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Il y a 50 ans, Kathrine Switzer courait le marathon de Boston. Elle l'a refait lundi.

Il y a 50 ans, elle courait le marathon de Boston. Elle l'a refait lundi.

Il y a tout juste un demi-siècle, Kathrine Switzer courait pour assurer aux femmes le droit de courir. Dans des conditions difficiles, l'Américaine devenait la première femme à porter un dossard à prendre part au marathon de Boston. Elle s'était enregistrée avec ses initiales, sans dévoiler qu'elle était une femme. Ce lundi 17 avril, la marathonienne de légende, aujourd'hui âgée de 70 ans, a renfilé le dossard pour la 121e édition de la célèbre course.

19 avril 1967, Kathrine Switzer est une jeune étudiante en journalisme à l'Université de Syracuse. Du haut de ses 20 ans, elle s'inscrit sur la liste des participants au marathon sous l'identifiant "K. V. Switzer", plusieurs années avant que les femmes ne soient officiellement autorisées à concourir. L'année d'avant, Roberta Gibbs était devenue la première femme à courir ce marathon, sans s'être enregistrée.

Kathrine Switzer (à gauche) au marathon de Boston 2017
Capture Twitter @B3infos
Kathrine Switzer (à gauche) au marathon de Boston 2017

L'histoire aurait pu en rester là si une série d'images, capturées durant la course par Harry Trask, photographe du Boston Traveler (lauréat du Prix Pulitzer en 1957), n'avait pas donné une toute autre tournure à l'acte de bravoure de la jeune femme, qui raconte sur son site :

"Instinctivement, j'ai tourné la tête et je me suis retrouvée nez-à-nez avec le visage le plus vicieux que j'ai jamais vu. Un homme grand, énorme, édenté, était résolu à bondir, et avant que je puisse réagir, il a attrapé mon épaule et m'a tirée en arrière, criant: 'dégage de ma course et rends-moi ce numéro'", se souvient Kathrine Switzer

Cet homme, c'est Jock Semple, un des organisateurs de l'événement, qui refuse de voir une femme courir les 42,195 kilomètres.

En 1967, au marathon de Boston, un organisateur de la course tente d'arrêter Kathrine Switzer.
Capture @B3infos
En 1967, au marathon de Boston, un organisateur de la course tente d'arrêter Kathrine Switzer.

Défendue par son compagnon Tom Miller et son entraîneur, Arnie Briggs, Kathrine poursuit sa course qu'elle terminera en environ 4 heures et 20 minutes.

"Ce moment a changé ma vie, avoue-t-elle à Vanity Fair. J'ai baissé les yeux et j'ai essayé de me concentrer sur ma course. Je me suis répétée que je devais finir la course, peu importe le temps ou mon état physique. Autrement personne ne croira qu'une femme en est capable. C'est en ceci que c'est devenu un acte politique. Avec le recul, je me demande comment j'ai pu avoir le courage de prendre cette décision à seulement 20 ans".

Lors du marathon de 1967, l'entraîneur et le compagnon de Kathrine Switzer prennent sa défense pour qu'elle puisse terminer sa course.
Capture Twitter @B3infos
Lors du marathon de 1967, l'entraîneur et le compagnon de Kathrine Switzer prennent sa défense pour qu'elle puisse terminer sa course.

À une époque où certains avancent que l'effort pourrait faire tomber l'utérus, grossir les jambes de façon monstrueuse ou faire pousser des poils sur la poitrine des femmes, la jeune affranchie va ainsi devenir une véritable icône.

Dès que j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'ai su que ça allait être le combat de ma vie", explique Kathrine Switzer dans le film "Free to run". Il faudra néanmoins attendre 1972 pour que les organisateurs du marathon de Boston acceptent officiellement les femmes. Militante pour la cause des femmes dans le monde sportif, Kathrine Switzer est inscrite, en 2011, au National Women's Hall of Fame."J'ai compris qu'il ne fallait pas enfoncer des portes, mais contourner les obstacles", résume-t-elle.

50 ans après, Kathrine Switzer a pris le départ lundi avec le même numéro que dans ses jeunes années, le 261. Un quarantième marathon (le neuvième à Boston) qu'elle a terminé au bout en 4 heures 44 minutes et 31 secondes.

Regardez-la recevoir sa médaille sur la ligne d'arrivée :

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