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Marion Maréchal-Le Pen: démission stratégique ou impasse de mère célibataire comme les autres?

Démission stratégique ou impasse de mère célibataire comme les autres?
French MP Marion Marechal-Le Pen looks on during a session of the French National Assembly on a draft law on broaden the crime of obstruction of abortion to websites, on December 1, 2016 in Paris. / AFP / JACQUES DEMARTHON (Photo credit should read JACQUES DEMARTHON/AFP/Getty Images)
JACQUES DEMARTHON via Getty Images
French MP Marion Marechal-Le Pen looks on during a session of the French National Assembly on a draft law on broaden the crime of obstruction of abortion to websites, on December 1, 2016 in Paris. / AFP / JACQUES DEMARTHON (Photo credit should read JACQUES DEMARTHON/AFP/Getty Images)

Marine Le Pen n'a pas réagi tout de suite à l'annonce surprise de sa nièce de se retirer de la vie politique. Elle aura laissé passer la nuit. "Comme dirigeante politique je regrette profondément la décision de Marion mais hélas, comme maman, je la comprends", écrit-elle sur Twitter ce mercredi 10 mai, articulant très naturellement commentaire politique et message personnel.

Un tweet qui suit parfaitement les consignes de la direction du FN: insister sur la dimension "personnelle" du retrait de Marion Maréchal-Le Pen. Pour cacher autre chose? Plusieurscommentateurs mettent en effet en avant que les désaccords politiques avec sa tante ont pu motiver ce retrait. Coup de com' ou non, ces raisons personnelles sont aussi révélatrices de l'image que souhaite donner Marion Maréchal-Le Pen.

Un positionnement en accord avec les valeurs qu'elle défend

Dans la lettre publiée ce mercredi 10 mai dans le Dauphiné Libéré, la députée FN du Vaucluse, séparée du père de sa fille, dit entre autres vouloir passer plus de temps avec celle-ci, âgée de moins de trois ans. "J'ai beaucoup manqué à ma petite fille dans ses premières années si précieuses. Elle m'a aussi terriblement manquée. Il est essentiel que je puisse lui consacrer plus de temps." Un argument de poids quand on sait que la femme politique devait partager son temps entre Paris et sa permanence dans le Vaucluse depuis son élection en 2012.

Or, Marion Maréchal-Le Pen incarne au sein de Front National une ligne catholique conservatrice: volonté de limiter les conditions au remboursement de l'IVG, rapprochement avec le mouvement Sens Commun, engagement auprès de la Manif Pour Tous et surtout, défense de la famille. En mettant au centre de sa décision le bien-être de sa fille aux dépens de sa carrière, Marion Maréchal-Le Pen, mère de famille séparée, est aussi en accord avec les valeurs familiales qu'elle défend.

Mais, malgré les consignes du FN pour recentrer le débat sur son image de mère, elle n'incarne pas toutes les difficultés auxquelles doivent faire face les mères célibataires françaises.

Les mères célibataires, majoritaires dans les familles monoparentales

En France, en 2011, selon l'INSEE, deux familles sur dix sont monoparentales. Au sein de ces familles, la grande majorité, 85% des foyers, sont composés d'une femme et d'au moins un enfant. La première raison de cette monoparentalité est une séparation. En effet, après un divorce, seul 12% des enfants sont confiés à leur père selon des données de 2013 du ministère de la Justice.

La volonté de Marion Maréchal-Le Pen de quitter tous ses mandats politiques pour pouvoir se concentrer sur sa fille tout en exerçant un emploi dans le privé démontre les difficultés qui existent pour mener une carrière prenante sans sacrifier sa vie de famille. Une problématique qui concernerait même toute la lignée selon Marine Le Pen. Elle qui met elle aussi beaucoup en avant son image de mère de famille (non sans arrière-pensée politique), en parlait justement en 2014 interrogée sur I télé, "C'est une famille (les Le Pen NDLR) qui donne beaucoup à la France (...), qui a beaucoup sacrifié à la France: sa tranquillité, ses hobbies, sa vie de famille."

"Le nouveau visage de la pauvreté"

Cette question de sacrifice se pose a priori à toutes les mères célibataires. Sur le papier seulement, car, dans bien des cas, celles-ci n'ont pas le luxe de se la poser. Après une séparation (divorce ou rupture de pacs), le niveau de vie des femmes comme celui des hommes diminue. Logique: à deux, on fait des économies d'échelle. Mais cette baisse du niveau de vie a deux poids deux mesures. Car il baisse de 3% pour les hommes et de... 20% pour les femmes.

Seule la moitié des mères de famille monoparentale occupent un emploi à temps complet, alors qu'elles fournissent l'essentiel des revenus du ménage. Et les postes à responsabilité sont peu compatibles avec les contraintes d'une mère célibataire qui a la garde complète de ses enfants. 45% des mères célibataires sont à découvert à la fin du mois selon une enquête Ipsos réalisée en 2013, contre 19% pour les femmes en général et 18% pour l'ensemble de la population. Une étude qui avait fait dire à Najat Vallaud-Belkacem que les femmes à la tête de familles monoparentales sont "le nouveau visage de la pauvreté en France".

Autre époque, autre exemple. En 2009, Rachida Dati, alors Garde des Sceaux, n'avait pas pris de congé maternité après la naissance de sa fille qu'elle avait choisi d'assumer seule. En la voyant revenir au conseil des ministres cinq jours après son accouchement, son choix avait été extrêmement critiqué, y compris par les féministes, outrée de la voir refuser ce droit pour poursuivre sa carrière. Tout quitter ou tout vouloir, si les femmes politiques ne sont pas représentatives des problématiques que vivent les Françaises, leurs choix montrent bien qu'être mère célibataire en politique demande encore beaucoup de sacrifices.

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