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«Tout le monde en parle»: quelques moments croustillants

«Tout le monde en parle»: quelques moments croustillants

Les mille et un talents de Laurent Duvernay-Tardif, la conscience sociale d’Adib Alkhalidey, la confession de Chloé Sainte-Marie, l’Oscar de Sylvain Bellemare… Voici quelques moments croustillants qui ont retenu notre attention à Tout le monde en parle cette semaine.

Comme du bon pain

Il semble bon comme du bon pain, ce sympathique Laurent Duvernay-Tardif, apparemment doté de tous les talents. Fils de boulangers, le footballeur a choisi de faire l’annonce de son faramineux contrat avec les Chiefs de Kansas City au commerce de ses parents. C’est donc chez Le pain dans les voiles, dans Villeray, que le Québécois a annoncé en conférence de presse, la semaine dernière, la prolongation de cinq ans de son entente avec son équipe, laquelle lui apportera une rémunération estimée à 41,2 millions de dollars, un chiffre qui fait de lui le quatrième plus haut salarié parmi les gardes de la NFL et le joueur canadien le plus rémunéré de l’histoire dans son sport.

«Pour moi, c’est là, jusqu’à tout récemment, que je travaillais, c’est là, quand je finis mes shifts à l’hôpital, quand je sors de l’entraînement et que je veux voir mes parents, c’est là que je vais, quand je veux voir mes sœurs, quand elles sont en ville, c’est là qu’on se rencontre, c’est comme un peu un deuxième chez-soi, c’était important pour moi de faire ça là, avec mes amis et ma famille», a dit Duvernay-Tardif à propos de son choix de lieu.

Celui qui ingurgite quelques 6500 calories par jour en a sûrement étonné plusieurs pendant la discussion en jasant de son amour pour la voile et les arts, dont le tricot, lui qui a pratiqué la sculpture, la poterie et l’aquarelle pendant ses études, et dont l’amoureuse est historienne de l’art. Duvernay-Tardif a même entraîné cinq de ses coéquipiers à une représentation de Casse-Noisette l’an dernier! Puis, à propos de ses études en médecine, l’homme a précisé qu’il s’agit là d’une «vocation plus qu’un travail». «Pour moi, la médecine, c’est une passion (…) La médecine c’est la ligne directrice, et le football, c’est une opportunité incroyable qui s’est présentée.»

Pour l’amour de Claude Julien

Si on ignorait qu’Adib Alkhalidey était fanatique de hockey, on l’a appris dimanche, et avec beaucoup d’aplomb! L’humoriste a raconté à quel point il a «le puck tatoué sur le cœur» d’une manière très imagée. «Quand Claude Julien a été engagé, j’ai pleuré, a avoué Adib. C’est gros pour moi, dans ma vie, le retour de Claude Julien! Je me rappelle quand il est parti, et j’étais triste pour Michel (Therrien)… Je ne les connais pas, mais c’est comme mes amis! Moi, je regarde l’Antichambre à chaque soir. Le monde pense qu’après les shows, on fait la fête ; non, moi, je regarde l’Antichambre, j’ai mon verre de lait au chocolat… »

C’est depuis l’âge de six ou sept ans, a-t-il spécifié, qu’Adib Alkhalidey en pince pour le hockey, qui a été son premier véritable lien avec la culture québécoise, en tant qu’enfant d’un père irakien et d’une mère marocaine.

Autre grand engouement pour le jeune homme : Tout le monde en parle, et même Un gars, une fille. Adib était en effet si heureux d’être invité sur le célèbre plateau de Radio-Canada, dimanche, qu’il ne comptait même pas faire la promotion de son deuxième one man show, Ingénu. «J’étais juste tellement content quand vous m’avez invité, que je n’ai pas pensé à mon show! Moi, Tout le monde en parle, je regarde ça depuis que j’ai 16 ans. Je suis tellement heureux d’être ici! Un gars, une fille, c’est une des raisons pour lesquelles je fais de l’art! Je suis tellement un fan! Quand je sais que je vais venir passer du temps ici, je ne pense pas à mon show, je pense à … YEAH! C’est donc bien hot!», a déclaré Adib avec un enthousiasme non feint.

Enlever les lunettes de la terreur

Sur une note plus sérieuse, Alkhalidey a aussi expliqué avec une grande vérité pourquoi il a cru bon écrire un numéro sur la fusillade du 22 octobre 2014 au parlement d’Ottawa.

«Ce jour-là, quelque chose a changé dans ma façon de travailler, a-t-il souligné. Moi, depuis le 11 septembre 2001 – j’étais tout jeune -, j’ai vu le regard changer sur la communauté arabe. Je l’ai vu, ce regard-là. À 11 ans, du jour au lendemain… Moi, je viens d’un quartier multiethnique, le nord de la ville, à Ville St-Laurent ; dans mon immeuble, [il y avait] des Hindous, des Juifs, des Chrétiens, des Chinois, de tout. C’est là-dedans que j’ai été élevé. Ça sentait tout le temps quelque chose de différent. J’ai vu le switch. Il s’est passé quelque chose envers la communauté arabe, ce jour-là. Je pense que j’ai trainé ça en moi tellement longtemps, cette souffrance, cette douleur, de vouloir dire : ça suffit. On ne peut pas constamment diaboliser un peuple, et kidnapper l’identité sociogénétique d’un peuple en parlant d’eux en mal, et j’ai fait ce que mon métier me permet de faire de plus extraordinaire : transformer une souffrance (…) »

«Maintenant, je sais que, quand je dis quelque chose sur scène ou publiquement, j’ai aussi une responsabilité de rappeler aux gens que cette peur, qui a été nourrie aux stéroïdes, ça s’est fait collectivement. Et je pense que c’est collectivement, aussi, qu’on peut effacer la peur, et regarder le réel, regarder le monde comme il est vraiment, et non pas avec les lunettes de la terreur et penser qu’on est en danger. Je fais de mon mieux pour que les gens puissent vivre comme moi je vivais quand j’étais jeune, dans mon immeuble où tout le monde s’entendait super bien. Parce que je sais que c’est possible», a complété Adib, sous les applaudissements de la foule.

D’ailleurs, ce dernier se fait un devoir de ne pas répondre avec des insultes lorsqu’on l’attaque avec des quolibets racistes.

«Parce que j’ai vu les gens évoluer dans leur pensée, je sais que ça ne sert à rien d’insulter qui que ce soit. Il n’y a rien de mieux que croire que la personne peut s’améliorer et s’extraire de cette pensée. Moi, en tout cas, j’y crois.»

Le texte se poursuite après la galerie photo.

Laurent Duvernay-Tardif

Tout le monde en parle: les invités du 5 mars

Vivre ou mourir, mais choisir

Tout le monde en parle a été dimanche le théâtre d’une cruciale et poignante discussion portant sur l’aide médicale à mourir. Trois intervenants concernés se sont prononcés sur le sujet : Jean-Robert Bisaillon, dont l’épouse a bénéficié de pareille assistance, Chloé Sainte-Marie, qui a été aidante naturelle auprès du cinéaste Gilles Carle pendant plusieurs années, et Yvon Cournoyer, atteint de sclérose latérale amyotrophique, une maladie dégénérative qui le rend prisonnier de son propre corps. Ce dernier a été particulièrement touchant en exprimant avec véhémence son souhait de s’éteindre prochainement, idéalement à son anniversaire, le 2 mai, mais à tout prix avant la fin de l’année 2017. L’homme a été clair, il ne veut pas voir le début de l’année 2018. Pourquoi une telle détermination? Pour éviter à ses proches, qui sont en accord avec sa décision, de le voir souffrir. «Je veux qu’ils gardent une belle image de moi», a-t-il plaidé.

De son côté, Chloé Sainte-Marie a refusé totalement qu’on administre à Gilles Carle l’aide à mourir, même si, dans le dernier mois de sa vie, celui-ci, affaibli par la maladie de Parkinson, ne pouvait ni boire, ni manger. Elle aurait pu se contenter de le priver de son soluté, ce qui «aurait accéléré le processus», a-t-elle mentionné, mais la chanteuse a avoué s’être acharnée pour garder vivante son âme sœur, qu’elle avait rencontrée à l’âge de 18 ans. Lui avait 52 ans.

«Je n’étais pas capable de le laisser partir. Je voulais même m’acharner. Quand on a eu une réunion, deux ou trois jours avant son départ, j’ai demandé au médecin qu’il le garde, par l’estomac ou par l’aorte. Parce que je l’aimais, parce que je n’étais pas capable de vivre sans lui. Ça faisait 27 ans que j’étais avec Gilles ; il a été 17 ans malade, mais ces 17 années-là, il y a [eu] de grands moments de bonheur aussi. Ce n’est pas que de la souffrance, ce n’est pas du masochisme. Être aidant naturel, c’est un rôle, une fonction gratifiante, mais en même temps, c’est épuisant, il y a une détresse incroyable…»

Un Jutra perdu, un Oscar retrouvé

Sylvain Bellemare, qui a reçu la semaine dernière l’Oscar du Meilleur montage sonore pour Arrival, de Denis Villeneuve, est revenu sur cette anecdote qui a filtré sur quelques tribunes la semaine dernière : en 2014, le créateur avait oublié dans le métro le trophée Jutra qu’il avait remporté quelques semaines plus tôt.

«Je revenais d’un long voyage, j’étais jet lag, je suis arrivé au studio (…), et Bernard Strobl, mon grand compagnon - qui est tellement responsable de ce prix-là -, m’avait donné le Jutra, que j’avais gagné plusieurs mois avant ; je n’étais pas à Montréal au moment de la cérémonie. Je suis arrivé à Berri (-UQÀM), j’avais plein de sacs, ma carte Opus, je ne savais plus comment ça marchait, j’étais un peu perdu, et j’ai posé le Jutra sur la petite plaque à côté de l’employé qui donne les billets. Et je suis parti, je l’ai laissé là, dans un sac de bouteille de vin…»

C’est finalement l’équipe d’Infoman qui a récupéré la précieuse statuette et a créé tout un numéro pour la rendre à Sylvain Bellemare. Pas de chance, toutefois, que le même scénario se reproduise avec l’Oscar gagné dimanche dernier. «Il va rester dans un garde-robe, comme un tableau qu’on cache!»

Sylvain Bellemare croit-il que son Oscar aura des retombées positives sur sa carrière? «Franchement, je ne sais pas. C’est tellement frais. On va voir ans les prochaines semaines, les prochains mois. J’imagine qu’il peut y avoir des conséquences de ça, mais c’est trop frais encore.»

Évidemment, l’homme affirme avoir pu compter sur des moyens bien supérieurs lors de la production d’Arrival, un film américain, que lorsqu’il façonne un long-métrage québécois, surtout «en termes de main d’œuvre et de temps». «On avait un véritable orchestre», a-t-il indiqué. Bien sûr, ses collègues québécois et lui ont festoyé dans quelques soirées après le gala des Oscars et ont même abouti au mythique party de Vanity Fair. Ces rassemblements ont permis à Sylvain Bellemare de comprendre le rapport «un peu fétichiste» que plusieurs personnes entretiennent avec l’Oscar, en désirant constamment le voir de près et le toucher.

Enfin, celui qui travaille avec Denis Villeneuve depuis 20 ans (ils ont notamment bossé ensemble sur Incendies) dit ne pas avoir d’autres projets avec le (de plus en plus) célèbre réalisateur pour l’instant, mais ne songe pas non plus à nécessairement s’exiler, malgré sa nouvelle notoriété et la prestigieuse récompense reçue. «Je ne tiens pas à quitter Montréal, j’ai grandi dans le cinéma québécois (…) Ça m’intéresse surtout de faire des bons films et des vrais films», a conclu Sylvain Bellemare.

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