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La fièvre du hockey... dans l'Himalaya (VIDÉO)

La fièvre du hockey... dans l'Himalaya

Le hockey est une véritable religion au Ladakh, une région montagneuse à l'extrême nord de l'Inde, coincée entre le Pakistan et la Chine. On y trouve même des partisans du Canadien...

Un reportage de Thomas Gerbet, correspondant en Inde

« Le Canadien, c’est la meilleure équipe. C’est celle qui existe depuis le plus longtemps et elle a gagné 24 Coupes Stanley, c’est le record », dit Konchok, 21 ans. Avec son chandail du CH sur le dos, le jeune homme est bien renseigné.

Pourtant, en Inde, les matchs de la Ligue nationale ne sont pas diffusés à la télévision. Et dans les montagnes du nord du pays, l'Internet est trop lent pour regarder de longues vidéos. Les jeunes Ladakhis téléchargent de petits extraits sur leur téléphone et se les échangent autour des patinoires. Ici comme au Canada, le hockey est une religion.

Le Ladakh est un ancien royaume bouddhiste surnommé le « Petit Tibet ». Il abrite les plus hautes patinoires du monde. On y joue au hockey sur les lacs gelés à 3500 mètres d’altitude.

L'hiver, mis à part le hockey, il n'y a pas beaucoup de choses à faire au Ladakh. Le sport a été introduit dans cette région du Cachemire dans les années 70 par les militaires, toujours très nombreux à protéger cette zone montagneuse contestée, coincée entre l’Inde, la Chine et le Pakistan.

Les jeunes Ladhakis ont une dévotion à toute épreuve pour le hockey. La préparation de la glace leur prend beaucoup de temps. Ils utilisent des planches de bois et des caisses de plastique pour pousser la neige et finissent le travail avec des balais en paille. Ils se lèvent même la nuit pour arroser les patinoires. Certains sont en sandale par -15 degrés. D’autres n’ont qu’un seul gant ou des gants troués.

« Durant la période hivernale, ils ne vivent que pour le hockey et c’est vraiment impressionnant à voir, raconte Alexis Daudelin, entraîneur pour The Hockey Foundation, une ONG qui aide à développer le sport dans les pays pauvres. Les jeunes, dès leur réveil, ils enfilent leur équipement, des patins jusqu’aux épaulettes. À 7 h du matin, ils sont prêts à aller sur la patinoire tout habillés. »

The Hockey Foundation organise des camps d'entraînements dans des villages reculés et apporte de l'équipement de seconde main du Canada. « Le hockey a changé des vies au Ladakh », affirme Alexis Daudelin. Les écoles remarquent que les jeunes décrochent moins, car ils veulent venir jouer au hockey organisé.

Les filles sont aussi de plus en plus nombreuses à jouer et ça renforce leur confiance en elles. « Ça a vraiment servi de tremplin pour les femmes afin d'enclencher un changement dans leurs rôles traditionnels que sont l'entretien de la maison, s'occuper des enfants et travailler dans les champs. », dit le Montréalais.

Dechen, une joueuse de 24 ans, en témoigne. « Il y a encore de la discrimination envers les femmes. Au hockey, avec les autres filles, on peut se serrer les coudes. Et quand des garçons nous discriminent, on peut leur demander pourquoi ils font ça. »

Le hockey au Ladakh n'échappe pas au défi du réchauffement climatique. « J’ai remarqué beaucoup de changements », dit Konchok, le partisan du Canadien.

«Quand j’étais plus jeune, on avait de la glace pendant trois mois. Mais maintenant, on ne peut jouer qu’à peine deux mois, alors ça me fait mal au coeur.»

— Konchok

« La prochaine étape c’est la construction d’un amphithéâtre fermé et réfrigéré, ajoute Alexis Daudelin. Malheureusement, on voit beaucoup trop de corruption dans le pays et les fonds ont de la difficulté à se rendre dans les bonnes mains. C’est pour ça que l’amphithéâtre, il est à moitié construit pour l’instant. »

Il n’existe aucune patinoire aux normes disponible pour s’entraîner en Inde. La toute nouvelle équipe nationale féminine, créée en 2016, dont fait partie Dechen, doit faire sans. Mais avec la volonté, tout est possible...

Le mois dernier, l’équipe a remporté son tout premier match international, 4 à 3 contre les Philippines, lors d'un tournoi asiatique en Thaïlande. Et l’entraîneur n’était nul autre qu’Alexis, le Montréalais.

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