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Attention à l'arnaque des faux contrats de publicité

Des commerçants ont été la cible d'une entreprise qui leur fait croire qu'ils ont signé un contrat pour de la publicité en ligne.
Radio-Canada

Des commerçants ont été la cible d'une entreprise qui leur fait croire qu'ils ont signé un contrat pour de la publicité sur Internet. Devant un refus de payer, Pub en ligne les menace de poursuites et d'envoyer leur dossier à une agence de recouvrement.

Un texte de Maxime Poiré, de La facture

Ce sont surtout les petites entreprises qui sont visées. Élyse Poirier et Jade Cayer, propriétaires d’un salon de coiffure à Québec, ont reçu l’appel d’un représentant de Pub en ligne. Il leur a réclamé le paiement d’une facture d’un peu plus de 500 $.

«J’ai dit : "Écoutez, Monsieur, on n’est même pas clientes chez vous". Il a dit : "Ben oui, vous avez signé un contrat".» - Élyse Poirier

Ce contrat initial, Pub en ligne refuse étrangement de le leur remettre. Au téléphone, le ton monte. « Il devient agressif. Il parle fort. Il est intimidant. Il fait peur. Il dit : "Madame Poirier, si je n’ai pas reçu le paiement d’ici mardi 13 h, le montant est doublé et je vous envoie au recouvrement et je vous mets en demeure". Et il raccroche », raconte Élyse Poirier.

Insécurité et vulnérabilité

Nous avons parlé à plusieurs autres commerçants qui ont eu affaire aux représentants de Pub en ligne. Ceux qui ont refusé de payer la facture ont également été menacés de poursuite, mais aussi de voir leur dossier de crédit entaché.

C’est le cas de Benoît Girard qui fabrique des meubles sur mesure dans son atelier d’ébénisterie dans Lanaudière. Cette dernière menace lui a fait le plus peur et l’a fait se sentir vulnérable.

«Si tu n’as pas une bonne cote de crédit, tu n’auras pas le prêt pour l’équipement qui permettrait par la suite de faire ta business. [...] Ma cote est très bonne, et je veux la garder bonne.» - Benoît Girard

Une arnaque bien connue des policiers

Cette arnaque fait partie des fraudes liées aux annuaires d’entreprises. Elle est suivie de près par le Centre opérationnel de la lutte contre le télémarketing frauduleux (COLT) de la GRC.

«Si je me mets dans les pantalons de la victime potentielle, surtout si c’est quelqu’un qui vient de lancer une business, ça va être l’insécurité totale. C’est un comportement typique d’un arnaqueur de miser sur cette insécurité.» - Marco Roy, sergent de la GRC

« C’est pour ça qu’il y a souvent des menaces et que le ton va monter. Les gens vont sentir justement que l’amour de leur vie, cette business dans laquelle ils ont mis beaucoup d’énergie et d’argent, est peut-être sur le point de mourir. Donc, ces gens-là vont souvent céder aux demandes de l’arnaqueur, mais c’est carrément de l’extorsion », explique Marco Roy.

Des menaces à peine voilées

La facture a demandé à un commerçant d’enregistrer ses appels avec Pub en ligne. Lorsqu’il leur annonce qu’il a décidé de ne pas les payer, voici ce qu’un premier représentant, François Côté, lui dit : « Là, c’est rendu au niveau légal. Ça fait qu’on va mettre ça entre les mains des avocats. Et vous dealerez avec eux après. D’accord? »

C’est ensuite un certain Éric Beaulieu qui rappelle le commerçant. Il se présente comme directeur des comptes. Il dit travailler avec l’équipe du conseil légal, mais précise qu’il n’est pas avocat. Comme dans les autres dossiers, le ton monte : « Tout est prouvé, Monsieur. Écoutez, ne jouez pas à la game de "prouvez-moi". Il y a une plainte qui va être faite contre vous. C’est de la fraude que vous faites en ce moment. »

L’art du bluff

Pub en ligne est une entreprise de Montréal. Elle est en activité depuis 2008 et appartient à un dénommé Sacha Vidal. Selon ses dires, son entreprise fait de l’optimisation pour créer de la visibilité sur le web pour des entreprises. Dans les faits, il s’agit d’un immense répertoire de milliers de compagnies canadiennes avec leurs coordonnées. Des entreprises qui souvent s’y trouvent à leur insu.

Nous avons voulu rencontrer Sacha Vidal, mais il a refusé. Sur ses profils Facebook et Twitter, il se présente comme propriétaire de l'entreprise et aussi comme joueur de poker.

Fait intéressant, nos recherches ont permis de découvrir que, malgré les menaces répétées, Pub en ligne n’a jamais poursuivi un seul client. Tout cela est du bluff.

Au téléphone, Sacha Vidal nous a tout de même répondu ceci par rapport aux clients qui contestent les façons de faire de son entreprise.

Des fois, les clients malheureusement ne comprennent pas et disent oui à des services [...] Des fois, il y a des malentendus, mais on n’est pas ici pour tordre le bras à personne. On est une compagnie intègre. On donne un service et on est là pour continuer à donner ce même service.

Sacha Vidal, président de Pub en ligne

Sacha Vidal nous a ensuite écrit pour préciser que, dans les cas soulevés, les clients auraient accepté ses services et que leurs allégations sont non fondées.

Pas question de se laisser faire

Benoît Girard a décidé de passer à l’attaque. L’ébéniste a envoyé une mise en demeure à Pub en ligne pour que l'entreprise de Sacha Vidal le laisse tranquille.

« Probablement que je suis gambler moi aussi, mais je suis gambler dans le bon sens. Je me suis dit : "J’ai fait ce que j’avais à faire et ça va bien aller" », raconte Benoît Girard.

Élyse Poirier et Jade Cayer ont aussi tenu tête à l'entreprise de Sacha Vidal et n’ont pas cédé aux menaces.

Pub en ligne nous a écrit pour dire qu’elle avait annulé leur facture et celle de Benoît Girard.

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