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Enquête sur des pratiques douteuses des banques

Enquête sur des pratiques douteuses des banques
Radio-Canada.ca

Des pratiques commerciales dans le secteur des services financiers feront l'objet d'une enquête par l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC), après des révélations de l'équipe de Go Public de CBC.

« Dans le cadre de l’examen de l’industrie annoncé aujourd’hui, nous examinerons les pratiques commerciales des institutions financières en ce qui a trait au consentement exprès et à la divulgation, y compris en cernant tout facteur pouvant contribuer à la non-conformité. Nous ferons enquête sur toute situation de non-conformité et ferons respecter la loi », est-il écrit dans un communiqué publié par l’ACFC mercredi.

« La commissaire de l’ACFC, Mme Lucie Tedesco, s’est dite préoccupée par des allégations récentes concernant la vente de produits et de services à des consommateurs par des institutions financières qui n’avaient pas obtenu leur consentement préalable », est-il également écrit.

L’examen débutera en avril.

Des pratiques de vente dénoncées

Des employés des cinq grandes banques canadiennes ont envoyé de nombreux courriels à l’équipe de l’émission Go Public racontant comment ils sont poussés à vendre des produits et des services financiers même si les clients n’en ont pas besoin, à les tromper et même à leur mentir pour arriver à atteindre leurs cibles de vente et à garder leurs emplois.

Cette vague de confession alimente les appels pour le lancement d’une enquête parlementaire, même si les banques disent agir dans l'intérêt de leurs clients.

Dans près de 1000 courriels, des employés de la Banque Royale, de la Banque de Montréal, de la Banque CIBC, de la Banque TD et de la Banque Scotia de partout au pays décrivent les pressions qu’ils subissent pour atteindre des cibles et disent que leur travail est surveillé toutes les semaines, tous les jours, voire dans certains cas, toutes les heures.

« Ils veulent qu'on atteigne nos cibles, peu importe la méthode », soutient un conseiller financier de la Banque Scotia.

CBC a accepté de taire l’identité des employés qui se sont confiés parce que ces derniers craignent pour leurs emplois présents et futurs.

Une employée de la Banque Royale de Thunder Bay, en Ontario, dit ce qu'elle doit faire, même quand les clients n’ont besoin de rien : « Nous devons proposer une meilleure carte de crédit Visa, augmenter leur limite de carte de crédit Visa ou leur faire ouvrir une ligne de crédit. »

« Ce n’est plus ce qui est important pour nos clients. La banque veut de plus en plus d’argent, et ça amène tout le monde à avoir des dettes. » - Une employée de la Banque Royale en Ontario

Un employé de CIBC raconte : « On attend de moi que je vende de façon persuasive des produits, spécialement Visa, que j’atteigne des cibles. Peu importe si ça nuit aux clients. »

Un ancien planificateur financier à la Banque de Montréal, qui a quitté son emploi il y a deux mois, relate être parti après avoir eu une crise de panique dans le bureau de sa gestionnaire. Celle-ci menaçait de nuire à sa carrière dans le domaine bancaire parce qu’il n’avait pas atteint les objectifs de vente.

Il soutient que sa gestionnaire lui a une fois conseillé de ne pas dire à ses clients qui voulaient investir 40 000 $ que les marchés étaient en baisse, parce que placer leur argent dans un certificat de placement garanti ne profiterait pas autant à la succursale.

Il allègue également qu’elle lui aurait dit de proposer de forts taux d’intérêt pour des hypothèques et des lignes de crédit sans aviser les clients qu’ils pouvaient négocier.

Certains employés confient qu'ils sont tellement stressés par les objectifs de vente qu’ils sont maintenant en congé de maladie. D’autres déclarent avoir tout simplement abandonné leur emploi.

Les banques déclinent les demandes d’entrevue

Go Public a demandé des entrevues avec les PDG des cinq grandes banques mises en cause, mais elles ont toutes refusé d'en donner.

Elles ont, à la place, envoyé des déclarations dans lesquelles elles affirment essentiellement qu'elles agissent dans l'intérêt de leurs clients et que les employés doivent suivre les codes de conduite.

Elles ne mentionnent pas les doléances des employés au sujet des tactiques de vente sous pression.

Une enquête est demandée

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de Finances, Alexandre Boulerice, demande maintenant une enquête parlementaire sur les pratiques de vente des banques au Canada.

« On s’attend à ce que les banques soient honnêtes avec leurs clients et maintenant, on apprend que ces employés vivent des pressions considérables pour vendre, vendre, vendre, pour gonfler les profits des banques, dit-il. C’est tellement cupide, c’est inacceptable », ajoute-t-il.

Avec les informations d'Erica Johnson, CBC

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