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Malgré la tourmente, Bombardier persiste et signe

Malgré la tourmente, Bombardier persiste et signe

Après l'annonce du président du conseil d'administration de Bombardier, Pierre Beaudoin, de renoncer à l'augmentation de 37 % de sa rémunération pour 2016, Bombardier a publié samedi une ouverte dans laquelle l'entreprise défend ses politiques de rémunération.

Dans la lettre, Jean C. Monty, président du comité des ressources humaines et de la rémunération de Bombardier, justifie les hausses de salaire consenties aux dirigeants par la nécessité « d’attirer et de retenir » des candidats de calibre international qui permettent à l’entreprise de demeurer compétitive sur les marchés mondiaux.

« Nous comparons la structure de rémunération de notre haute direction à celle d'autres entreprises publiques de taille et d'envergure similaires; les entreprises avec lesquelles nous nous battons pour les meilleurs talents. » - Jean C. Monty, président du comité des ressources humaines et de la rémunération de Bombardier

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Il a déploré une « absence de contexte » dans les médias relativement à l’annonce des hausses de salaire. Jean C. Monty explique que le versement de plus de la moitié des 32 millions de dollars octroyés aux six plus hauts dirigeants – est conditionnel à l’amélioration des performances de l’entreprise au cours des trois prochaines années.

« Si l'entreprise n'obtient pas de bons résultats, si le cours de ses actions n'augmente pas, si elle ne crée pas de valeur pour ses actionnaires, cette rémunération ne sera jamais versée aux hauts dirigeants. » - Jean C. Monty, président du Comité des ressources humaines et de la rémunération de Bombardier

« À titre de président du comité de rémunération de Bombardier, je suis convaincu que nos pratiques de rémunération sont saines et qu'elles reflètent notre besoin d'attirer et de retenir les meilleurs talents d'ici et du monde entier », ajoute-t-il.

Le président du comité des ressources humaines revient également sur les faits d’armes de Bombardier au cours de la dernière année en évoquant notamment la certification des deux modèles d'avion C Series et les importantes transactions conclues avec Delta et Air Canada.

Mettant de côté le fait que l’entreprise a frôlé la faillite en 2015 et qu’elle a bénéficié d’une aide publique de près de trois milliards de dollars de la part du gouvernement fédéral, Jean C. Monty soutient que les récentes réalisations de Bombardier l’ont mis en bonne posture pour « générer des résultats solides et durables pour l'avenir ».

« Un problème beaucoup plus large »

Si le président du conseil d'administration de Bombardier a annoncé publiquement qu’il renonçait à son augmentation, ses cinq collègues sont demeurés silencieux sur leurs intentions.

Éric Pineault, professeur au département de sociologie de l’UQAM, considère que le geste de Pierre Beaudoin était « était absolument nécessaire », mais que le problème demeure beaucoup plus large.

Le professeur estime que les autres hauts dirigeants de l’entreprise devraient également renoncer à une partie de leur augmentation « compte tenu de l’importance de l’aide publique dans le sauvetage de la situation ».

« […] C’est une entreprise privée, oui, les règles sont différentes, mais en fait cette entreprise privée-là ne pourrait pas exercer les activités qu’elle exerce aujourd’hui si elle n’avait pas obtenu de l’aide en 2015-2016. » - Éric Pineault, professeur au département de sociologie de l’UQAM

Et il croit que Bombardier devrait carrément s’engager à revoir ses politiques de rémunération.

Éric Pineault montre aussi du doigt les agissements des gouvernements Trudeau et Couillard ainsi que de la Caisse de dépôt et placements du Québec dans le dossier.

« Il n’y a pas de conditionnalité qui a été mise à l’octroi de subvention et de prêts à Bombardier et là aussi je pense qu’il y a une réflexion à entamer », soutient-il.

« Quand on a aidé le secteur automobile, même aux États-Unis quand on aidé le secteur bancaire, une des premières mesures que ces différents gouvernements ont prises a été de mettre des plafonds sur les rémunérations », rappelle le professeur.

Pour Éric Pineault la situation actuelle entraîne une crise de confiance au sein de la population quant aux capacités de l’entreprise, mais également à l’égard des compétences de la direction.

« Soit on a une entreprise très déconnectée ou soit on a une entreprise qui est incapable – et moi je penche plutôt pour le deuxième cas – qui a des problèmes organisationnels profonds parce qu’elle est incapable de prévoir et de développer une stratégie de gestion d’une crise de l’opinion publique qui était évidente […] ça c’est juste gérer l’opinion publique et on demande à cette entreprise-là de gérer sa restructuration. On peut se poser des questions », conclut-il.

Manifestation dimanche

Une manifestation est organisée dimanche à 11 h 30 devant le siège social de Bombardier à Montréal, situé sur le boulevard René-Lévesque Ouest.

L'un des organisateurs, Étienne Diotte, invite les citoyens indignés comme lui à venir faire connaître leur frustration de manière pacifique.

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