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L'opposition demande à l'UPAC de poursuivre son enquête sur Jean Charest et Marc Bibeau (VIDÉO)

L'opposition demande à l'UPAC de poursuivre son enquête sur Charest et Bibeau

Les partis d'opposition demandent à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) de s'expliquer sur l'enquête qu'elle mènerait sur Jean Charest, Marc Bibeau, le financement politique et l'octroi de contrats publics, dont a fait état TVA. Ils espèrent d'ailleurs obtenir des réponses de son grand patron, Robert Lafrenière, qui sera présent lors de l'étude de crédit en sécurité publique la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.

Le réseau TVA affirme que l'ex-premier ministre Jean Charest et l'ancien collecteur de fonds libéral Marc Bibeau auraient été sous la loupe des enquêteurs de l'UPAC jusqu'à l'an dernier.

Cette enquête, nommée Mâchurer, se penchait notamment sur le financement politique et l'octroi de contrats publics. On ne sait pas si l'enquête est toujours en cours.

Pour l'instant, ni l'UPAC ni les personnes visées par ces allégations n'ont réagi. Aucune accusation n'est portée contre les personnes concernées par cette enquête.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a confirmé à Radio-Canada qu'aucun dossier ne lui a été transmis concernant MM. Charest et Bibeau.

Martin Coiteux a refusé de se prononcer sur l'enquête, ne voulant pas s'immiscer dans le travail des policiers.

Le ministre de la Sécurité publique a toutefois fait part de ses préoccupations concernant la fuite d'informations dont a bénéficié TVA. Selon lui, ce «coulage» pourrait «contaminer la preuve éventuelle» et empêcher «qu'on puisse aller jusqu'au bout d'une affaire en justice».

Lisée dénonce «l'immunité libérale»

En point de presse, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s’est dit extrêmement frustré par cette enquête, qui, selon lui, n’aboutit pas.

«Depuis un certain temps, on se pose la question de l’immunité libérale dans notre système de justice», dit le chef péquiste.

«L’immunité libérale, est-ce que ça existe? Est-ce qu’il y a des influences, des pressions, des nominations, un système qui fait en sorte que la plus grande enquête de corruption de l’histoire politique du Québec n’arrive jamais à aboutir à la tête du réseau?», s'est-il demandé.

Le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire, se demande lui aussi pourquoi la justice est si lente dans ce dossier.

«J’ai commencé à poser des questions en 2010, rappelle-t-il. Sept ans plus tard, c’est un peu long pour la justice».

M. Khadir a interpellé le premier ministre libéral Philippe Couillard.

«Est-ce que M. Couillard collabore avec la Sûreté du Québec? Il était un ministre important dans ce gouvernement entre 2003 et 2008, il ne peut ignorer les procédés mis en place par Charest et Bibeau.

»

— Amir Khadir

Le leader parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, espère pour sa part que l'enquête finira par être menée à terme.

«On a certainement des motifs très sérieux qui ont poussé l'UPAC à aller, jusqu'à tout récemment, investiguer sur ces deux personnalités. Vous comprendrez que, dans les circonstances, la question qui se pose est si cette enquête-là est terminée.» - Le leader parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé

« Est-ce qu'il y a quelque chose, quelque part, qui empêcherait le travail soit de l'UPAC ou du DPCP? a-t-il avancé. Si on n'a pas d'éléments suffisants, ça se termine là, dit-il. Mais si on a les éléments suffisants, allons de l'avant ».

«Les Québécois ont le droit de savoir» - Jolin-Barrette

De son côté, le porte-parole de la CAQ en matière de justice, Simon Jolin-Barrette, appelle l'UPAC à poursuivre son enquête.

«Il va falloir que les policiers à l'UPAC continuent leur travail et que le DPCP étudie sérieusement ce que l'UPAC va lui remettre, si elle lui remet quelque chose», a-t-il affirmé sur nos ondes.

En conférence de presse, il a interpellé le premier ministre actuel, Philippe Couillard, pour qu’il s’explique sur les trois élus libéraux apparaissant sur un organigramme publié par le Journal de Montréal et qui proviendrait du projet Mâchurer sur le financement politique. Y apparaissent aussi les noms de MM. Bibeau et Charest, ainsi que ceux de plusieurs firmes de génie.

«Les Québécois ont le droit de savoir qui sont ces trois ministres dans le diagramme de l’UPAC. Est-ce qu’ils siègent à l’Assemblée nationale? Est-ce qu’ils siègent au cabinet? Est-ce qu’ils font partie du gouvernement Couillard?, a-t-il tonné. Le premier ministre doit répondre à ces questions-là.»

Sa collègue Nathalie Roy, porte-parole de la CAQ en matière d’intégrité, exige quant à elle que «le gouvernement rende publics tous les baux et les contrats qui lient ou ont lié le gouvernement aux entreprises de Marc Bibeau».

«Quels avantages Marc Bibeau a-t-il retirés des millions de dollars qu’il a amassés pour le PLQ?»

— La députée caquiste Nathalie Roy

Le commissaire de l'UPAC attendu à l'Assemblée nationale la semaine prochaine

Les partis d'opposition ont l'intention de poser leurs questions au commissaire de l'UPAC, Robert Lafrenière, le 4 mai prochain, lors de l'étude de crédits en sécurité publique à l'Assemblée nationale.

Pascal Bérubé croit toutefois qu'il sera difficile d'obtenir des réponses, outre le fait de savoir s'il y a ou non encore une enquête en cours.

«Lorsqu'on essaie de poser des questions à l'UPAC, on nous prétexte son indépendance. Mais chaque année, je rappelle que l'UPAC relève du gouvernement du Québec, insiste-t-il.

«Le seul moment pour poser des questions, c'est à l'étude de crédit à l'Assemblée nationale, mais la réponse est toujours la même : ''pas de commentaires, il y a une enquête en cours ou non''.» - Pascal Bérubé

Révélations de Radio-Canada en 2014

En 2014, Radio-Canada avait obtenu des informations sur l'enquête Mâchurer.

L'émission Enquête révélait à l'époque que l'UPAC tentait de déterminer si l'ex-premier ministre Jean Charest avait participé à une opération de financement sectoriel avant d'être porté au pouvoir en 2003.

Le reportage d'Alain Gravel nous apprenait également que cette enquête de l'UPAC associait « directement Jean Charest à une opération de financement auprès d'un dirigeant de SCN-Lavalin ».

Le mystère Marc Bibeau

L’homme d’affaires Marc Bibeau était, dans les années 2000, un bénévole actif du Parti libéral et réputé proche de Jean Charest.

Son nom a été évoqué à maintes reprises devant la commission Charbonneau, où il a été présenté par plusieurs témoins comme le grand argentier du PLQ à l’époque où M. Charest était à la tête du parti.

En septembre 2014, l’ex-président de la firme de génie RSW, Georges Dick, affirmait devant les commissaires que Marc Bibeau l'avait sollicité, en 2002, pour contribuer à la caisse du parti s'il voulait garder sa part de marché à Hydro-Québec, une fois le PLQ au pouvoir.

«Il nous a expliqué qu'il s'occupait du financement auprès des entreprises, que bientôt le Parti libéral prendrait le pouvoir et que lui serait en position pour influencer l'octroi des contrats», a avait alors admis M. Dick.

Marc Bibeau n’a jamais témoigné à la commission Charbonneau. Il a été entendu à huis clos et s’est défendu publiquement par l’entremise de la firme d'avocats Davies Ward Phillips & Vineberg.

Dans une lettre envoyée à la commission en mai 2015, ses avocats ont qualifié le témoignage de Georges Dick d’ «incohérent et non crédible». Ils ont également réfuté les allégations faites à l’endroit de leur client.

«M. Bibeau a lui-même témoigné sous serment à l'effet qu'il sollicitait des chefs d'entreprise, et non des entreprises, et que cette sollicitation pouvait mener à l'envoi de plusieurs chèques provenant d'employés, amis, collègues et membres de la famille de ces individus, ajoutant qu'il ignorait l'identité des signataires des chèques».

Le président de la firme CIMA+, Kazimir Olechnowicz, a, à cet effet, admis devant la commission Charbonneau avoir remis pendant des années des dizaines de milliers de dollars à l'entrepreneur Marc Bibeau pour le PLQ. Il ajoutait alors que jamais M. Bibeau, un élu libéral ou un quelconque représentant du PLQ ne lui avait dit qu'il recevrait un avantage de quelque nature que ce soit en échange de ses contributions ou de celles de ses associés.

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