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De jeunes franchisés déçus par GoGazon

De jeunes franchisés déçus par GoGazon
Radio-Canada

Ils ont acheté des franchises étudiantes en entretien paysager de GoGazon, avec l'assurance que s'ils avaient le cœur à l'ouvrage, ils réussiraient. Certains d'entre eux se sont presque ruinés et déplorent le manque d'encadrement du franchiseur.

Un texte d’Esther Normand de La facture

Vincent Robert, de Gatineau, n’a pas froid aux yeux. À l’hiver 2016, il frappe aux portes et convainc une centaine de personnes de faire confiance à sa nouvelle franchise en entretien paysager, GoGazon.

Il a déboursé 4000 $ pour la franchise, en plus des frais d’équipement, d’assurance et de promotion, notamment. « J’ai payé la franchise pour [avoir] un modèle qui fonctionne », précise-t-il.

Mais il prend vite conscience que ce n’est pas facile de bien évaluer le travail à faire quand on n’a pas d’expérience, surtout si un manteau de neige recouvre les terrains.

Manque de formation et d’encadrement

Il aurait souhaité avoir une meilleure formation et être épaulé par un instructeur ferré dans le domaine, ce qui n’a pas été le cas. Il a dû souvent consulter YouTube pour apprendre son métier.

À cause de son manque d’expérience, il a sous-évalué de nombreux contrats, et cela a grugé ses profits.

«Des contrats sous-évalués, ça fait que tu vas passer plus temps à faire un contrat qui n’est pas payant. Puis, si je ne fais pas le contrat, je me fais poursuivre.» - Vincent Robert

Alexandra Lachance, de Québec, fait aussi partie de la trentaine de franchisés GoGazon de l’année dernière. Elle déplore elle aussi de ne pas avoir été suffisamment encadrée par ses instructeurs.

« Un coach me supervisait chaque semaine, coach avec qui j’ai arrêté d’avoir des rencontres, parce que je me faisais dire : “Vas-y comme tu le sens, fais ce que tu penses qui est bon”. Ou quand ça allait moins bien : “Signe plus, tu vas avoir plus d’argent dans ton compte en banque” », explique Alexandra Lachance.

Le président de GoGazon, Pier-Luc Gaudet, affirme que des franchisés avec la même formation ont eu du succès : « Une bonne dizaine ont réussi, et très très bien ».

Des redevances élevées

Des franchisés reprochent également à GoGazon d’être trop gourmand. Ils doivent lui verser 26 % de redevances pour chaque contrat. Vincent Robert juge ce pourcentage excessif. Le maître d’enseignement en management à HEC Montréal Claude Ananou abonde dans le même sens.

«Si en partant vous devez déjà donner 26 % de commission à votre franchiseur, il ne vous reste pas grand-chose. En analysant ce dossier-là, ce montant est exagéré pour ne pas dire extravagant.» - Claude Ananou, de HEC Montréal

« On ne les force pas à embarquer avec nous », réplique le président de GoGazon, Pier-Luc Gaudet.

«Ce sont les règles, c’est le coût des services qu’on donne. Il y a une grande organisation, il y a beaucoup de services, la technologie, des mentors. On est moins cher que d’autres entreprises dans l’industrie.» - Pier-Luc Gaudet, de GoGazon

De maigres profits

Des franchisés nous ont révélé avoir travaillé très fort, mais n’ont fait que de maigres profits. Ils ont parfois même essuyé des pertes de plusieurs milliers de dollars. C’est le cas d’Alexandra Lachance.

Selon le franchiseur, il aurait fallu qu’elle fasse 50 000 $ pour encaisser des profits de 10 000 $. Vincent Robert, lui, évalue son chiffre d’affaires à plus de 40 000 $. Son profit : environ 1000 $ pour 10 mois de travail intense.

Vincent a l’impression d’avoir été un cobaye dans la division GoGazon, qui en était à sa deuxième année d’activités en 2016.

«Je ne trouve pas ça correct qu’ils n’aient pas été assez bons à leur première année, puis ils s’adaptent à ce point-là grâce aux erreurs qu’ils ont faites sur moi.» - Vincent Robert

Cela dit, le jeune homme croit que « GoGazon, ça ne mérite pas d’être abandonné, ça mérite de s’adapter. »

Le président de GoGazon n’admet pas qu’il y avait des problèmes avec son modèle d’affaires l’an dernier, mais, du même souffle, il promet pour cette année « de grandes améliorations ».

« On va les former plus tôt sur le terrain, on va mettre plus de temps sur le terrain, on va faire des “packages”, ils vont travailler plus en équipe avec les autres divisions [en peinture et en lavage de vitres] », explique Pier-Luc Gaudet.

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