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«L'Amérique d'abord» guidera l'attribution de visas aux travailleurs qualifiés étrangers

Nouveau décret de Trump sur les travailleurs étrangers
Reuters/Carlos Barria

Donald Trump signera aujourd'hui un décret modifiant le programme de visas qui permet aux travailleurs étrangers hautement qualifiés de travailler aux États-Unis. Ce programme, qui a pour objectif de favoriser la venue de candidats de haut calibre, constituerait plutôt une passerelle pour des travailleurs peu qualifiés, avance la Maison-Blanche.

Le président américain prévoit signer son nouveau décret plus tard dans la journée, à l’occasion d’une visite au siège social d’un manufacturier important de la ville de Kenosha, au Wisconsin, plutôt qu’à la Maison-Blanche, selon des responsables ayant requis l’anonymat.

Le décret en question, intitulé « Buy American and Hire American » (Achetez américain et embauchez américain), s’inscrit dans le cadre plus large du plan « America First » (l’Amérique d'abord) promu par Donald Trump lors de sa campagne et présenté au Congrès le mois dernier.

En vertu de ce plan, la nouvelle administration veut notamment favoriser la création d’emplois pour les Américains au moyen d’investissements massifs dans les infrastructures et dans certains secteurs d’activités comme l’industrie automobile, tout en mettant en place des réformes aux accents protectionnistes.

Les responsables précisent que ce nouveau décret, en plus de mettre de l'avant des politiques pour favoriser l'achat de biens américains, exigera que les départements de la Sécurité intérieure, du Travail, de la Justice et d’État proposent de nouvelles règles pour mieux encadrer l’attribution des visas de type H-1B, qui concernent les travailleurs qualifiés.

Ces visas sont destinés aux ressortissants étrangers qui travaillent dans des domaines « spécialisés » nécessitant un plus haut niveau d’éducation, comme les ingénieurs, les scientifiques et les programmeurs informatique.

Un système contesté

L’attribution des visas H-1B repose en partie sur un système de loterie administré par le gouvernement. Environ 85 000 visas sont ainsi octroyés annuellement et la plupart d’entre eux sont empochés par des ressortissants indiens.

Des entreprises comme Facebook, Apple et Microsoft, notamment, utilisent ces visas pour attirer des candidats de haut calibre.

En 2016, chez Facebook, environ 15 % des employés étaient détenteurs de ces permis de travail.

Or, des critiques soutiennent que plus souvent qu'autrement, ce système entraîne plutôt l'embauche d'une main-d'oeuvre peu qualifiée et bon marché et qu'il profite à des entreprises qui font de la sous-traitance.

Ces dernières surchargent le système de loterie en envoyant des candidatures en grande quantité et finissent par obtenir la majorité des visas offerts.

Elles emploient ensuite les candidats sélectionnés dans des secteurs qui demandent peu d'aptitudes, violant ainsi le principe à la base même du programme d'octroi de visa.

Dans d'autres cas de dérives rapportés, des employeurs comme Walt Disney World et l’Université de la Californie à San Francisco ont renvoyé certains de leurs employés du secteur informatique pour les remplacer par des détenteurs de visas H-1B, qui acceptent des salaires moins élevés pour les mêmes tâches.

L’administration Trump cherche donc à réduire ce qu’elle qualifie de « fraude et d’abus dans le système d’immigration » et à « protéger les travailleurs américains », actuellement désavantagés par rapport aux travailleurs étrangers.

Donald Trump, qui s’était initialement prononcé en faveur des visas H-1B au début sa campagne, considère maintenant qu’il s’agit d’une mesure « injuste et très mauvaise pour les travailleurs » et souhaite que le programme revienne à son objectif initial : « donner des visas aux postulants les plus diplômés sur les postes les mieux payés ».

Et dans son premier discours devant le Congrès américain, en mars dernier, le président a réitéré que les États-Unis devaient miser sur un système d'immigration « basé sur le mérite », citant le Canada et l'Australie comme des exemples.

Le décret à lui seul ne peut pas permettre de modifier le nombre visas octroyés pour l’instant, mais la Maison-Blanche espère qu’il agira à titre d’incitatif pour lancer une réforme législative.

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