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Roghayeh Azizi, une militante des droits de la personne, risque d'être renvoyée en Iran

Une militante des droits de la personne risque d'être renvoyée en Iran
Radio-Canada/René Saint-Louis

Le député de Québec solidaire Amir Khadir se porte à la défense de Roghayeh Azizi, réfugiée iranienne menacée d'expulsion par le gouvernement canadien pour avoir milité au sein d'une organisation qui a déjà été considérée comme terroriste.

Selon l’avocate de Mme Azizi, Me Stéphanie Valois, sa cliente a obtenu une décision négative à l’examen des risques avant renvoi, qui analyse si une personne devant être expulsée du Canada serait en danger ou persécutée dans son pays d’origine. Roghayeh Azizi, qui a 60 ans, doit donc théoriquement retourner en Iran le 28 février prochain.

Or, elle soutient que son mari a été assassiné par le régime, et elle dit craindre pour sa vie, car elle a déjà milité pour la défense des droits de la personne — notamment dans des manifestations organisées au Canada. « On sait que le gouvernement iranien surveille Internet et vérifie ce que font les Iraniens à l’étranger, a soutenu Me Valois en entrevue à RDI. On ne peut certainement pas s’attendre à ce que madame [Azizi] soit bien reçue en Iran. »

Pour Amir Khadir, le Canada doit revoir sa politique de renvoi dans des pays où la peine de mort est en vigueur. « Je ne comprends pas que l’on puisse renvoyer [des personnes] dans un pays où la peine de mort est appliquée, notamment aux opposants politiques », s’insurge le député de Mercier.

L’Agence des services frontaliers du Canada a dressé une liste de pays pour lesquels il existe une suspension temporaire des renvois relativement à des conditions dangereuses pour l’ensemble de la population civile. L’Iran n’en fait pas partie. Amir Khadir réclame donc un moratoire sur les renvois canadiens vers l’Iran.

Militante politique

Roghayeh Azizi a milité pour l’Organisation des moudjahidin du peuple iranien (OMPI), qui lutte pour l’instauration d’une démocratie laïque en Iran. L’OMPI a été sur la liste d’organisations considérées comme terroristes par de nombreux pays en Occident. Au Canada, l’organisation a été ajoutée à la liste noire des organisations terroristes en 2005 pour en être retirée en 2012. « C’est assez inexplicable que l’Agence frontalière fasse comme si cette décision n’existait pas », indique Amir Khadir.

Pour le représentant de la Table de concertation au service des personnes réfugiées et immigrantes, Richard Goldman, le lien entre Mme Azizi et l’OMPI la prive de plusieurs recours judiciaires. « [Être] membre d’un organisme de ce genre-là prive la personne de deux choses : la demande d’asile régulier […] et la demande pour motifs humanitaires, explique-t-il. C’est à cause de changements que le gouvernement a faits en 2013. C’est vraiment un système de justice de seconde classe. »

Richard Goldman rappelle que Nelson Mandela avait aussi déjà été membre d'un groupe considéré comme terroriste.

De passage à l'émission 24/60 pour discuter du statut de ville refuge pour Montréal, le maire Denis Coderre a expliqué que le ministre de l'Immigration peut octroyer un permis ministériel dans des cas bien particuliers d'immigration. « Je profite de l'occasion pour demander au ministre de se pencher sur cette question », a demandé M. Coderre, qui a été ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration de 2002 à 2003.

Me Stéphanie Valois indique qu’une contestation judiciaire a été déposée, mais que cette procédure ne met pas en sursis la décision rendue par Immigration Canada. Mme Azizi devra tout de même quitter le pays mardi prochain.

Avec des informations de René Saint-Louis

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