Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le ski adapté: une autre façon d'avoir du plaisir en ski

Le ski adapté: une autre façon d'avoir du plaisir en ski
Christian Dumas

J’ai débuté sur les planches en très bas âge. Le ski a toujours été une passion pour moi et ma famille. Le fait d’habiter tout près d’une station a certainement aidé à préserver cette passion. Malheureusement au milieu des années 80, alors âgé de douze ans, une vilaine chute en ski dans le sable a presque mis un terme à ma carrière de skieur. À mon arrivée à l’hôpital, les médecins informent mes parents qu’il est fort possible que j’aie à subir l’amputation de la jambe gauche. Je croyais bien à cette époque que le ski était bel et bien terminé pour moi. Heureusement, suite à de nombreuses chirurgies et séances de réadaptation, une année plus tard, je retournais sur les pentes, craintif, mais toujours aussi passionné. Les années se succédèrent et le ski demeura au premier plan de mes activités hivernales.

Le déclic

Il y a maintenant près d’une dizaine d’années, alors que j’étais en ski, j’ai aperçu un drôle d’équipement. Ça ressemblait à un traineau à chien bizarre qui descendait les pentes! Intrigué, je regardais ces drôles de personnages dévaler les pentes dans une grâce sortie tout droit des plus grands films de danse. Le pilote et son engin ne faisant qu’un afin de procurer bonheur et sensations fortes à quelqu'un qu’il ne connait à peu près pas. Un genre de « donner au suivant » qui me touche droit au cœur. Après quelques saisons à les regarder faire, par une belle journée de 2009, je ne peux résister plus longtemps. Je leurs pose donc cette fameuse question qui changera ma vie de skieur: « Puis-je l’essayer? ». Certain! Me répondent-ils. C’est alors que j’apprends qu’ils sont justement à la recherche de nouveaux pilotes, et qu’ils se feraient un immense plaisir de m’enseigner les rudiments du pilotage du Tandemski. Je ressens alors un sentiment de bonheur, une chaleur qui m’envahit comme si je venais de découvrir le Saint-Graal du ski.

Je débute alors ma formation dans les semaines suivantes. Non sans difficultés, je persévère et à force de pratique, deux semaines plus tard, j’ai finalement l’autorisation d’avoir un « vrai » passager dans l’appareil. Ma conjointe devient alors mon « dummy ». Grâce à elle, j’effectue de nombreuses heures de pratique jusqu’au moment où mon formateur et moi-même jugeons que je suis prêt. Quelques paperasseries plus tard, je suis enfin accrédité au niveau de l’Association Canadienne des Skieurs Handicapés (CADS/ACSH). C’est finalement au début de 2010 que je peux piloter pour mes premiers clients. Dès lors, le ski adapté devient pour moi un portail où je peux transmettre ma passion tout en distribuant du bonheur à toutes ces personnes qui sans quoi, n’auraient pas accès aux plaisirs de la glisse hivernale!

Je découvre alors un monde de gens animés d’une détermination qui me rappelle mes propres efforts pour m’en sortir à mes douze ans. Des gens qui vivent des malheurs incommensurables mais qui sont tout de même souriants et qui rayonnent de bonheur. Des gens intelligents qui ont des histoires hors du commun et qui redéfinissent mes propres préoccupations. J’éprouve un immense plaisir à écouter leurs anecdotes, leurs hauts comme leurs bas m’aident à surmonter mes propres difficultés et embellissent mon petit monde. Tous ces gens qui hurlent de bonheur en descendant les pentes. Ces gens qui me poussent à atteindre et même surpasser mes propres limites de pilote. Tous ces gens qui me rappellent à quel point je fais une différence dans leur quotidien. Quel immense bonheur j’ai d’entendre qu’ils se sont procuré un casque, des lunettes et des vêtements chauds afin de pouvoir se qualifier eux même de skieurs. Je sais que je fais une différence et ça me fait du bien. C’est en fait une accumulation de sentiments qui se s’entrechoquent pour former une boule d’émotions difficile à retenir. D’ailleurs, tous ensemble avec mes amis pilotes, nous avons une petite phrase: « N’enlève pas tes lunettes! », derrière celles-ci, personne ne voit nos larmes qui sont tantôt de peine, tantôt de pure joie.

La ski adapté

L’importance de l’accessibilité

Un jour, en pleine discussion avec un client, que je prends connaissance de tout ce qui en coûte à certains pour venir me voir, de toute la logistique derrière leur arrivée à la station, je pense qu’il y a certainement une solution pour leur venir en aide et diminuer leur fardeau. En compagnie d’autres pilotes, je décide d’approcher quelques commerçants de la région trifluvienne afin d’offrir le service gratuitement. Ceux-ci sont plutôt timides au début mais nous réussissons tout de même à en convaincre quelques uns. C’est finalement l’année suivante, en 2012, que le service est offert gratuitement. Depuis ce temps, les clients n’ont plus à débourser pour avoir accès à nos services. De plus, au même moment, tous les pilotes décident d’offrir leur temps bénévolement, leur grand cœur étant encore mis à contribution. Même la station Vallée -du-Parc, où j’ai l’immense bonheur de pratiquer le ski adapté, emboite le pas en offrant gratuitement l’accès, non seulement aux clients, mais aussi à leurs accompagnateurs. Je suis aux anges, et tous les acteurs qui y participent le sont aussi.

Je crois qu’il est rare dans la vie d’avoir la chance de transmettre sa passion et d’avoir l’impression de retirer plus que ce que ça nous demande. Lors d’une rencontre annuelle, je parlais de ma passion et de mon bénévolat à un professionnel de la santé qui, utilisant un ton un peu hautin, me dit : « Le bénévolat ce n’est pas payant! », je lui ai alors répondu « Qu’effectivement, le bénévolat ce n’est pas payant, c’est enrichissant! », je le crois profondément.

J’ai dû depuis maintenant deux ans mettre en veilleuse ma carrière de pilote de ski adapté pour passer plus de temps avec mes enfants. Ils sont encore à l’âge de vouloir skier avec papa et j’en profite. Cependant, dès qu’ils seront suffisamment âgés et un peu plus autonomes, et qu’ils ne voudront plus toujours skier avec papa, je retournerai au ski adapté, c’est vital, j’en ai besoin.

Je sais que plusieurs stations à travers le Québec offrent le service de ski adapté, mais à ma connaissance une seule organisation l’offre gratuitement. Je vous invite donc à contacter la station près de chez vous afin de connaitre les modalités d’offre de service de ski adapté. Merci et bonne saison à tous mes amis de Ski Adapté Mauricie, vous êtes des hommes de cœur!

Bon ski adapté à tous!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.