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Dispute sur le bois d'oeuvre : Québec s'active, Ottawa tarde à agir (VIDÉO)

Accorder ou ne pas accorder de garanties de prêts? Telle est la question.

OTTAWA – Alors que Québec débloque des fonds pour aider l’industrie du bois d’œuvre dans la province, Ottawa n’est pas prêt à dire si des sommes seront débloquées pour aider les producteurs dans l’ensemble du pays.

Lundi soir, le département américain du Commerce a confirmé que les États-Unis imposeraient des droits compensatoires de 20% en moyenne sur les exportations canadiennes. Ce chiffre risque de grimper, puisqu’une autre décision, sur les droits antidumping cette fois-ci, est attendue le 23 juin.

Québec a annoncé mardi qu’il déboursera jusqu’à 300 millions $ pour fournir des prêts et des garanties de prêts aux producteurs québécois pendant la dispute commerciale. Cette mesure permettra à quelque 200 entreprises forestières de souffler un peu.

La ministre de l'Économie du Québec, Dominique Anglade, annonce des mesures en soutien à l'industrie forestière le 25 avril 2017. (Photo: PC)

Du côté d’Ottawa, on reste plus prudent. Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, prévoit rencontrer le groupe de travail fédéral-provincial sur le bois d’œuvre résineux jeudi afin d’examiner des mesures supplémentaires.

Entretemps, les libéraux fédéraux affirment que les producteurs en difficulté peuvent se tourner vers les initiatives de financement déjà existantes dans le cadre de la Banque de développement du Canada et d’Exportation et développement Canada.

Cette déclaration a fait bondir Thomas Mulcair, le chef du NPD. « C’est ça qu’ils ont fait pendant 18 mois? Les libéraux, pendant 18 mois, n’ont rien fait d’autre que nous dire qu’ils avaient des programmes existants? » s’est-il indigné.

« Le gouvernement n’a rien préparé, et voilà qu’on est dans une situation d’urgence aujourd’hui, a-t-il déploré, en conférence de presse. La vraie question, c’est : comment ça se fait qu’ils n’ont rien vu arriver? »

En entrevue, le chef adjoint du Parti conservateur du Canada, Denis Lebel, a critiqué le manque de « leadership politique » du gouvernement Trudeau dans ce dossier, qui aura un effet sur bon nombre de régions au Québec.

« On sait qu’on a toujours gagné les causes devant les tribunaux, estime-t-il. Mais la période où on est en attente avec du questionnement, ce n’est pas aidant pour investir, améliorer la performance de l’industrie et aller vers de nouveaux produits. »

Marilène Gill, la porte-parole du Bloc québécois dans ce dossier, ne comprend pas pourquoi Ottawa met autant de temps à annoncer de l’aide financière, puisque l’industrie a déjà fait part de ses doléances.

« Je ne sais pas à quoi exactement [le fédéral] va réfléchir pour pouvoir venir en aide à l’industrie, mais j’espère que ce sera assez rapidement, dit-elle. Il faut qu’il donne un signe à l’industrie. »

Trouver d'autres marchés

Lors d'une conférence de presse, la ministre fédérale du Revenu, Diane Lebouthillier, n’a pas voulu s’avancer sur la possibilité de débloquer des sommes supplémentaires pour aider l’industrie forestière. Elle dit toutefois qu’il est impératif que le Canada vende ses produits ailleurs dans le monde, pour éviter de revivre le « jour de la marmotte ».

« Ça va être la seule façon de s’en sortir, a-t-elle dit. Il faut travailler à ouvrir sur d’autres marchés, parce qu’actuellement, notre marché majeur est vers les États-Unis. Quand on regarde les 30 dernières années, on a pas mal mis tous nos œufs dans le même panier et on se retrouve toujours dans la même situation. »

Le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, est en Chine, accompagné d’une délégation canadienne, pour faire la promotion du bois d’œuvre. Son collègue Jean-Yves Duclos est pour sa part au Royaume-Uni et en Europe pour promouvoir le bois canadien.

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, annonce des mesures «immédiates» pour aider l'industrie forestière. (Photo: PC)

Selon Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’Institut économique de Montréal (IEDM), le conflit sur le bois d’œuvre qui s’amorce est « d’autant plus inquiétant pour le marché québécois », comparativement aux provinces de l’ouest.

« Le marché de la Colombie-Britannique est près du marché asiatique, donc a une possibilité de trouver une alternative au marché américain, indique-t-il. Nous, on est un peu isolés. Il y a une plus grande partie de nos exportations qui est destinée au marché américain. Donc, ça va être difficile de trouver une alternative. »

«Pas une relation à sens unique »

Mardi, le premier ministre Justin Trudeau a mis en garde contre un « épaississement » de la frontière entre le Canada et les États-Unis, affirmant que l’économie entre les deux pays « n’est pas une relation à sens unique ».

« Il y a des millions de bons emplois américains qui dépendent d’une circulation fluide de biens, de services et de gens, a-t-il dit. Vous ne pouvez pas épaissir cette frontière sans nuire à des gens des deux côtés. »

Le premier ministre doit d’ailleurs s’entretenir avec ses homologues des provinces, mardi en fin d’après-midi.

Le conservateur Denis Lebel rappelle que les États-Unis ne sont pas « autosuffisants » pour la production de bois d’œuvre, puisqu’ils ont besoin d’importer environ 30% de leur consommation.

« Je ne comprends pas que ce gouvernement-là ne soit pas capable d’avoir l’argumentaire nécessaire pour convaincre les Américains que c’est aussi dans leur grand intérêt de garder avec nous les portes ouvertes et les frontières ouvertes. »

Avec des informations de La Presse Canadienne.

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