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Entrée à l'hôpital avec un mal de gorge, elle en sort amputée d'un bras et des deux jambes

Entrée à l'hôpital avec un mal de gorge, elle en sort amputée d'un bras et des deux jambes

Une Winnipégoise qui croyait souffrir d'une grippe s'est vue amputée des deux jambes et du bras droit quand il s'est avéré qu'elle souffrait d'une infection de streptocoque de type A, aussi connue sous le nom de bactérie mangeuse de chair.

Un texte de Catherine Logan

Cari Kirkness dit que l’infection s’est manifestée de façon assez normale : « J’avais mal à la gorge, mal aux oreilles, un mal de tête et des douleurs musculaires. »

Toutefois, après trois jours, une drôle d’ecchymose est apparue sur son bras. La femme a donc décidé de se présenter à une clinique de soins rapides, où un médecin a fait un prélèvement bactérien au niveau de la gorge, tout en lui disant de « prendre son mal en patience », raconte-t-elle.

« J’avais d’immenses tâches rouges et bordeaux tout le long de mon bras. Et la douleur s’est vraiment empirée dans la nuit », se souvient-elle.

Le lendemain, la mère de Cari Kirkness a accompagné sa fille aux urgences de l’hôpital Victoria, où elles ont attendu six heures avant de voir un médecin. La femme de 28 ans souffrait de douleurs atroces au niveau de son bras empourpré, soit un des principaux symptômes d’une infection aux bactéries mangeuses de chair.

Quand Mme Kirkness a finalement vu un médecin, ce dernier lui a donné un diagnostic d'« infection envahissante par le streptocoque du groupe A fasciite nécrosante », soit la maladie de la bactérie mangeuse de chair, et a ordonné que la patiente soit transférée à un hôpital plus en mesure de traiter ce genre d’infection dangereuse.

D'urgence en urgence

Arrivée au Centre des sciences de la santé, la mère de deux enfants a été accueillie par une douzaine de professionnels qui l’ont transportée précipitamment dans un endroit clos pour évaluer la santé de Mme Kirkness ainsi que l’état de progression de l’infection.

Les médecins ont jugé qu’une chirurgie d’urgence serait la meilleure solution. Pendant l’opération, les chirurgiens ont amputé le bras droit de Cari Kirkness, ainsi que la partie inférieure de sa jambe gauche, où couvait également l’infection et où les bactéries commençaient déjà à proliférer.

Après l’intervention chirurgicale, plusieurs de ses organes ont fait défaillance, et elle a été placée sous assistance respiratoire.

«C’était tellement horrible de voir ma maman. Elle avait un visage très rond et enflé.» - Chaz Kirkness, 11 ans, fils de Cari

Durant l’opération, des membres de la famille et d’autres proches sont arrivés de The Pas, une communauté située à 550 km au nord-ouest de la capitale manitobaine, pour veiller et apporter un soutien à la matriarche de la famille, Loretta Kirkness, et aux deux fils de Cari.

«Les médecins nous ont dit qu’ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle passe la nuit.» - Loretta Kirkness, mère de Cari Kirkness

La jeune mère a réussi à passer la nuit et était toujours branchée sur un respirateur le lendemain quand les médecins ont remarqué des signes de l’infection dans sa jambe droite.

Loretta Kirkness raconte que les médecins lui ont demandé si elle voulait qu’ils amputent l’autre jambe de sa fille, ou si la famille voulait tout simplement « la laisser partir ».

« C’était facile comme bonjour. Nous lui avons dit "non, amputez la jambe, nous choisissons la vie. Nous ne voulons pas qu’elle nous quitte" », affirme-t-elle.

Un mois après l'opération, Cari Kirkness espère bientôt quitter l’hôpital et être placée dans un centre de réadaptation, où elle pourra renforcer les muscles de son cou et du bras qu’il lui reste.

Après des semaines au lit, les muscles du cou de la jeune mère sont si affaiblis qu’ils ne sont pas en mesure de supporter le poids de sa tête.

Toutefois, rehaussée par des oreillers, elle rit de bon coeur et attribue son rétablissement à sa famille – notamment à ses deux fils. « Je ne suis pas fâchée. Je suis toujours avec mes bébés. Et j’ai encore un bras pour les embrasser, leur donner des câlins. Parce que les enfants, ils ont besoin de ça, des câlins de leur maman », conclut-elle.

Les streptocoques : bactéries difficiles à dépister

L’angine streptococcique et la fasciite nécrosante sont toutes deux causées par une bactérie streptocoque du groupe A. D’autres souches de ce groupe de bactéries sont responsables d’autres maladies, dont la scarlatine, l’impétigo, le syndrome du choc toxique et des infections du coeur.

« En fait, c’est la souche qui déterminera le genre d’infection que la bactérie streptocoque A incitera », explique le docteur John Embil, directeur médical du service de contrôle et de prévention des infections au Centre des services de santé de Winnipeg.

«Le problème, c’est qu’il est impossible de dépister la souche avant que l’infection n’ait eu la chance de couver et de se propager chez le patient.» - John Embil, directeur médical

De 90 à 200 cas de fasciite nécrosante sont rapportés chaque année au Canada, dont 12 à 20 sont au Manitoba, note le Dr Embil, et environ 30 % des cas sont fatals.

Avec des informations de Pierre-Gabriel Turgeon, Laura Glowacki et Jillian Taylor (CBC News)

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