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Rencontre Trudeau-Trump : 5 aspects à surveiller

Rencontre Trudeau-Trump : 5 aspects à surveiller

Le premier ministre Justin Trudeau aura son premier tête-à-tête avec le président Donald Trump lundi. Si l'économie sera le principal sujet abordé, d'autres enjeux qui pourraient avoir une incidence sur le Canada sont aussi à surveiller.

Un texte de Madeleine Blais-Morin

1- Le courant va-t-il passer?

À première vue, tout semble différencier Justin Trudeau et Donald Trump. Personne ne s’attend à ce que les deux chefs de gouvernement développent une affinité comparable à celle qui avait marqué les relations entre le premier ministre canadien et Barack Obama. Mais le courant peut-il quand même passer?

C’est l’un des principaux aspects que va surveiller l’ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis, Raymond Chrétien, conseiller stratégique chez Fasken Martineau. « Ce lien personnel, est-ce qu’il va réussir ou pas à l’établir?, se demande-t-il. Si à la fin de cette rencontre, Donald Trump dit : "I like this guy", s’il y a un bon rapport personnel, je pense que M. Trudeau aura une bien meilleure marge de manoeuvre, une plus grande latitude. »

2- Qu’est-ce que Justin Trudeau peut décrocher?

Cela fait des semaines que le gouvernement canadien prépare le terrain en cognant au plus grand nombre de portes possibles au sein de la nouvelle administration Trump. Le message est constant : les économies canadienne et américaine sont interreliées, la prospérité d’un pays dépend de celle de l’autre.

Jusqu’à maintenant, des signaux rassurants sont parvenus des États-Unis. Un des principaux conseillers économiques de Donald Trump, Stephen Schwarzman, qui a rencontré le cabinet Trudeau le mois dernier à Calgary, a indiqué que « les choses devraient bien aller pour le Canada ». Il a aussi souligné que les échanges commerciaux entre les deux pays sont équilibrés, reprenant ainsi un des messages clés du Canada.

Or, Donald Trump va-t-il lui-même reconnaître publiquement l’importance des liens économiques canado-américains? Le gouvernement Trudeau n’hésiterait alors sûrement pas à clamer que sa stratégie diplomatique déployée aux États-Unis depuis l’élection du nouveau président porte ses fruits.

3- Le décret de Donald Trump sur l’immigration sera-t-il abordé?

Jusqu’ici, Justin Trudeau s’est bien gardé de critiquer de front le style ou les politiques du président Trump. Il veut donner une chance à leur relation. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que le premier ministre canadien fasse la morale au président américain durant leur tête-à-tête.

Mais des enjeux plus délicats, comme ce décret, pourraient néanmoins être soulevés, si ce n’est que par les journalistes qui couvrent la rencontre.

En réponse à une question d’un reporter lors de sa visite dans le Grand Nord canadien la semaine dernière, Justin Trudeau a indiqué qu’il sera possible de trouver des terrains d’entente avec le président américain lorsqu’il sera question d’emplois et de la croissance de la classe moyenne. « Sur d’autres enjeux, c’est sur que je vais être clairement là pour défendre, pour démontrer les valeurs canadiennes qui nous tiennent à coeur, mais je vais toujours le faire de façon respectueuse. Pas par idéologie, mais par conviction que notre approche d’être ouverts, d’être respectueux est bonne pour notre pays et pour le monde. »

4- Quels pourraient être d’autres sujets délicats abordés?

Outre l’accueil des immigrants et des réfugiés, Justin Trudeau et Donald Trump ont des positions bien différentes sur plusieurs enjeux, comme l'environnement et les changements climatiques. « Ça va être difficile », résume Raymond Chrétien, pour qui les points de vue des deux dirigeants divergeront fort probablement quant à la position à adopter face à la Russie, l'Iran et la Chine, par exemple.

Selon lui, toutefois, cette rencontre sera l’occasion de mieux cerner l'opinion du président américain sur ces différents sujets. « Vous savez, il change d’idée souvent. Il dit une chose un jour et il dit le contraire le lendemain, alors je pense que ça va être plutôt une occasion pour le gouvernement canadien d’entendre exactement ce que les Américains ont à l’esprit », analyse-t-il.

5- Le Canada devra-t-il répondre à des demandes américaines?

Même avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les États-Unis avaient signalé au Canada qu’il pouvait faire plus au chapitre des dépenses militaires. Elles se chiffrent à 1 % du produit intérieur brut canadien, alors que les membres de l’OTAN ont comme cible de consacrer 2 % de leur PIB à la défense.

Le président américain demandera-t-il au gouvernement canadien d’accroître son budget en défense? Dans un tel cas, Justin Trudeau se sentira-t-il tenu de se plier, du moins en partie, à ce genre de requête?

Conclusion

Ce sera une première rencontre. Il devrait y en avoir d’autres. Tout n’a pas à se jouer au cours des prochaines heures. Mais le déroulement de ce tête-à-tête pourrait quand même avoir des répercussions, à plus d’un égard.

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