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«Ma vie de Courgette»: un écorché vif au grand cœur

«Ma vie de Courgette»: un écorché vif au grand cœur
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Des petites marionnettes filmées image par image, l’excellent Ma vie de Courgette de Claude Barras a ravi critiques et public. En entrevue, le réalisateur suisse explique au Huffington Post Québec cette aventure qui l’aura mené jusqu’aux Oscars.

Claude Barras, assis dans une suite de l’hôtel InterContinental, à Paris, a apporté avec lui la miniature de Courgette, le tendre héros de son premier film d’animation, dans nos salles depuis vendredi. La grosse tête, les cheveux bleus et les gros yeux ronds, le personnage principal marque les esprits par son physique atypique.

«J’ai grandi avec les œuvres du Tchèque Jiří Trnka, grand maître de l’animation de l’Europe de l’Est, raconte le cinéaste. Les personnages que l’on peut voir dans Ma vie de Courgette doivent beaucoup à l’imaginaire esthétique de cet homme.»

Adapté du roman Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris, le film s’attarde sur un garçon de 10 ans, placé dans un orphelinat après la mort accidentelle de sa mère alcoolique. Malgré le sujet dramatique, le cinéaste n’a pas eu peur de proposer aux enfants un film à la fois bouleversant et poétique.

«Je voulais dire aux plus jeunes des choses que l’on n’a pas l’habitude d’aborder au cinéma. Les enfants se posent beaucoup de questions sur le monde. On essaie de les divertir alors qu’on aurait aussi intérêt à leur parler de la violence et de la sexualité. Et je crois que l’on peut le faire d’une manière qui donne de l’espoir.»

«Je pense que c’est très important que l’on parle aux enfants de la violence, précise-t-il. Aujourd’hui, la violence est partout, à la télé, dans la cour d’école ou ailleurs. J’ai essayé de la mettre en scène d’une manière drôle et subtile afin de casser la chaîne de la violence, de démontrer qu’elle est inutile.»

«Ma vie de Courgette» de Claude Barras

La recette de l’humour

Pendant que l’animation américaine est de plus en plus réaliste avec des histoires de plus en plus fantastiques, Claude Barras voulait faire tout le contraire en offrant un long métrage dont le récit réaliste s’exprime dans la pure fantaisie. «Je veux que l’on vive le récit du film à travers les yeux naïfs d’un enfant sans forcément mettre l’emphase sur le tragique. Du coup, j’ai utilisé l’humour et beaucoup d’émotion.»

Grand amoureux des films de Ken Loach et de Tim Burton, le réalisateur helvétique a d’abord enregistré les voix avant de commencer le tournage. «On a engagé des acteurs non professionnels à qui l’on a demandé de vivre le film plutôt que de l’interpréter. Ensuite, je suis passé à l’animatique avec la technique du stop motion, un processus long et fastueux, mais que j’aime beaucoup en raison de son côté créatif.»

Depuis sa présentation dans les plus prestigieux festivals de la planète, Ma vie de Courgette a connu tout un triomphe. De la Quinzaine des réalisateurs de Cannes au Festival d’Annecy (lauréat du Grand Prix et du Prix du public), l’œuvre a remporté deux Césars et une nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur long métrage d’animation. Reparti bredouille de Los Angeles, le réalisateur, qui savait que ses chances étaient minimes de remporter la statuette, avait quand même tenu à préparer un discours d’inclusion.

«Si j'avais gagné, cela aurait été l’occasion de défendre des valeurs. Aux États-Unis, c’est un constructeur de mur qui a pris le pouvoir. J’aurais aimé dire que ce film sert, au contraire, à abattre les barrières et à tendre la main», conclut-il.

Ma vie de Courgette – Film d’animation – Cinéma du Parc – 66 minutes – Sortie en salles le 3 mars 2017 – France.

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