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Islamophobie: le dialogue de sourds se poursuit à Ottawa

Tant les libéraux que les conservateurs sont restés campés sur leurs positions.

OTTAWA – Les partis politiques fédéraux sont restés inflexibles dans leurs arguments sur la motion 103 sur l’islamophobie, à deux jours du vote final à la Chambre des communes.

Tant les libéraux que les conservateurs sont restés campés sur leurs positions lors de la dernière heure de débat sur le sujet, mardi soir, ce qui laisse croire qu’il n’y aura pas l’unanimité pour adopter cette motion afin de « condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques ».

« Si cette Chambre n’adopte pas cette motion, elle affirme clairement que l’islamophobie et toute autre forme de discrimination religieuse ne constituent pas un problème au Canada », a prévenu Peter Schiefke, secrétaire parlementaire du premier ministre pour les dossiers jeunesse.

Selon l’élu libéral de Vaudreuil-Soulanges, l’ensemble des députés a le devoir de montrer l’exemple et de condamner les actes discriminatoires dont la communauté est victime. « Les yeux des jeunes sont tournés vers nous », a-t-il renchéri.

Garnett Genuis, un député conservateur de la Saskatchewan, a une fois de plus demandé aux libéraux d’amender la motion afin de fournir une définition claire de ce qu’est l’islamophobie. « C’est un problème qui aurait dû être facile à résoudre », a-t-il déploré.

Amendements refusés

La députée libérale Iqra Khalid, qui a présenté M-103, a toujours dit qu’elle refusait de changer le libellé de sa motion, sous prétexte que les changements allaient la « diluer ». Plusieurs élus ont pourtant laissé entendre qu’ils auraient aimé voir quelques modifications afin de définir le terme.

C’est cette attitude fermée qui alimente les frustrations de la population, qui a des inquiétudes légitimes sur M-103, estime Garnett Genuis.

« Quand ils refusent des amendements aujourd’hui, ils privilégient une fois de plus la petite politique au lieu de combattre l’intolérance. J’espère sincèrement que ce sera la dernière fois qu’ils font cela », a rétorqué le conservateur.

« En des termes simples et clairs, M-103 n’est pas une tentative d’introduire la charia. »

— Iqra Khalid

Iqra Khalid a déjà affirmé avoir été victime de harcèlement et d’avoir reçu des menaces en raison de sa motion. Mardi soir, elle a réaffirmé que M-103 n’est pas une loi et ne restreint en aucun cas la liberté d’expression.

« En des termes simples et clairs, M-103 n’est pas une tentative d’introduire la charia. Je fais le serment d’être la première à m’opposer à n’importe quelle motion ou loi qui aura un impact sur notre société multiculturelle et laïque. »

Si M-103 est adoptée jeudi, le Comité permanent du patrimoine canadien entreprendra des études pour tenter de trouver une approche pangouvernementale afin d’éliminer les formes de discriminations fondées sur le racisme et la religion.

Un débat malsain

Le député libéral de Hull-Aylmer, Greg Fergus, a déploré que ce débat ait pris des proportions démesurées dans les dernières semaines sur les ondes des « radios poubelles » ou par le biais de « sources médiatiques peu recommandables ».

« Je sais que certains vont être en désaccord, mais ces déclarations ont des conséquences », a-t-il fait valoir.

Garnett Genuis croit pour sa part que les libéraux sont responsables de leur propre malheur, puisqu’ils ont « failli » à travailler en collaboration avec les autres partis, ce qui a accentué les tensions dans la société canadienne.

« Je ne crois pas que cette motion est le résultat d’une conspiration secrète. Je crois que c’est juste de la politique cynique », a-t-il dit en conclusion.

Tous les partis voteront sur M-103 jeudi après-midi.

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