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Que pourrait faire Apple de ses 250 milliards de dollars? L'imagination des internautes est sans limite

l y a des problèmes de riches, de très riches, et les problèmes d'Apple.
Getty Images/iStockphoto

Il y a des problèmes de riches, de très riches, et les problèmes d'Apple. Le succès de l'inventeur de l'iPhone permet désormais au groupe de se retrouver assis sur une réserve de fonds de plus de 250 milliards de dollars. Mais tout son problème est maintenant de savoir qu'en faire.

Selon ses résultats trimestriels publiés mardi 2 mai, Apple avait au 31 mars 258,8 milliards de liquidités disponibles, dont la vaste majorité stockée à l'étranger. Cela représente l'équivalent du Produit intérieur brut d'un pays comme le Chili.

De tels moyens lui permettraient de racheter nombre de ses concurrents, voire de se diversifier dans d'autres secteurs comme la voiture électrique, un produit auquel il accorde un grand intérêt, en rachetant le constructeur Tesla par exemple.

Stupéfaits par le montant faramineux de ses réserves, l'imagination des internautes s'est immédiatement emballée, transformant Twitter en boîte à idées plus ou moins loufoques.

Apple's cash position is about $34.75 per person on the planet.

— Eddy Elfenbein (@EddyElfenbein) 2 mai 2017

Apple has enough loose cash to buy Netflix, Tesla, Uber, Twitter, Snapchat, and Delta....

— Nate Golden (@ngpsu22) 2 mai 2017

Mais pour cela, Apple devrait rapatrier cet argent aux Etats-Unis, ce qui lui coûterait très cher compte tenu de la législation fiscale en vigueur qui impose à environ 35% les revenus des multinationales engrangés à l'étranger. Même si elle leur permet aussi de les défalquer de leurs assiette fiscale aux Etats-Unis.

Cela pourrait changer avec le président Donald Trump, qui vient de proposer d'abaisser à 15% l'imposition des entreprises aux Etats-Unis et de les autoriser à rapatrier l'argent détenu à l'étranger à un taux favorable. Mais sa réforme doit encore passer devant le Congrès.

"Cela a quelque chose de pas très sain", estime Roger Kay, consultant pour Endpoint Technologies Associates en commentant la fortune d'Apple. "En temps normal, cet argent devrait servir à financer des investissements mais de toute évidence Apple n'en a pas l'utilité", souligne-t-il.

Le plus probable? Que les actionnaires en profitent

Un moyen d'utiliser l'argent serait d'en faire profiter les actionnaires. Apple a annoncé le 2 avril qu'il consacrerait plus de 300 milliards de dollars à son programme de rachat d'actions d'ici mars 2019. Cela permet de faire monter le cours en Bourse et aux actionnaires d'engranger de confortables plus-values. Apple verse déjà 12 milliards de dollars par an à ses actionnaires sous forme de dividendes, se plaçant au premier rang mondial pour ce type de récompense.

"La plupart des entreprises seraient ravies d'avoir un tel problème sur les bras mais structurellement cela pose un peu problème car les investisseurs veulent être les premiers à en profiter", souligne Patrick Moorhead de Moor Insights & Strategy. Or récompenser les actionnaires n'est pas toujours dans l'intérêt stratégique à long-terme des entreprises, en les privant des moyens nécessaires pour innover ou se développer.

Une des solutions serait d'acquérir un fabriquant de microprocesseurs afin de "verticaliser" la production des smartphones et autres tablettes, estime-t-il. Le service de vidéos en ligne Netflix pourrait aussi compléter l'offre d'Apple TV. D'autres analystes évoquent le service de musique en ligne Spotify ou, comme les internautes, Tesla.

"Mais le défi est alors d'intégrer une acquisition aussi grosse", souligne Bob O'Donnell de Technalysis Research, en soulignant que cela n'est pas dans la culture de l'entreprise développée par Steve Jobs, décédé en 2011.

2500 à 3000 milliards stockés à l'étranger par des entreprises américaines

Apple n'est pas la seule entreprise américaine confrontée à ce problème. Le montant des liquidités détenues par des entreprises américaines à l'étranger est estimé entre 2500 et 3000 milliards de dollars.

Selon Lisa De Simone, professeure à l'université de Stanford spécialisée dans la fiscalité internationale, le code des impôts américain "encourage les entreprises à accumuler autant qu'elles le peuvent leurs bénéfices à l'étranger".

En 2004, une "fenêtre temporaire" leur avait permis d'en rapatrier une partie à un taux favorable mais cela ne s'est pas traduit par une forte progression des investissements, l'argent allant plutôt aux actionnaires. Les multinationales attendent maintenant une nouvelle exemption pour recommencer, Lee Pinkowitz, professeur à l'université de Georgetown, assimilant la situation à une "prise d'otage" du gouvernement par les entreprises.

Il estime, lui aussi, qu'une nouvelle période d'exemption, voire un taux favorable appliqué de manière permanente, n'aurait pas nécessairement un effet notable sur l'investissement.

Dans le cas d'Apple, l'essentiel de l'argent se trouve en Irlande mais la marque à la pomme "détient presque 50 milliards de dollars en bons et titres du Trésor américain donc techniquement cet argent est déjà ici, c'est simplement qu'il n'est pas imposé", indique-t-il.

Apple pourrait aussi promettre d'utiliser l'argent pour construire une usine aux Etats-Unis et entrer dans les bonnes grâces de Donald Trump qui veut rapatrier l'emploi dans le pays.

Jan Dawson de Jackdaw Research estime cette hypothèse peu probable, "car nous n'avons simplement pas la main d'oeuvre pour alimenter une telle production", alors que le taux de chômage est sous les 5%. Roger Kay, au contraire, estime qu'il n'est pas impossible qu'Apple décide de le faire "et forme des ouvriers américains à être aussi efficaces que des ouvriers chinois".

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