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Les appareils de loterie vidéo trop attrayants?

Les appareils de loterie vidéo trop attrayants?
Radio-Canada

Les appareils de loterie vidéo (ALV) sont spécialement conçus pour garder les joueurs captifs devant l'écran. Pour contrer les problèmes de jeu compulsif, la titulaire d'une chaire de recherche sur l'étude du jeu, Sylvia Kairouz, soutient que ces machines devraient être reprogrammées pour les empêcher de créer une dépendance.

Un texte de Jonathan Lavoie

Au cours des derniers mois, Sylvia Kairouz a organisé plusieurs séances de discussions autour du documentaire australien L'algorithme de l'addiction: un regard sur l'univers des machines à sous. La plus récente table ronde a d'ailleurs eu lieu à l'Université Laval.

« La beauté du documentaire, c'est que pour un chercheur c'est fascinant, mais pour le commun des mortels, c'est très accessible, ce n'est pas un langage hermétique », explique-t-elle.

Le réalisateur du film note qu'en Australie, les machines de vidéopoker sont cinq fois plus nombreuses qu'aux États-Unis et que les Australiens y engouffrent 12 milliards de dollars par année.

Selon le documentaire, la conception de ces machines, plus que la prédisposition des joueurs à la dépendance, est en grande partie responsable des problèmes de jeu pathologique.

Sylvia Kairouz indique que les appareils de loterie vidéo du Québec sont en tous points semblables à ceux de l'Australie au point de vue de la conception. « On programme la machine pour donner l'impression qu'on est très proche du gain, et ça, ça incite à rejouer continuellement », déplore celle qui est aussi professeure au département de sociologie de l'Université Concordia.

«Ça pousse les gens à s'accrocher, à devenir encore plus accroc et rester devant l'écran.»

— Sylvia Kairouz, titulaire de la chaire de recherche sur l'étude du jeu à l'Université Concordia

Elle suggère donc que les ALV soient modifiés pour les rendre moins attrayants.

« Il y a définitivement des choses à changer dans la programmation de la machine, soutient-elle. À quelle fréquence on donne une série gagnante, ça on peut le changer. Au lieu que ce soit 1800 par heure, on peut baisser ça à une fréquence moins grande afin de rendre la machine un peu moins stimulante pour le joueur. »

L'exemple de la Norvège

Évidemment, un tel changement ne se ferait pas à coût nul pour le gouvernement du Québec. En 2015, Loto-Québec a récolté 888 millions de dollars grâce aux quelque 11 000 ALV installés dans les bars.

Sylvia Kairouz souligne qu'en Norvège, le gouvernement a récemment retiré toutes les machines de loterie vidéo pour les reprogrammer et les réintroduire « avec des configurations mois addictogènes, qui donnent moins de stimulation et de renforcement. »

En revanche, le gouvernement s'attendait à ce que les revenus tirés des jeux de hasard et d'argent baissent de 80 %. Selon Sylvia Kairouz, c'est le prix à payer pour réduire les risques liés au ALV.

« Le but premier, c'est fondamentalement pour baisser la prévalence des joueurs problématiques dans la population. »

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