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Tournée LGBT en résidence pour ainés au Québec

Tournée LGBT en résidence pour ainés
Laurence Houde-Roy

La Fondation Émergence entreprend une tournée des résidences pour personnes âgées afin d’éveiller ces milieux aux réalités des personnes LGBT.

L’organisme, qui lutte au quotidien contre l'homophobie, espère ainsi déconstruire les stéréotypes dans ces milieux et encourager les personnes aînées homosexuelles à assumer leur orientation sexuelle.

«Il y a encore très peu de personnes aînées homosexuelles qui font leur «coming out» à leur entourage. La majorité se cache, de peur d’être victime», explique Jean Lalonde, gouverneur de la Fondation Émergence.

La plupart ayant grandi dans une société où l’homosexualité était illégale (elle a été décriminalisée en 1969) et même considérée comme une maladie mentale (jusque dans les années 70), ajoute-t-il, beaucoup d'aînés LGBT craignent ainsi une réaction négative de leur entourage.

«Il y a eu l’étape de l’acceptabilité juridique – en 1969 - , mais on n’est pas encore rendu à l’acceptation sociale. Les aînés LGBT, ayant vécu avec la religion, avec les descentes policières, ils ont peur du jugement des autres», déplore M.Lalonde.

L’organisme agira principalement dans les résidences pour personnes âgées, où il offrira des formations-conférences auprès des intervenants et des aînés. Il présentera une chronologie des acquis juridiques qu’ont connus les personnes aînées LGBT et des bénévoles témoigneront de leur vécu en tant que personnes LGBT.

Jean Lalonde a lui-même vécu une telle situation, lorsqu’il a fait son coming out, au début des années 90. Sa femme de l’époque, avec qui il avait fondé une famille, n’étant pas ouverte au sujet lui avait proposé d’aller se faire soigner. «Dans une société catholique où j’étais, évidemment, on m’accusait d’avoir de la mauvaise pensée», se souvient-il.

Il n’est pas rare aujourd'hui, ajoute-t-il, de voir des familles qui apprennent aux funérailles d’un de leurs proches qu’il était homosexuel.

«Dans les résidences pour personnes âgées, il y a une majorité de femmes. Et les dames tentent de séduire les hommes gais, car ils sont charmants, raconte M.Lalonde. Mais ceux-ci ne sont pas capables de leur dire qu’ils sont gais, bien souvent."

La Charte de la bientraitance envers les personnes aînées LGBT, publiée et adoptée par le gouvernement en 2011, sera également distribuée et affichée dans les résidences, centres de bénévolats et CHSLD. Celle-ci propose notamment aux milieux qui l’adoptent de s’abstenir de présumer de l’orientation sexuelle d’une personne.

Le programme vient tout juste de débuter cette semaine, mais prendra quelques mois avant d’être complètement mis sur pied.

Dans ce contexte où le silence règne, certains aînés homosexuels iraient même jusqu'à éviter de se parler entre les corridors d’une même résidence pour éviter les réactions. «C’est de la paranoïa, mais ça existe», regrette Jean Lalonde.

Le gouverneur de la Fondation Émergence croit que ce silence répandu chez les aînés LGBT empêche la création de «modèles», et entretient ainsi les craintes.

Les personnes aînées auraient plus de difficulté à s’adapter, à trouver des moyens de s’assumer, contrairement aux plus jeunes qui ont trouvé des milieux mixtes, plus acceptants.

«Pourtant, certaines personnes, quand ils nous racontent leur «coming out», ils disent : «je l’ai finalement dit à mes frères et sœurs et ils le savaient tous déjà…» C’est souvent comme ça», se réjouit M.Lalonde.

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