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«Harold et Maude»: à 87 ans, Béatrice Picard joue le rôle de ses rêves! (ENTREVUE)

«Harold et Maude»: Béatrice Picard joue le rôle de ses rêves!
Courtoisie

Il a 19 ans, elle en aura bientôt 90. Il n’a pas encore appris à goûter aux douces saveurs de la vie, alors qu’elle a consacré la sienne à les déguster, avec une énergie contagieuse, un esprit libre et un je-m’en-foutisme des conventions sociales. Très vite, le jeune Harold tombera sous le charme de Maude, cette octogénaire pas comme les autres. Un peu comme Béatrice Picard a eu un coup de foudre pour le personnage, quand elle a vu le film réalisé par Hal Ashby en 1971.

Vous souvenez-vous de vos impressions quand vous avez vu Harold et Maude la première fois?

C’était il y a longtemps de cela. J’avais été marquée par la relation atypique entre cette vieille personne et ce garçon. Je ne voyais pas juste une histoire d’amour, mais une complicité entre deux êtres jeunes de cœur. Et maintenant que je vais jouer Maude, c’est ce sentiment que je veux mettre de l’avant. Quand elle parle au jeune homme, elle n’a aucune idée qu’elle va l’attirer. Elle vit seule et elle a besoin de communiquer, peu importe qu’ils soient jeunes ou vieux. Mais son entourage ne lui donne pas tellement d’attention, sauf ce jeune homme. Harold est intrigué par Maude et il s’impose dans sa vie sans s’en rendre compte. Il s’imagine qu’il l’aime, mais je crois qu’il tombe plutôt en amour avec l’amour.

À quel moment avez-vous rêvé de jouer Maude?

Quand j’ai pris un certain âge… Je me disais que Maude, c’était moi, à ma manière. J’aime son énergie et ce qu’elle dégage. J’ai tellement joué souvent des rôles de composition de femmes plus difficiles avec un caractère mauvais. J’avais envie de me glisser dans la peau de cette femme qui partage sa joie de vivre, sa combativité, son envie de découvrir chaque jour et sa résilience.

Pourquoi cette femme de presque 90 ans est si affranchie et si forte?

Probablement parce qu’elle a connu le camp concentration, où elle a souffert beaucoup et où elle a vu mourir une grande amie. Elle a aussi vu le mur de Berlin, qui la séparait de son mari. Et elle allait dans les manifestations dans les années 60 pour défendre la liberté et ses idéaux. C’était une battante. Mais à un moment donné, elle considère qu’elle a vécu ce qu’elle avait à vivre. Elle est heureuse de sa vie, mais elle en a assez. C’est pour cette raison qu’elle prévoit son suicide.

Harold et Maude sont tous les deux fascinés par la mort à leur façon, mais ils ont tout de même des tempéraments très différents. Qu’est-ce qui fait que la magie prend entre eux?

Les contrastes s’attirent. Maude est intriguée par ce jeune homme qui voit tout en noir et qui a toutes les possibilités, mais qui ne s’en sert pas. Elle veut lui montrer des affaires. Lui, il joue le jeu, alors que les autres la rejettent. Pour Maude, Harold est comme une fleur qui s’ouvre et qui s’épanouit. Elle ne peut pas supporter l’idée de vivre en attendant que le temps passe. Au lieu de rester assis dans les gradins à regarder le match, il faut jouer et vivre, même si ça peut faire mal.

Afin de bien rendre leur rencontre particulière, il fallait un partenaire de jeu bien spécial. Vous aviez déjà joué avec Sébastien René dans Peter & Alice. Qu’est-ce qui fait qu’il est le bon comédien pour jouer avec vous?

Autant il était pétillant et exubérant dans Peter & Alice, autant il est renfermé en jouant Harold. Sébastien est un excellent acteur, qui travaille très fort. Comme on a déjà joué ensemble, il y a une espèce de chimie qui s’installe entre nous. On s’entend bien. Comme les personnages. Ce n’est pas le côté charnel qui s’impose entre eux, mais une relation pleine d’humanité.

À bientôt 88 ans, comment vivez-vous le fait d’être encore en santé et de pouvoir jouer un si grand rôle?

J’espère pouvoir continuer encore longtemps, tant que j’aurai la santé pour le faire. Je ne veux pas faire comme Maude et penser au suicide. Je vis aujourd’hui comme si je ne mourrai jamais!

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