Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Canada Alpin a laissé le choix aux skieuses de porter plainte contre Bertrand Charest

Canada Alpin a laissé le choix aux skieuses de porter plainte contre Bertrand Charest

L'ancien directeur des programmes de Canada Alpin, Joze Sparovec, affirme que ce sont les parents qui ont craint de porter plainte contre Bertrand Charest, par souci de protéger la carrière de leurs filles. Il témoignait au procès de l'ex-entraîneur de ski alpin, accusé de crimes sexuels sur des adolescentes dans les années 1990.

Un texte de Geneviève Garon

Joze Sparovec a embauché Bertrand Charest pour entraîner l'équipe canadienne junior féminine de ski alpin en 1996. L'organisation voulait un entraîneur francophone, puisque plusieurs skieuses étaient québécoises.

L'ancien directeur des programmes de Canada Alpin n'a pas spécifié quelles vérifications avaient été faites à l'époque, ou encore si des rumeurs circulaient déjà au sujet de Bertrand Charest.

Le 19 février 1998, lors des Jeux olympiques de Nagano, Joze Sparovec raconte avoir reçu un appel du président de Canada Alpin, Patrick Laforge. « Il m'a dit qu'il y avait des allégations persistantes à l'effet que Bertrand Charest avait des inconduites sexuelles avec des filles. »

La réaction de Canada Alpin

Joze Sparovec affirme avoir eu le sentiment qu'il fallait « agir vite ». Le 26 février, il s'est rendu en France, où se trouvait l'équipe de skieuses pour une compétition.

«Tout le monde semblait en détresse, les filles étaient émotives.»

— Joze Sparovec, ancien directeur des programmes de Canada Alpin

Il dit avoir rencontré les athlètes une à la fois. Trois d'entre elles lui ont confié avoir eu des rapports sexuels avec Bertrand Charest.

La preuve était accablante, selon lui.

Il a donc rencontré l'entraîneur. « Comment peux-tu être en position de confiance et d'autorité et agir comme cela avec les filles? » lui aurait-il demandé.

Bertrand Charest aurait tenté de se justifier : « On habite ensemble, on est devenus très proches... » Mais, dans la tête de Joze Sparovec, la situation était inacceptable et il lui a dit de partir immédiatement.

Bertrand Charest aurait résisté, lui aurait dit qu'il voulait être là pour que les filles livrent de bonnes performances.

« Comment tu pourrais les aider quand tu ruines tout? » lui aurait répondu son patron.

Le départ de Bertrand Charest

À partir de ce moment, Bertrand Charest n'avait plus le droit de communiquer avec les athlètes. Peu après, l'organisation lui a conseillé de suivre une thérapie.

C'est le président de Canada Alpin, Patrick Laforge, qui aurait communiqué avec des parents pour les aviser.

Des conseillers juridiques auraient avisé l'organisation que c'était aux skieuses de décider si elles voulaient porter plainte.

C'est alors que des familles se seraient inquiétées qu'une dénonciation mette en péril la carrière sportive des athlètes.

Canada Alpin aurait envoyé un communiqué pour annoncer que Bertrand Charest n'était plus à son emploi. Officiellement, il a démissionné.

Une sportive aurait finalement porté plainte et Canada Alpin aurait offert sa collaboration à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais il n'y aurait pas eu de suite à l'enquête.

La défense n'a posé aucune question au témoin.

Une victime alléguée s'est sentie abandonnée par Canada Alpin

Dessin de cour de Bertrand Charest au banc des accusés.

Rappelons que lundi après-midi, une victime alléguée de Bertrand Charest a raconté qu'elle n'avait reçu aucun soutien de la part de Canada Alpin en 1998. Sa mère et elle se seraient fait dire de penser aux commanditaires, avant de porter plainte. La femme avait aussi été déçue que Canada Alpin laisse Bertrand Charest démissionner plutôt que de le mettre à la porte.

« Ils nous ont dit que son permis serait révoqué, mais ce n'était pas vrai », a-t-elle mentionné, déçue.

Deux victimes alléguées ont raconté avoir aperçu Bertrand Charest dans un boisé lors d'une compétition. On lui avait pourtant interdit, la veille, de communiquer avec les skieuses.

L'homme de 51 ans fait face à 57 chefs d'accusation de nature sexuelle à l'endroit de 12 victimes alléguées, entre 1992 et 1998.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.