupants de la camionnette ne sont pas préautorisés dans le programme Nexus, mais malgré tout, elle leur pose les questions d'usage et les laisse passer en quelques secondes.

C'est immédiatement après qu'elle soutient avoir constaté la bande rouge sur son écran, signifiant qu'il y avait une alerte interne au sujet de cette plaque d'immatriculation. Elle panique, veut sonner l'alarme, mais fige. « J'ai gelé, je ne savais plus quoi faire », raconte-t-elle à l'enquêteur en pleurant.

Elle dit s'être promis d'en parler à son supérieur à la fin de son quart de travail. Elle n'aura pas le temps puisqu'elle se fait arrêter peu après.

Le procès se poursuit lundi avec la fin du visionnement de l'interrogatoire de la police.

Stéfanie McClelland aura 40 ans samedi. Elle fait face à trois chefs d'accusation : importation de cocaïne, contrebande et abus de confiance par un fonctionnaire public.

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