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Ludovick Bourgeois grand gagnant de La Voix 2017

Ludovick Bourgeois grand gagnant de La Voix 2017

Les jeux sont faits : c’est Ludovick Bourgeois, 24 ans, de Lorraine, fils de Patrick Bourgeois des BB, qui repart avec la couronne de vainqueur de La voix. C’est ainsi qu’en a décidé le public, qui devait voter pour son favori lors de la grande finale, présentée en direct à TVA, dimanche.

Les gens ont été très généreux envers Ludovick, lui accordant 50% du vote populaire. Un triomphe qu’on voyait venir de très loin, étant donné que le joli chanteur s’était créé un fan club dès sa première apparition à La voix, en février. La solide performance de David Marino aurait pu brouiller les cartes dimanche, mais le jeune crooner a finalement été chercher seulement 17% du scrutin populaire, versus 22% pour Rebecca Noelle et 11% pour Frank Williams.

Le protégé d’Éric Lapointe complète ainsi la lignée amorcée par Valérie Carpentier (2013), Yoan Garneau (2014), Kevin Bazinet (2015) et Stéphanie St-Jean (2016), et repart avec un contrat d’album et une bourse de 65 000$. Les quatre adversaires ont par ailleurs reçu un cadeau de taille : un voyage de deux semaines pour deux personnes en Chine, croisières et expéditions incluses.

Maux de mots

Pour arracher la faveur des téléspectateurs, les quatre finalistes devaient interpréter la chanson imaginée pour eux par leur coach.

C’est avec une ritournelle plus pop que rock, qui aurait justement pu être chantée par les BB à l’époque, distillant des «Je sais que je t’aime, mais je peux pas dire gros comme quoi (…) J’t’aimerai jamais autant que si c’était fini», et concoctée par Éric Lapointe et Lynda Lemay, que Ludovick Bourgeois s’est défendu et démarqué. La mélodie un peu bonbon, qu’on devrait entendre beaucoup cet été, comme nous le prédisait Éric Lapointe plus tôt cette semaine , s’intitule Si je commençais.

Celui dont la voix se compare aisément à celle de son paternel paraissait très fier quand les acclamations ont retenti pour lui.

«T’as la gueule, t’as le charisme, la voix, l’assurance, t’es vrai, t’es authentique, t’es travaillant, t’es déjà extrêmement professionnel.. », lui a énuméré Éric Lapointe, plaidant que Ludovick est déjà prêt à démarrer sa carrière. Le rockeur s’est remémoré l’audition à l’aveugle de celui qui lui amène une première victoire à La voix, où il est pourtant coach depuis 2014.

«T’as prononcé mon nom, et j’espère qu’à soir, Charles va prononcer le tien», a souhaité Éric Lapointe, comme une prophétie.

La famille de Ludovick Bourgeois était évidemment en émoi en apprenant que celui-ci était désormais nommé «la» voix du Québec. Patrick Bourgeois, le crâne dégarni – il avait dévoilé l’an dernier qu’il se battait contre un cancer -, qu’on n’avait encore jamais vu dans les gradins du Studio Mel’s, avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles d’émotion pour son fiston.

Plus tôt, Rebecca Noelle avait brisé la glace avec Promets-moi, une ballade taillée sur mesure pour sa voix puissante, qui parle du fait que «quand on aime quelqu’un, il faut faire des efforts pour le garder», a expliqué son guide, Marc Dupré. Dans sa longue robe de bal, la seule représentante féminine du quatuor d’aspirants a tout donné, multipliant les moues et les mimiques tordues, comme si d’insuffler de la souffrance à sa tirade allait la rendre plus époustouflante.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont encensé la magistrale envolée de Rebecca, mais un détail clochait : puisque la jeune femme originaire d’Ontario maîtrise mal le français, sa prononciation s’en est ressentie, et on distinguait mal les paroles, qu’elle traînait beaucoup de surcroît.

«Je te promets de t’aimer pour toujours, l’a néanmoins encensée Marc Dupré après l’effort. Humblement, tu as dépassé mes attentes comme c’a aucun bon sens. C’est ta chanson, maintenant. (… ) Tu es un fille passionnée, humble, authentique…»

Frank Williams, poulain d’Isabelle Boulay, est allé au front avec Sur la terre des musiciens, un morceau joyeusement country, qui lui allait comme un gant, composé par Nelson Minville et Paul Daraîche. Lui à la guitare, avec violon et washboard derrière, l’ambiance «chapeaux de cowboy» était parfaite, mais encore là, l’accent acadien de Frank a quelque peu mené la vie dure aux mots. Ce qui n’a pas empêché une fière Isabelle Boulay de vanter la voix «terriblement humaine» de son nouvel ami, et de lui lancer : «Tu es un vrai, vrai, vrai, vrai gars, un vrai, vrai, vrai chanteur populaire».

Jamais on n’aurait pu deviner, en le voyant concentré comme un pape en livrant la difficile Amour ou songe que Pierre Lapointe avait créée pour lui mais, cinq heures avant de monter sur scène, le jeune David Marino, 18 ans, avait une extinction de voix. On abonde donc dans le même sens que Pierre Lapointe, qui a qualifié David de «surdoué» et de «très, très grand professionnel». L’adolescent a su rendre avec exactitude et maturité la douce pièce à la Frank Sinatra, qui portait réellement une histoire, un ardu récit amoureux.

Moins dansant que dans ses tentatives des dernières semaines, Marino a une fois de plus démontré son exceptionnel talent, avec une très bonne voix dans les circonstances. Le garçon semblait littéralement abasourdi d’avoir réussi et a fondu en larmes une fois sa dernière note poussée. «Tu vas avoir fait brailler Pierre Lapointe à la TV pour la première fois», lui a souligné ce dernier, qui n’a sûrement pas été le seul à avoir les yeux humides devant telle prouesse d’une si jeune personne. David Marino, c’est évident, est promis à un brillant avenir, même s’il n’a pas récolté les grands honneurs de La voix.

Fête musicale

Comme chaque année, le dernier rendez-vous de la saison de La voix a été un feu d’artifices de prestations musicales. Il faut bien remplir les minutes en attendant que le public ne se prononce via Illico, téléphone ou Internet après le tour de chant décisif des candidats, mais au-delà de la technicalité, la grande fête musicale est toujours plaisante à regarder.

La soirée a commencé avec le passage du duo nashvillois Florida Georgia Line, qui a proposé quelques-uns de ses succès country-rock, dont l’entraînante Cruise, qui a fait sa renommée en 2012.

Plus tard, le tandem québécois 2 frères, installé de manière décontractée comme s’ils prenaient place autour d’un feu de camp, entouré de quelques participants de La voix, d’Isabelle Boulay et de Marc Dupré, ont aussi entonné quelques-uns de leurs airs, qui tournent jusqu’à plus soif à la radio, dont 33 tours et Nous autres. Mariant son timbre unique à celui d’Erik et Sonny Caouette, Isabelle Boulay a été une choriste splendide. L’union était parfaite.

Un peu froide, la chanteuse albertaine Ruth B, sacrée Révélation de l’année aux derniers Juno Awards, a balancé son tube Lost Boy, secondée entre autres du chanteur métal Louis-Paul Gauvreau, qui détonnait du reste du groupe.

On a célébré le cinquième anniversaire de la mouture québécoise de La voix avec d’anciens diplômés de «l’institution», venus offrir leur propre matériel, lancé après leur crochet au populaire concours, Matt Holubowski, Valérie Carpentier et Stéphanie St-Jean (dont le premier disque solo vient de paraître). La troupe de Footloose, dont font partie Philippe Touzel, Éléonore Lagacé et Tim Brink, s’est aussi époumonée dans une chorégraphie endiablée accompagnant la chanson-titre, qu’on reverra dans la comédie musicale du même nom au Théâtre St-Denis, tout l’été.

Comme elles l’avaient fait lors de la finale de La voix en 2014 - alors à titre d’invitées -, Les Sœurs Boulay, qui étaient cette année mentors de l’équipe de Pierre Lapointe, ont propulsé leur succès Mappemonde, en plus d’y aller de leur applaudie relecture des Chats sauvages, de Marjo, en trio avec Éric Lapointe, et de La moitié de toi qui dort, avec Pierre Lapointe. Elles ont conclu en beauté avec l’énergique Fais-moi un show de boucane.

Enfin, on les attendait de pied ferme, mais les Jacksons ne se sont pointés qu’au dernier moment, au nombre de deux plutôt que quatre (un malaise a empêché Jackie de se joindre à ses frangins Marlon et Tito, a spécifié Charles Lafortune). Le dynamique numéro nous a entre autres permis d’apprécier les légendaires Can You Feel It, ABC et autres classiques à la I’ll Be There.

Qui plus est, les finalistes ont eu droit à des encouragements sur vidéo de personnalités qu’ils admirent dans ce dernier droit de la compétition. Deana Martin (la fille de Dean Martin) s’est adressée à David Marino ; Pat Monahan, leader du groupe Train, dont Ludovick avait interprété la pièce-phare Drop of Jupiter la semaine dernière, a invité ce dernier à chanter avec le groupe prochainement à Toronto ; Zachary Richard a prodigué de bons souhaits à l’égard de Frank Williams, et K.D Lang a couvert Rebecca d’éloges.

Charles Lafortune a finalement confirmé le retour de La voix, à TVA, pour une sixième édition, à l’hiver 2018, et annoncé que la compilation dérivée de La voix 2017 a déjà été écoulée à plus de 40 000 copies, et devient donc disque d’Or. Aussi, pour la première fois, les huit demi-finalistes de La Voix 5 partiront en tournée sur les routes du Québec pendant la saison chaude, dans différents festivals.

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