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«Toni Erdmann» de Maren Ade: les facéties d'un père pour sa fille (ENTREVUE)

«Toni Erdmann» de Maren Ade: les facéties d'un père pour sa fille
Métropole Films Distribution

Avec Toni Erdmann, la cinéaste Maren Ade a littéralement renversé la Croisette lors du dernier Festival de Cannes, où son dernier film en compétition a remporté la palme du cœur à défaut de la Palme d’or que beaucoup de critiques lui prédisaient pourtant. En entrevue avec le Huffington Post Québec, la réalisatrice d’origine allemande revient sur son troisième long métrage d’une infinie sensibilité.

«Toni Erdmann» de Maren Ade

«J’ai été très surprise de l’accueil. À Cannes, il y a eu comme un effet d’entraînement. Beaucoup de personnes ont été emballées, ce qui m’a fait énormément plaisir. Malgré les réactions j’étais certaine d’avoir réalisé un film triste et mélancolique.», a confié Maren Ade.

Sorte de tragi-comédie sociale, Toni Erdmann continue de séduire la planète. En lice pour le meilleur film en langue étrangère lors de la prochaine cérémonie des Oscars, l’œuvre est déjà classée favorite pour remporter la prestigieuse statuette. Les Américains planchent d’ailleurs sur une adaptation avec Jack Nicholson dans l'un des rôles-titres. «Je ne crois pas remporter l’oscar, peut-être par superstition, a lancé Maren Ade. Avec les prix on n’est jamais certain de rien. Et puis, ce n’est que mon troisième long métrage.»

Sexisme professionnel

Le film met en scène Winfried (Peter Simonischek), un père de famille dans la soixantaine qui se déguise en personnage fantasque prénommé Toni Erdmann afin de renouer les liens avec sa fille Ines (Sandra Hüller), une femme d’affaires allemande rigide exilée à Bucarest. «Winfried a élevé sa fille avec des valeurs qu’elle va oublier sous la pression du travail. Adulte, elle voit son père comme un homme naïf qui ne peut pas comprendre l’évolution de la société. Il faut dire que l’humour qu’il utilise est né d’un certain désespoir. Leurs retrouvailles vont remettre en cause certaines certitudes», a raconté la cinéaste.

Elle ne va pas jusqu’à parler d’un film autobiographique, mais ajoute que son papa possède des similitudes avec Winfried. «C’est difficile de ne pas être influencé par sa propre famille. Même si je n’ai pas vécu les relations difficiles qu’entretiennent les deux personnages principaux, il reste que ce père ressemble un peu au mien. Il possède ce côté cabotin et fantaisiste. La scène du dentier est directement inspirée par lui. Il a toujours aimé porter des fausses dents pour faire rire ses proches.»

Le monde des multinationales dans lequel évolue Ines est particulièrement impitoyable. Accablée par une hiérarchie d’hommes qui dominent sa profession, elle tente de répondre aux exigences de chacun sans se rendre compte des conséquences. «Elle doit constamment se vendre. L’univers du business avec ses hôtels, ses restaurants et ses terrasses sans âmes correspond très bien à la prison intérieure de mon personnage. En ce qui concerne le sexisme, elle va trouver le moyen de s’en libérer, à sa manière, sans forcement se revendiquer comme féministe.

Toni Erdmann – Métropole Films Distribution – Comédie dramatique – 162 minutes – Sortie en salles le 17 février 2017 – Allemagne, Autriche.

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