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Comment les entreprises se mobilisent contre le décret anti-immigration de Trump sans se mettre dans l'illégalité (VIDÉO)

Amazon, Yelp, Google... entre la Silicon Valley mondialisée et la nouvelle administration américaine, le choc des cultures est total.

C'est un vrai choc des cultures. Fermer la porte aux immigrés dans un pays d'immigrés et de descendants d'immigrés, ce n'est déjà pas si naturel. Alors dans la Silicon Valley, qui est au cœur de la mondialisation et se nourrit des talents venus du monde entier, c'est insupportable.

Le 30 janvier, Jeremy Stoppelman, le PDG de Yelp, s'est fendu d'une lettre remarquée sur Twitter pour dénoncer le décret anti-immigration de Donald Trump: "Mon grand-père a fui l'Allemagne nazi et est arrivé ici comme réfugié. (...) Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider et protéger les employés affectés."

"Ma note aux employés ce matin..."

Elle s'ajoute à une liste déjà longue de réactions scandalisées de grands patrons. Uber (pris dans une controverse), Apple, mais aussi Facebook... Dès le 27 janvier, Mark Zuckerberg a rappelé ses origines étrangères: "Mes grands-parents venaient d'Allemagne, d'Autriche et de Pologne. Les parents de Priscilla étaient des réfugiés de Chine et du Vietnam. Les Etats-Unis sont une nation d'immigrants, et nous devrions en être fiers".

Coup de com'? Belles paroles? Ce qui est sûr c'est que des poids lourds de la Silicon Valley ont décidé de dépasser le stade de la critique et de la dénonciation.

Selon Reuters, Google, dont le PDG Sundar Pichai est né en Inde, Airbnb et Netflix, entre autres, doivent se réunir aujourd'hui pour un brainstorming juridique. Le but est d'échafauder des arguments pour combattre le nouveau décret du président Trump. Ils seront ensuite transmis à la justice américaine.

Explorer tous les recours juridiques

Cette procédure juridique, dite amicus curiae, ne vise pas à lancer une poursuite, mais à fournir des arguments, des témoignages ou des documents à un tribunal pour trancher une éventuelle contestation légale du "muslim ban".

Toujours selon Reuters, Adobe Systems, Dropbox, Etsy, Evernote, Glu Mobile, Mozilla, Pinterest, Reddit, Yelp, ou encore SpaceX, devraient joindre leurs forces au projet.

C'est Amazon qui, le 30 janvier, est passé le premier de la contestation à l'action. Jeff Bezos, son PDG et fondateur, a apporté son soutien au procureur général de l'Etat de Washington, équivalent d'un ministre de la justice au niveau fédéral, le premier à déposer un recours contre Donald Trump. Il a témoigné dans son sens, assurant que le décret était mauvais pour son entreprise. Microsoft a décidé de le rejoindre dans sa démarche.

Jeff Bezos a également fait parvenir une lettre à tous ses employés, dont Recode s'est procuré une copie:

"Nous avons contacté les leaders du congrès des deux partis pour explorer les options légales. Notre département juridique a préparé une déclaration de soutien au Procureur général de l'Etat de Washington qui va déposer un recours contre le décret. Nous explorons d'autres recours légaux en même temps."

Le 28 janvier, il avait déjà encouragé ses employés ressortissants des 7 pays visés par Donald Trump de ne pas quitter le pays, mettant les services juridiques d'Amazon à leur disposition.

Mais la partie contre Donald Trump est loin d'être gagnée d'avance. La constitution américaine donne des pouvoirs très étendus au président pour décider de ce qui est bon ou non pour la sécurité nationale.

Partout dans le monde, les compagnies aériennes ont déjà commencé à appliquer les nouvelles consignes, interdisant l'accès à bord aux ressortissants des 7 pays interdits (Lybie, Soudan, Somalie, Yemen, Syrie, Irak, Iran).

Wall Street dénonce le "muslim ban", l'industrie reste discrète...

Il n'y a pas que la Silicon Valley qui voit d'un mauvais œil ce décret. "Ce n'est pas une politique que nous soutenons et je (vous) ferai remarquer qu'elle a déjà été contestée devant un tribunal fédéral et certaines dispositions du décret ont déjà été bloquées, au moins temporairement", a fustigé Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, l'une des principales banques de Wall Street, dont de nombreux responsables ont pourtant rejoint l'administration Trump.

Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, président du lobby des grandes entreprises Business Roundtable, explique que le pays est "plus fort avec la richesse de la diversité du monde qui l'entoure".

Les grands noms de l'industrie se font plus discrets, à commencer par l'industrie automobile. General Motors et Ford, qui sont suspendus aux futures mesures de la nouvelle administration en matière de libre-échange avec le Mexique et la Chine, indiquent que leurs employés ne sont pas "directement" affectés. Le second souligne toutefois "ne pas soutenir une politique qui va à l'encontre de ses valeurs".

Boeing, autre cible du nouveau président, est resté muet, de même qu'ExxonMobil, dont l'ancien PDG Rex Tillerson devrait devenir dans les prochains jours le chef de la diplomatie américaine.

En revanche, le conglomérat industriel General Electric a exprimé ouvertement son inquiétude. "Nous avons beaucoup d'employés dans les pays nommés et faisons des affaires un peu partout dans la région" (Moyen et Proche-Orient), rappelle Jeffrey Immelt, le PDG de General Electric (GE), qui a de gros intérêts en Iran et en Irak, deux pays bannis, et craint des représailles.

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