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Une «crack house» reconvertie pour lutter contre l'itinérance dans Hochelaga

Une «crack house» reconvertie pour lutter contre l'itinérance dans Hochelaga
Radio-Canada

Les efforts d'organismes communautaires et de citoyens pour améliorer la qualité de vie du quartier Hochelaga près du 3207, rue Sainte-Catherine Est, une fumerie de crack (crack house) bien connue, ont porté leurs fruits. Ce lieu de vente de drogue dure et de prostitution sera reconverti en logements communautaires.

Un texte de Julie Marceau

Radio-Canada a appris que la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM) a acheté l’immeuble, la semaine dernière, pour plus de 600 000 $. Cela faisait suite à une pétition citoyenne, de multiples interventions policières dans les derniers mois et un avis d’évacuation pour cause d’insalubrité.

« C’est un travail collectif, ça c’est clair, ça part d’une communauté qui a des besoins », explique Gabrielle Neamtan Lapalme, directrice adjointe au développement et partenariat à la SHAPEM.

La Société d’habitation prévoit construire une quinzaine de logements à prix modique pour des personnes à risque d’itinérance. L’organisme ciblera les hommes seuls de 40 ans et plus, qui ont peu de ressources à leur disposition dans le quartier à l’heure actuelle.

«C'est la population qui habitait dans l'immeuble à l'origine et qui pourra revenir dans cet immeuble.» - Gabrielle Neamtan Lapalme, directrice adjointe au développement et partenariat, SHAPEM

La communauté tentait depuis des mois de fermer le point de vente, tout en offrant une aide aux locataires permanents de l’immeuble. Une rencontre pour régler cette question a réuni plusieurs intervenants du quartier, dont les organismes Dopamine, Stella et L’anonyme, le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Le financement de 600 000 $ provient d’une contribution fédérale de 400 000 $ (Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance ou SPLI), de la Ville de Montréal, du programme québécois AccèsLogis et du Fonds d’acquisition de Montréal (FAM).

Un mouvement citoyen

Pauline Wolff et Amélie Dion, deux voisines de la fumerie de crack, ont fait circuler une pétition l’été dernier pour demander l’intervention de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

«C'était assez difficile à gérer, on appelait la police trois, quatre fois par semaine.» - Pauline Wolff

« On a vérifié auprès de la population ce qu'on pouvait faire, si quelqu'un était motivé, il y a des garderies, des CPE, on est allées dans les rues adjacentes […] et j’ai pris rendez-vous avec le maire », ajoute-t-elle.

Ne sachant pas ce qu’il était advenu des lieux, la mère d’une fillette de 2 ans n’a pas caché sa joie quand Radio-Canada a confirmé la fermeture définitive de l’établissement. « On était rendu à un niveau de qualité de vie qui était franchement limite, les CPE faisaient tout pour ne pas passer par cette rue-là », dit-elle.

« C’était jour et nuit, des sacs par terre, des condoms… ce n’était pas vivable », ajoute une autre résidente, Johanne Bélanger, dont la fille et les petits-enfants habitent un logement situé en face du point de vente de crack.

Au poste de quartier 23 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on confirme avoir reçu plusieurs courriels de citoyens.

« Lorsqu’un endroit où il y avait des stupéfiants ferme, c’est instantané, l’impact sur la qualité de vie des citoyens se fait ressentir automatiquement », explique le chef du PDQ 23, Martial Mallette.

Le 3629, toujours « problématique »

Malgré les opérations répétées du SPVM au 3629, rue Sainte-Catherine Est, un autre point de vente de crack connu, ainsi que l’arrestation, en 2015, du présumé gérant du point de vente et du propriétaire de l’immeuble, accusés de complot et de trafic de drogue, les activités illicites se poursuivent, a constaté Radio-Canada.

La propriétaire du commerce voisin, le Haricot traiteur, s’explique mal la situation. « Ça devient difficile pour le moral […] ça fait neuf ans que je suis ici, ça fait neuf ans que c'est comme ça », explique Marie-Hélène Reid.

Selon nos informations, des organismes du quartier seraient intéressés à racheter l’immeuble et à en faire bénéficier la communauté, notamment les travailleuses du sexe, mais on attend de voir ce qu’il adviendra de l’édifice.

L’immeuble fait l’objet d’une ordonnance de blocage. L’affaire doit revenir devant les tribunaux le 26 mai.

Frappe anti-stupéfiants : 25 arrestations et 7 perquisitions

Par ailleurs, une vaste opération antidrogue, ces derniers mois, a permis au SPVM d’arrêter 25 personnes. Les individus, soupçonnés d’être liés au crime organisé, font face à différents chefs d’accusation, dont trafic de stupéfiants, complot, bris de conditions et possession d’armes.

Au cours de sept perquisitions, les policiers ont saisi du crack, de la cocaïne, de l’héroïne, de la méthamphétamine (crystal meth), du speed et de la marijuana. Une somme de 45 000 $ en argent canadien a également été saisie.

Ces opérations, qui découlent du projet baptisé Encore, ont été menées en février et mars derniers par des enquêteurs de la section crimes de violence de la division est du SPVM, en collaboration avec les policiers du PDQ 23.

« On s’est attaqués à la vente qui peut être faite dans la rue ou dans certaines résidences qui pouvaient servir de points de vente », explique le commandant du poste de quartier, Martial Mallette.

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