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Un projet immobilier d'un épicier suscite la controverse à Verdun

Un projet immobilier d'un épicier suscite la controverse à Verdun
Radio-Canada.ca

Des citoyens de l'arrondissement Verdun, à Montréal, veulent bloquer un projet immobilier d'un épicier parce qu'il n'inclut aucun logement social et qu'il entraînera la démolition de plusieurs immeubles.

Un texte d'Olivier Bachand

D'ici quelques années, le visage d'un secteur de Verdun où se trouve l'épicerie Metro Bellemare, à l’angle des rues de l'Église et Ethel, pourrait complètement changer.

L'épicier Robert Bellemare souhaite agrandir son commerce afin d'attirer davantage de clients, et du même coup, il souhaite construire un important complexe de logements.

Selon le projet présenté à l'arrondissement de Verdun, le nouvel immeuble de quatre étages compterait 67 logements qui seraient bâtis au-dessus de l'épicerie.

Pour faire place à ce complexe, sept bâtiments adjacents au supermarché actuel, qui comptent un total de 22 logements et qui appartiennent déjà au promoteur, doivent bientôt être démolis.

En guise de dédommagement, Robert Bellemare a offert aux locataires touchés de rembourser les coûts de leur déménagement et une compensation équivalente à quatre mois de loyer, un mois de plus qu'exigé par la Régie du logement.

Certains locataires qui doivent être évincés préféreraient toutefois conserver leur logis. C'est le cas de Lise Fyfe, qui demeure dans le même appartement depuis 19 ans. La retraitée, qui doit quitter les lieux dans quelques mois, paie actuellement un loyer de 645 $ par mois et craint qu'elle soit incapable de trouver un autre logement aussi abordable.

« Si tu veux avoir quelque chose qui a du bon sens, sûrement que les loyers doivent être 850 $, si ce n’est pas plus. Ça fait un gros trou dans le budget. » - Lise Fyfe, locataire évincée

Pas de logements sociaux

Le projet déçoit certains groupes communautaires, comme le Comité d'action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV).

Le CACV, qui n'a pas officiellement pris position pour ou contre sa réalisation, a tenu des séances d'information sur le sujet et épaule les citoyens du secteur qui veulent le bloquer.

Le 14 mars prochain, ils pourront signer un registre afin d'enclencher la tenue d'un référendum sur le projet. Ils devront recueillir 243 signatures sur un total de 2294 citoyens du secteur habiletés à se prononcer.

Selon le CACV, la principale lacune du projet est l'absence de logements sociaux. Bien qu'on ignore à combien s'élèveront les loyers dans le nouveau complexe, l'organisme croit qu'ils seront beaucoup plus élevé que ceux payés actuellement par les résidents qui se font évincer.

Le comité d'action croit que le projet pourrait contribuer à l'embourgeoisement du secteur.

« On pourrait anticiper une hausse des loyers dans les rues environnantes, considérant que ce sont des logements neufs, par définition plus élevés en terme de loyers que ceux qui sont déjà existants. » - Serge Ouellette, président du Comité d'action des citoyennes et citoyens de Verdun

Le promoteur promet un don important

Devant les inquiétudes des citoyens, l'épicier Robert Bellemare s'est engagé à financer un futur projet de logement social à Verdun, en partenariat avec le CACV.

Dans une publicité parue dans le journal local la semaine dernière, il promet un don important, dont le montant exact n'a pas été dévoilé.

Il s'agirait d'un montant « de plusieurs dizaines de milliers de dollars », a précisé par courriel son conseiller en acceptabilité sociale pour le projet, Pierre Bouchard.

Jusqu'à présent, aucun document ayant une valeur juridique n'oblige le promoteur à respecter sa parole, mais il aurait offert d'officialiser son engagement par écrit.

Bien que prudent, le CACV salue cette promesse. « Son engagement, verbal jusqu'à maintenant, de nous aider à réaliser un autre projet de logement social nous rassure », affirme Serge Ouellette.

Le maire de l'arrondissement de Verdun, en faveur du projet immobilier, a favorisé le rapprochement entre Jacques Bellemare et le comité d'action.

Jean-François Parenteau espère que le promoteur honorera ses engagements.

« C'est un engagement moral présentement, explique le maire. Il pourrait revenir sur sa parole, mais ça serait très mal vu de la part d'un entrepreneur qui a un commerce local à Verdun. »

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