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Tuerie de Québec: des funérailles sous le thème de la solidarité et de l'unité

Tuerie de Québec: des funérailles sous le thème de la solidarité et de l'unité

C'est sous le thème de l'unité, de la solidarité et de l'harmonie que se sont déroulées, jeudi après-midi à Montréal, les funérailles de trois des six victimes de la fusillade survenue dimanche dernier à la mosquée de Québec.

Tour à tour, dignitaires et représentants de la communauté musulmane ont dénoncé les gestes de haine, d'intimidation et de xénophobie et rappelé que les six hommes tombés sous les balles étaient des Québécois, qui aimaient leur terre d'accueil.

Des milliers de Québécois, certains de la communauté musulmane d'autres non, étaient réunis pour pleurer les victimes à l'occasion de la cérémonie qui se déroulait à l'aréna Maurice-Richard. Dans les gradins bien remplis, plusieurs hommes ont versé quelques larmes en pensant à Abdelkrim Hassane, Khaled Belkacemi et Aboubaker Thabti.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a réitéré aux membres de la communauté musulmane qu'ils étaient chez eux au Québec et a répété qu'il fallait dire non à la violence, à l'intimidation, au racisme et à la xénophobie, ajoutant que le peuple québécois avait dit oui à l'écoute, au dialogue, à l'ouverture et au respect.

L'allocution de M. Couillard a été accueillie par de nombreux applaudissements et acclamations. Le premier ministre a souligné que "les mots prononcés, les mots écrits ne sont pas anodins" et que c'est "à nous de les formuler, à nous de les choisir, car ces mots peuvent unir, peuvent guérir ou peuvent trancher, blesser".

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a abondé dans le même sens, soulignant qu'il était temps de réaliser que tous les mots ont un impact. Dans un discours passionné, il a lancé que "nous sommes tous des frères et des soeurs".

Tout juste avant le discours de son homologue du Québec, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait déclaré que le pays tout entier avait été ébranlé par "cette attaque brutale et haineuse", ajoutant que "dans ces moments sombres, ce pays, notre pays, s'est montré solidaire envers une communauté dont la solidarité et la force sont inébranlables, malgré les atrocités qui l'ont si injustement affligée".

En début de cérémonie, Chayma BenHaj, qui la présidait, avait déclaré que les hommes tués dans l'attaque, "bien qu'ils nous aient quittés, nous ont permis de nous rassembler".

"Ils ont, à travers leur mort, rallié des personnes de différentes nationalités, couleurs, genres et religions. Ils ont réussi à unir le Québec", a souligné Mme BenHaj, dont l'introduction a été suivie par une lecture de versets du Coran, récités par Cheikh Massad El beltaji.

"Cette tragédie ne doit pas nous aveugler ni obscurcir notre regard sur ce qu'il y a de beau et de bon et qui les avait convaincus de venir s'établir chez nous", a pour sa part déclaré le maire de Québec, Régis Labeaume, qui a reçu un accueil particulièrement chaleureux de la foule.

Nous ne sommes pas des terroristes

La tuerie "démontre une certaine peur envers notre communauté", a soutenu le président du Conseil des imams du Québec, Saïd Fawaz.

"Nous vivons dans une communauté de plus en plus multiculturelle et mixte. On ne peut se refermer sur nous-mêmes comme le fait notre voisin du sud. On ne doit pas avoir peur de l'autre. L'autre se trouve à être un voisin, un confrère de travail ou même un beau-frère. Il faut apprendre à se respecter les uns les autres malgré nos différences", a-t-il indiqué.

"Nous, comme musulmans modérés, on n'est pas vraiment des terroristes, a tenu à rappeler Mohammed Yangui, le représentant du Centre islamique de Québec où a eu lieu la tuerie. C'est pas nous les terroristes, mesdames et messieurs. On pratique un islam qu'on utilise tous les jours, avec lequel on éduque nos enfants, avec lequel on vous côtoie."

M. Yangui a demandé aux Québécois, notamment aux médias, de faire la part des choses.

En point de presse après les funérailles, Azila Blili, de la Fédération des Canadiens musulmans, a répété que la communauté musulmane aime le Québec et le Canada et s'est réjouie des manifestations chaleureuses qu'elle a reçues à la suite de la tragédie.

"L'amour, c'est dans les deux sens. Quand on aime quelqu'un, on veut que quelqu'un nous aime aussi. Nous ne sommes pas les musulmans qu'on présente", a-t-elle lancé.

Le maire Coderre a lui aussi rappelé l'importance de demeurer unis et solidaires. "On va arrêter de dire: "c'est eux et nous". C'est un nous collectif, nous faisons tous partie de la même famille", a-t-il lancé.

Avant le début de la cérémonie, plusieurs personnes présentes avaient effectué une prière collective. D'autres avaient par la suite continué de prier pendant que certains défilaient devant les cercueils.

Outre MM. Trudeau, Couillard, Labeaume et Coderre, plusieurs autres personnalités avaient aussi tenu à assister à la cérémonie, incluant Jean-François Lisée, François Legault, Thomas Mulcair, Amir Khadir, Louise Harel et Pierre Karl Péladeau.

La cérémonie avait lieu à Montréal notamment parce que les corps doivent être transportés rapidement pour être enterrés dans leur pays d'origine et qu'ils se trouvaient à l'Institut médico-légal de la métropole. De plus, plusieurs membres de la communauté musulmane montréalaise comptent parmi les parents et amis des défunts.

Les funérailles des trois autres victimes de la tuerie du Centre culturel islamique de Québec, Mamadou Tanou Barry, Ibrahima Barry et Azzeddine Soufiane, auront lieu vendredi, au Centre des congrès de Québec.

Une cérémonie funéraire pour trois Québécois

- Aboubaker Thabti, âgé de 44 ans. Il était un pharmacien de formation originaire de la Tunisie. Il était marié et père de trois enfants.

- Khaled Belkacemi, 60 ans, originaire de l'Algérie, était professeur titulaire et chercheur à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation. Il était marié avec une autre professeure du même département et ils avaient deux enfants.

- Abdelkrim Hassane, âgé de 41 ans, était marié et père de trois filles. Originaire de l'Algérie, il était analyste informatique au gouvernement du Québec.

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