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Intimidation, orientation sexuelle, relations: Safia Nolin à cœur ouvert à «Accès illimité»

Safia Nolin à cœur ouvert à «Accès illimité»
Productions Déferlantes

Est-ce que Safia Nolin aurait été l’une des premières invitées de la nouvelle saison d’Accès illimité si son t-shirt de Gerry Boulet et son discours n’avaient pas suscité un immense tollé au dernier Gala de l’ADISQ? Il y a lieu d’en douter.

Mais, les circonstances ayant été ce qu’elles ont été, et sa popularité ayant connu une montée vertigineuse par la suite, l’attachante chanteuse était la tête d’affiche d’un reportage du magazine culturel qui reprenait l’antenne de TVA, dimanche.

Un tête-à-tête avec Anouk Meunier enregistré en décembre, un tour dans son nouvel appartement (où trône sur un mur, encadré, un set list d’un spectacle d’Éric Lapointe), une réunion dans les bureaux de Bonsound (sa maison de disque), une marche dans Montréal, et le magasinage et la décoration d’un sapin de Noël ont donné lieu à des confidences à cœur ouvert de l’auteure-compositrice devenue sensation de l’heure.

D’entrée de jeu, Anouk Meunier a demandé à Safia Nolin quel bilan elle pose, quelques semaines après la soirée où elle a été sacrée Révélation de l’année.

«La partie de mon discours, je suis encore vraiment fière de ça. Et (rencontrer, ndlr) Céline… Juste ça, pour moi… La plus grosse soirée de ma vie, c’est clairement l’ADISQ 2016. Ce qui en découle… Too bad!», a exprimé Safia, précisant au passage qu’une résidence d’écriture à Banff, à la fin de l’automne, lui a «donné un genre de break».

A-t-elle été troublée par tous les messages haineux reçus dans les jours qui ont suivi le gala? Moins qu’on pourrait le croire, a-t-elle assuré.

«Mes années d’intimidation m’auront servi à ça. Ça fait du sens, toutes ces années où je me suis fait chier… Finalement, pour ne pas être démolie par ça. J’étais déjà émancipée en maudit, je me sens encore plus émancipée. Je me dis : je peux bien faire ce que ça me tente, ça ne peut pas être pire que la fois où j’ai mis un t-shirt de Gerry Boulet à l’ADISQ… En même temps, il y a tellement eu de belles choses qui ont découlé de ça…»

Par exemple, la jeune femme a raconté avoir reçu des lettres d’élèves d’une classe de sixième année en entier, dont un petit garçon qui lui a écrit «Bientôt, tu seras une star mondiale».

«Les gens qui écrivent de la marde sur Internet, les chroniqueuses et chroniqueurs pas fins, eux, ils ne reçoivent pas de lettres d’enfants de 11 ans qui disent qu’ils les aiment…», s’est émerveillée Safia Nolin.

Cauchemar

Après une «tournée de câlins» auprès de tous les employés de Bonsound, Safia Nolin a expliqué à Anouk Meunier pourquoi elle se jure de ne jamais écrire de chansons joyeuses.

«Je drope le micro si ça arrive (…) Je trouve ça plate. Moi, j’en écoute, des fois, des tunes joyeuses, je trouve ça nice, même si j’ai une préférence pour les tunes tristes. Sauf que, moi, en faire, ça ne marche pas…»

Safia Nolin avait environ six ans lorsqu’elle a commencé à vénérer Céline Dion et à rêver de devenir chanteuse. Celle qui est née d’un papa algérien, qui a grandi à Ste-Foy, et qui a changé d’école sept fois avant d’abandonner les études à 15 ans en raison de l’intimidation qu’elle subissait aspirait à jouer de la guitare à l’adolescence et a appris via Internet.

«Une partie défavorisée, une partie moins défavorisée, une partie re-défavorisée. C’était vraiment des montagnes russes», a résumé la jeune artiste pour décrire sa jeunesse, pendant laquelle elle a régulièrement pensé à commettre l’irréparable.

«Avant de faire de la musique, je n’étais pas sûre si j’allais continuer. C’était tellement dark! Ca se peut que je m’aurais crissé une balle dans la tête (sic) Parce que j’avais rien… J’avais juste ma sœur et ma mère, pendant, genre, cinq ans. Je n’avais aucun but de vie, je travaillais au Village des valeurs (…) Je travaillais, c’était de la marde, j’haïssais ma vie, tellement solide…»

«Quand j’ai lâché l’école, mes amis n’ont pas suivi, a continué Safia, expliquant les raisons de sa solitude. Quand tu ne finis pas ton secondaire, tu ne vas pas à l’école à l’adolescence, on dirait que tu t’exclus de la société. Je me suis comme réveillée… L’après-midi, je ne mangeais pas, je ne me lavais pas, je jouais au Xbox, je pleurais, j’allais me coucher, et je recommençais ça (…)»

Un jour, elle a été terrassée par une crise de panique à 6h du matin, en réalisant que «le temps passait».

«Tu te dis: je vais-tu me virer de bord à 30 ans et faire : ça fait 10 ans que je fais ça, que je suis en dépression et que je fais rien?», a illustré Safia.

«Je fais des cauchemars de cette période-là de ma vie. Quelqu’un me donnerait un milliard, je ne retournerais jamais là une minute», a-t-elle épilogué sur ce chapitre.

En amour

En ornant son sapin de Noël, Safia Nolin a détaillé à Anouk Meunier à quel point elle a de la facilité à se lier d’amitié avec les gens, à «devenir BFF» avec eux, même si cela lui a parfois causé des déceptions.

«Mon cerveau me dit tout le temps : vaut mieux s’ouvrir et se faire mal que de se fermer et rien sentir.»

Elle ne cache pas vivre aujourd’hui une sorte de réadaptation, après avoir passé cinq ans sans amis dans sa vie. Sa participation au Festival international de la chanson de Granby, en septembre 2012, a marqué le début de certaines amitiés et, depuis quatre ans, cet aspect de sa vie a continué de fleurir, a souligné Safia.

Et l’amour? «Je veux pas parler de ça, ça me rend gênée», a ricané celle qui se dit amoureuse en ce moment.

«Je n’ai jamais vécu ça, ça me fait peur… C’est comme quand le monde dit que pleurer, c’est pour les faibles. On dirait que, pour moi, dans ma tête, l’amour, c’est pour les faibles…»

Selon ses dires, Safia Nolin avait auparavant tendance à s’amouracher de personnes avec qui «c’était impossible que ça arrive». De surcroît, elle n’avait jamais réellement cru au couple.

«Je me sens conne d’avoir dit toutes ces choses-là. Dans le fond, je ne savais rien… »

Au sujet de son orientation sexuelle, Safia se montre très honnête.

«Moi, je ne me cache pas… Je peux être facilement attirée par un gars, et attirée par une fille… Et j’espère sérieusement qu’on va venir à bout d’avoir besoin de faire des comings out. Je trouve ça niaiseux, je trouve ça triste.»

L’entretien d’Anouk Meunier et Safia Nolin s’est terminé sur des images du concert unplugged offert par cette dernière à la Chapelle Notre-Dame du Bon Secours, à Montréal, avant les Fêtes. «Ma grosse leçon de toute cette shit, de l’année et demi que je viens de passer, c’est : respecte-toi et aime-toi. C’est tout», a sagement et doucement conclu Safia.

Et que doit-on lui souhaiter pour 2017?

« De la santé et du bonheur, c’est assez pour moi.»

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