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Bertrand Charest aurait emmené une de ses jeunes skieuses se faire avorter (VIDÉO)

Bertrand Charest aurait emmené une de ses jeunes skieuses se faire avorter

Après plusieurs rapports sexuels non protégés entre 15 et 16 ans, Zoé (nom fictif) affirme être tombée enceinte de son ex-entraîneur de ski, Bertrand Charest, dans les années 1990. C'est lui qui l'aurait accompagnée à la clinique pour qu'elle se fasse avorter.

Un texte de Genevieve Garon

Zoé a raconté son histoire d'un ton posé, presque mécanique, mardi, lors du procès au palais de justice de Saint-Jérôme de Bertrand Charest, accusé d'avoir agressé sexuellement 12 athlètes mineures.

La jeune femme a rencontré M. Charest vers 11 ou 12 ans lorsqu'il est devenu son entraîneur de ski. L'homme de 51 ans écoute son témoignage derrière un paravent.

Elle avait 14 ans quand son entraîneur lui aurait dit qu'il l'aimait « plus qu'une coureuse » et l'aurait embrassée.

Autour de ses 15 ans, ils auraient eu leur première relation sexuelle chez les parents de l'adolescente. Zoé vivait sa première expérience sexuelle, précise-t-elle en réponse aux questions de la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Marie Nathalie Tremblay.

« Je n'étais pas bien dans ma peau, explique la femme. Mais je voulais être avec lui. Il ne m'a jamais forcée, j'ai toujours senti que j'étais consentante. Aujourd'hui, je sais que ce n'était pas correct ».

En « admiration » devant Bertrand Charest

L'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest.

Ils agissaient comme un couple, affirme Zoé, mais toujours en cachette.

« Il me disait "si quelqu'un apprend ça, je vais aller en prison" », dit-elle. Les relations sexuelles sans protection se sont multipliées, soutient-elle. L'adolescente se croyait amoureuse.

« Il me disait que j'étais la femme de sa vie, qu'on aurait une maison, des enfants. »

Enceinte à l'adolescence

Zoé croit qu'elle était en secondaire 4 (autour de 15-16 ans) lorsqu'elle s'est mise à souffrir de nausées.

Elle aurait téléphoné Bertrand Charest de l'école. C'est lui qui l'aurait accompagnée à une clinique d'avortement à Montréal. Par la suite, il l'aurait reconduite chez elle. L'ex-entraîneur se serait ensuite adressé à son propre père qui était médecin pour donner une prescription de la pilule anticonceptionnelle à l'adolescente.

La relation se serait ensuite poursuivie et aurait détruit Zoé à petit feu.

« Aussitôt que ma relation avec Bertrand Charest a commencé, ma carrière s'est éteinte », affirme-t-elle. L'adolescente ressentait de la culpabilité, de la honte et s'est mise à souffrir de troubles alimentaires.

Bertrand Charest aurait fréquenté d'autres filles à l'époque, selon elle. « Il me disait que c'était pour dissiper les doutes » au sujet de leur couple, soutient-elle.

« Soulagée » par la rupture

Après plusieurs tentatives, elle affirme avoir finalement réussi à le quitter. « J'ai perdu le contact et j'imagine qu'il est passé à la prochaine », dit-elle.

En 1998, lorsque le scandale des allégations a éclaté au sein de Canada Alpin, Zoé soutient que Bertrand Charest lui a téléphoné. « Je pense qu'il voulait que je me taise », se souvient-elle.

Les dix années qui ont suivi ont été souffrantes. La jeune femme aurait même éprouvé des pensées suicidaires.

En 2008, Zoé affirme que Bertrand Charest lui a écrit un message électronique pour prendre de ses nouvelles. Elle lui a répondu qu'elle ne voulait pas recevoir ses écrits « et encore moins » le voir.

Lors du contre-interrogatoire, l'avocat de Bertrand Charest, Antonio Cabral, a fait référence aux séances privées entre Bertrand Charest et ses athlètes. Des rencontres au cours desquelles ils auraient discuté de ski et dévié sur des sujets personnels.

L'avocat a demandé à Zoé s'il trouvait normal qu'un entraîneur s'intéresse à son athlète et veuille la connaître.

« Oui, jusqu'à un certain point », a-t-elle répondu. Selon elle, si des aspects de la vie privée n'ont pas de conséquences sur les performances, cela ne concerne pas l'entraîneur.

Le procès se poursuit cet après-midi. Bertrand Charest fait face à 57 chefs d'accusation de nature sexuelle sur 12 victimes alléguées.

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