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Voici ce qui se passe dans les intestins d'un marathonien

Voici ce qui se passe dans les intestins d'un marathonien
SAO PAULO, BRAZIL - APRIL 09: Elite runners take part in the 23rd International Marathon of Sao Paulo on April 09, 2017 in Sao Paulo, Brazil. (Photo by Levi Bianco/Brazil Photo Press/LatinContent/Getty Images)
Brazil Photo Press/CON via Getty Images
SAO PAULO, BRAZIL - APRIL 09: Elite runners take part in the 23rd International Marathon of Sao Paulo on April 09, 2017 in Sao Paulo, Brazil. (Photo by Levi Bianco/Brazil Photo Press/LatinContent/Getty Images)

Les tétons qui saignent, les ongles des pieds qui tombent. Sur les forums où les coureurs partagent leurs expériences autour du marathon, certaines anecdotes sont franchement effrayantes.

Tous les coureurs savent qu'il existe un danger encore plus grand qui frappe, malgré la préparation et le mental et contre lequel il est difficile d'avancer: les problèmes intestinaux. L'image de Yohann Diniz, le champion français de marche sportive pendant les Jeux Olympiques de Rio qui avait connu diarrhée, saignements et malaise sur le 50km marche, avait marqué.

Notre appareil digestif n'est pas le meilleur allié du marcheur ni du coureur. Une étude scientifique menée en 1988 au cours d'un marathon dans l'Etat de Oregon a suivi ses 707 participants. Un tiers des coureurs ont ressenti le besoin urgent de déféquer pendant ou après la course, les scientifiques appellent cela "l'urgence fécale". Des cas de diarrhée ont concerné 19% des participants. Dans les courses de 10km, 30% des coureurs ressentent ce type de symptômes (crampes, flatulences, maux de ventre, défécation).

Tous les coureurs ne sont donc pas égaux face à ce type de problèmes. Pour mettre toutes les chances de son côté, un médecin du sport, Jean-Jacques Menuet, interrogé sur L'Équipe préconise d'éviter trois jours avant le départ "les crudités, fruits crus, légumes secs ou autres fibres". Le jour même, il faut prévoir trois heures entre le dernier repas et le début de la course pour pouvoir la commencer sereinement et boire régulièrement des petites quantités d'eau.

Malgré la fréquence de ces troubles, la science s'est relativement peu intéressée aux causes de ce problème. Plusieurs explications sont toutefois avancées.

Des chocs répétés...

Comme l'expliquait Stéphane Diagana, ancien champion du monde d'athlétisme et consultant sur France 2 pour les Jeux de Rio, ce sont "les chocs répétés qui brassent énormément au niveau intestinal" qui sont souvent en cause. Selon Sophie Balzora, une gastroentérologue américaine interrogée par Buzzfeed, ces chocs provoquent "une perturbation mécanique" dans nos intestins. Et, qu'on se le dise, nos intestins n'aiment pas être ballottés aussi longtemps.

En courant, l'impact de nos pieds sur le sol se répercute sur tout le corps, les genoux par exemple et donc aussi notre estomac et nos intestins qui étaient à la manœuvre en train de digérer le repas précédent.

...qui entraînent des contractions

D'autres scientifiques assurent que notre corps, lorsque nous pratiquons ce genre d'activités sportives, produit une enzyme qui va accélérer la digestion en multipliant les contractions de notre intestins.

"Le fait de faire du sport stimule le péristaltisme, le nom scientifique donné à la série de contractions concentriques qui font bouger le produit de notre digestion dans nos intestins, explique la gastro-entérologue Robynne Chutkan interrogée sur le site américain Greatist. Pour certaines personnes, cela peut donner lieu à une envie pressante d'aller aux toilettes quand le contenu de notre dernier repas arrivent au rectum, autrement à la fin du chemin".

Entre la digestion et les jambes, il faut choisir

Il faut dire aussi que la digestion de nos repas consomme beaucoup d'énergie et demande un afflux sanguin important. En cas d'effort physique long et intense, le corps doit faire des choix. En cas de besoin, le flux sanguin va être redirigé vers les muscles les plus sollicités, ceux des jambes entre autres, au détriment de notre intestin.

Celui-ci doit alors mettre entre parenthèses sa digestion. Lorsque cela arrive, l'intestin ne peut rien faire d'autre que de laisser se développer certaines bactéries dont il contrôle la quantité d'ordinaire. Cette trop grande présence a des conséquences directes sur le fait de développer la fameuse "urgence fécale".

Notre intestin supporte généralement sans problème un afflux sanguin moindre pendant quelques heures. Mais cela peut aussi entraîner un manque d'oxygène dans l'intestin et la formation de petites lésions. Celles-ci peuvent donner lieux à des saignements.

Trop stressé pour votre course? Cela n'arrange rien

À tout cela vient s'ajouter aussi le stress qui n'arrange rien aux problèmes intestinaux. Sans parler de prophéties auto-réalisatrices, si vous craignez une urgence fécale, vous augmentez vos chances d'en avoir une.

De même, une alimentation peu adaptée à l'effort que le corps va devoir fournir (des boissons trop froides, des aliments difficiles à digérer par exemple), ainsi que la prise de certains médicaments peut accentuer le risque.

Du calme, une bonne préparation, voilà comment mettre toutes les chances de son côté.

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