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L'album «Noir Éden»: la «variété maudite» de Peter Peter

L'album «Noir Éden»: la «variété maudite» de Peter Peter

Le chanteur québécois Peter Peter vit à Paris depuis maintenant trois ans. Il habite aujourd’hui Montmartre, mais a créé la majorité de l’album dans Montrouge, situé sous le 14e arrondissement. Ces jours-ci, il propose son troisième long jeu, Noir Éden, une production audacieuse nappée de synthés et d’une voix soignée, aux accents d’ici et d’ailleurs.

«J’ai déménagé beaucoup au début, raconte Peter Peter en entrevue. Je changeais souvent de place après quelques mois. Ça m’intéressait au départ comme univers… J’étais un peu excité par la vie de bohème. En fait, j’avais idéalisé la solitude et l’errance. À partir d’un moment, je me suis tanné. En plus, j’ai réalisé que je n’écrivais pas beaucoup durant cette période. Quand j’ai trouvé mon premier appartement dans Montrouge, j’ai commencé à me remettre à l’écriture.»

Voilà. Peter Peter aura vraiment vécu le mythe du poète maudit à laquelle on a bien aimé l’associer depuis quelques années déjà, des deux côtés de l’Atlantique. D’ailleurs, le respecté magazine Les Inrocks, en France, n’a pas hésité à lui coller l’étiquette de l’écrivain rebelle, à la fois sombre, romantique et humaniste. Il faut dire que le précédent opus de Peter Peter s’intitulait Une version améliorée de la tristesse, une sorte de spleen pop rock.

«Durant une entrevue avec un magazine d’ici, j’ai utilisé l’expression “variété maudite” pour qualifier mon travail, indique l’auteur-compositeur-interprète. Ce n’était pas prémédité, mais j’aime bien. Depuis, cette manière de définir ma musique s’est un peu propagée en France. […] Est-ce que je ferais de la variété maudite toute ma vie? Je ne sais pas. Mais pour l’instant c’est vrai qu’il y a ce côté “spleenesque” qui revient dans mes albums.»

Selon le principal intéressé, Noir Éden raconte l’histoire d’un homme hyper casanier, qui vit une introspection très profonde au point qu’il perd toute connexion avec la réalité. «C’est ça en gros le récit de l’album. C’est ce que j’ai vécu à Paris, en quelque sorte. Au lieu d’avoir écrit en voyageant, j’ai écrit Noir Éden dans l’immobilité et l’isolement. J’ai juste essayé de transcender l’endroit sans en sortir. Évidemment, Paris a eu une influence. Pour le reste, la seule personne que je voyais durant cette période, c’était ma copine [de l’époque]…»

En réalité, Noir Éden n’est pas sentimental à outrance. À son écoute, on se sent plutôt dans un état de flottement, de contemplation, tout en accédant de manière «privilégiée» au monde intimiste et à moitié inventé de l’artiste Peter Peter. Quand on sait que ce dernier écrit de façon très spontanée, dite automatique, on saisit encore mieux l’emphase de l’émotion brute sur la production générale.

«J’ai une propension pour créer des chansons que l’on peut qualifier de mélancoliques; oui, j’ai peut-être une détresse ou une anxiété qui m’ont toujours habité. Toutefois, je ne suis pas esclave de la mélancolie, c’est juste que ça me ressemble. Après, je préfère mélancolie à tristesse pour décrire Noir Éden. Comme tout le monde, j’ai mes combats, mais je ne me qualifierais pas comme une personne fondamentalement triste. Au contraire, je vais bien. C’est un album qui reflète plusieurs questions que j’avais en tête à ce moment. Le mot juste serait probablement introspection.»

Exploration synthé

Nappes de synthés, ambiances électroniques, frappes délicates à la batterie, voix soignée et douce (presque susurrée parfois), des guitares çà et là (bien moins que pour Une version améliorée de la tristesse), cet album a été fait dans la logique du home studio, comme aiment dirent les Parisiens. Durant notre entretien par les voies de l’Internet, Peter Peter montre ses nombreux claviers qui sont disposés dans son appartement blanchi par l’éclairage naturel d’un printemps parisien hâtif.

«C’est de cette manière que j’ai conçu l’album. Chez moi, comme quelqu’un qui travaille le jour, du matin au soir […] J’ai exploré beaucoup avec les synthés (sur Orchidée ou No Man’s Land, par exemple) et tenté de faire des sons organiques au lieu de prendre des plug-ins. J’ai [notamment] utilisé des sons enregistrés avec mon iPhone, et je me suis pas mal amusé avec les arrangements. J’avais beaucoup de liberté, j’ai donc fait beaucoup de trucs moi-même.»

Certes, l’isolement et une grande autonomie caractérisent le travail de Peter Peter au sujet de Noir Éden. Or, ses vieux comparses montréalais Émmanuel Éthier (coréalisation, guitares, batterie) et Pascal Shefteshy (mixage et coréalisation), qui avaient aussi collaboré au disque précédent, ont mis l’épaule à la roue dans un studio montréalais. Pour quelques morceaux, l’auteur-compositeur-interprète a aussi fait appel à un Français relativement connu, Pierrick Devin (il va travailler prochainement avec le populaire groupe Phoenix).

Pour partager les 12 pièces de ce contemplatif et intelligent album, Peter Peter s’est entouré de trois musiciens français, qui s’occupent des synthétiseurs, de la batterie, des séquences et de la basse. Le chanteur et musicien a déjà joué les morceaux de Noir Éden album sur scène, dans quelques villes de France, dont Bordeaux et Montpellier. Plusieurs autres dates sont au programme en 2017. Il semble que Sony Music France et Audiogram, ses deux labels, lui donnent passablement de travail. Chez nous, on pourra entendre Peter Peter incessamment:

Club Soda, dans le cadre de Montréal en Lumière, le 8 mars

Salle Louis-Philippe-Poisson, de Trois-Rivières, le 11 mars

Le Cercle de Québec, le 12 mars

Peter Peter

Noir Éden

Sortie en Enrope et au Canada

Sony Music France et Audiogram

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