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L'eau se retire, mais la Mauricie retient son souffle

L'eau se retire, mais la Mauricie retient son souffle

Au moment où l'eau commence à se retirer, la sécurité civile du Québec et les sinistrés commencent à constater les dégâts. Le nombre de municipalités touchées diminue, mais celui des maisons inondées augmente. L'heure est déjà aux bilans.

Le nombre de municipalités touchées, au Québec, est passé de 171 à 166, mais celui des résidences inondées a atteint 3882. Il y a toujours 2721 personnes évacuées et 557 rues et routes sont toujours frappées par la crue des eaux.

Les autorités recensent par ailleurs 126 glissements de terrain.

En Outaouais, le niveau de l’ensemble des cours d’eau est en baisse même si leur débit demeure élevé. Les vents des derniers jours ont contribué à maintenir ce fort débit, selon la directrice générale d’Hydro Météo, Maryline Lafrenière.

Si l’eau a commencé à se retirer dans l’ouest de la province, la situation est différente en Mauricie et dans la région de Québec, où le fleuve est sous surveillance.

« Le Saint-Laurent n’arrive plus à se vider dans l’océan Atlantique parce qu’il est bloqué par ses grandes marées saisonnières qui s’en viennent au cours des prochains jours, a expliqué la chercheuse en environnement et en changements climatiques, Ursule Boyer-Villemaire, en entrevue à l’émission 24|60. C’est vraiment à surveiller d’ici la fin de semaine. »

«La convergence de la masse d’eau continentale et de la masse d’eau océanique risque de refouler [l’eau du fleuve] vers Québec jusqu’à Trois-Rivières ou Nicolet.» - Ursule Boyer-Villemaire

Pas d'embellie en Mauricie

En conférence de presse ce matin, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, a prévenu les gens de la Mauricie que le week-end sera difficile.

Les prévisions de 20 à 40 mm de pluie vont venir aggraver la situation déjà précaire de la région, a-t-il expliqué.

« On a eu l’équivalent d’un hiver et demi, explique M. Heurtel, donc jusqu’à 50 % plus de neige que d’habitude. [La fonte de] cette neige crée un apport important d’eau, jumelé aux marées, au débit et maintenant aux précipitations. Il faut s’attendre à une autre fin de semaine difficile en Mauricie et particulièrement aux abords du lac Saint-Pierre », a-t-il prévenu.

« On a encore une à deux semaines de précipitations [à venir], ça ressemble plus à l’automne qu’au printemps », a ajouté M. Heurtel.

Si le fleuve Saint-Laurent est toujours en hausse en Mauricie, les rivières Saint-Maurice et Matawin sont, quant à elles, stables ou en décrue. Elles demeurent toutefois sous surveillance.

Une donnée imprévisible : le vent

Des renforts militaires

Devant les critiques de certains riverains, qui soulignent le manque d’initiative des militaires déployés sur le terrain, le Brigadier général des Forces canadiennes Hercules Gosselin a rappelé que le rôle premier des Forces était de veiller à la sécurité des populations civiles. « Le rôle premier des Forces canadiennes est de voir à aider à la sécurité de la population, ensuite de protéger les infrastructures critiques des municipalités et du gouvernement du Québec », a-t-il précisé.

«Je suis ici aujourd’hui pour bien comprendre l’ensemble des besoins que les municipalités et les autorités civiles vont avoir.» - Hercules Gosselin

« Cette compréhension des priorités qui vont être établies vont me donner la clarté [pour déterminer] jusqu’à quel point je suis en mesure d’assister la population dans des choses qui sont un peu à l’extérieur de notre mandat », a-t-il ajouté.

M. Gosselin a insisté sur l’importance pour les citoyens de communiquer leurs besoins à leur municipalité qui relaieront l’information à la sécurité civile et aux Forces canadiennes. « La sécurité publique, de concert avec les municipalités, identifie les besoins par rapport à la sécurité des gens, la protection des infrastructures, et moi mon rôle c’est de m’assurer d’avoir les ressources nécessaires », a indiqué M. Gosselin.

Les Forces canadiennes envoient un renfort de 460 militaires supplémentaires en provenance de Kingston pour prêter main forte aux sinistrés québécois.

Le retour à la normale sera long

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a rappelé que le retour à la normale serait long, au cours de son point de presse quotidien. « Même si - dans certaines régions plus rapidement que dans d’autres – le niveau des eaux a commencé à baisser, on est quand même dans une situation qui va perdurer un certain temps », a-t-il prévenu.

Les inondations au Québec (2017)

« Le retour à la maison ne sera pas nécessairement demain, a-t-il poursuivi. Ça va prendre un certain temps et nos citoyens qui sont directement touchés sont lourdement éprouvés. Il faut leur apporter tout le soutien nécessaire et ça se fait à l’échelle municipale ».

Le ministre Coiteux ajoute qu’il faut déjà préparer la phase de rétablissement et de remise en état. Il précise que cette dernière phase de la catastrophe naturelle sera gérée par les municipalités.

« Il y aura des séances d’informations organisées dans les municipalités », a indiqué M. Coiteux en précisant qu’il s’agissait du palier gouvernemental le mieux placé pour intervenir auprès de ses citoyens.

Jusqu'ici, 1,7 million de dollars ont été amassés dans le fonds spécial de la Croix-Rouge pour venir en aide aux sinistrés des inondations. Pour faire un don, composez le 1-800-418-1111 ou rendez-vous sur le site Internet de la Croix-Rouge. Les dons sont aussi amassés dans toutes les banques et caisses populaires ainsi que dans les succursales de Métro, Super C et Rona.

L'argent sera au rendez-vous, promet Leitao

À son entrée au caucus libéral à Québec, le ministre des Finances, Carlos Leitao a tenu à rassurer les sinistrés qui ont encore les pieds dans l'eau. « Les fonds sont suffisants, il n’y a pas de date limite, il n’y a pas de montant prédéterminé », a déclaré le ministre Leitao.

«Les programmes existent et auront les liquidités nécessaires jusqu’au bout. Il n’y a absolument aucune crainte de ce côté-là.» - Carlos Leitao

« Le gouvernement a des programmes administrés par le ministère de la Sécurité publique, ces programmes existent et ils sont ouverts, a poursuivi M. Leitao. On ne fermera pas les programmes. »

De son côté, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a indiqué que les infrastructures de santé qui ont été endommagées par les inondations seront rénovées. « On n’est pas dans une situation physique, en termes d’infrastructures, qui nécessite une reconstruction sur la base des inondations d’aucun des bâtiments », a-t-il déclaré à son entrée au caucus.

« Il y en a un qui est problématique, on le sait, on envisage la possibilité de le relocaliser, a-t-il ajouté. C’est celui de Maniwaki, lui est construit en zone inondable. »

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Stabilisation à Montréal

Dans la région de Montréal, le fleuve s’est stabilisé. Les travaux se poursuivent dans l'ouest de l'île de Montréal pour contenir l'eau, dont le retrait complet prendra encore du temps.

Les cours d’eau et plans d'eau de la région montréalaise se sont également stabilisés. C’est le cas notamment des lacs Saint-Louis et des Deux Montagnes de même que des rivières des Prairies et des Mille Îles.

La diminution du débit au barrage Carillon, situé sur la rivière des Outaouais dans les Laurentides, est de bon augure pour la région tout comme la baisse de 10 cm du niveau de l’eau du lac des Deux Montagnes.

La pluie annoncée pour le week-end pourrait freiner la décrue sans toutefois l’arrêter.

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