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L'ONÉ fait table rase sur les audiences d'Énergie Est; le processus redémarre

L'ONÉ reprend depuis le début les audiences sur Énergie Est
Paul Chiasson/PC

Dans un geste rarissime, l'Office national de l'énergie (ONÉ) fait table rase sur les audiences de l'oléoduc Énergie Est, qui devront reprendre depuis le début, une décision qui donne d'autres munitions à ceux qui remettent en question la raison d'être du projet de TransCanada.

Le comité formé de Don Ferguson, Carole Malo et Marc Paquin, qui a été formé le 9 janvier, a ainsi annulé toutes les décisions prises ou rendues préalablement par les anciens commissaires.

"Il y a eu des erreurs dans le processus, maintenant on est déterminé à remettre ce processus-là sur les rails", a affirmé un porte-parole de l'ONÉ, Marc Drolet, vendredi, au cours d'un entretien téléphonique.

Les ex-commissaires avaient démissionné en septembre, alors que l'ONÉ faisait l'objet d'allégations de partialité. Deux d'entre eux, soit Lyne Mercier et Jacques Gauthier, avaient rencontré secrètement l'ex-premier ministre du Québec Jean Charest, alors que ce dernier agissait comme consultant pour TransCanada, le promoteur du projet Énergie Est.

D'après l'organisme fédéral, TransCanada n'aura pas à déposer une nouvelle demande pour son projet. La même mesure s'appliquera à ceux qui avaient déjà demandé à se faire entendre dans le cadre des audiences. Si le comité d'audience juge que la demande de l'entreprise est complète, un nouveau délai de 21 mois pour l'analyse débutera.

Toutefois, la reprise des audiences risque de retarder la

décision de l'ONÉ à l'égard d'Énergie Est. On prévoyait initialement

que le comité devait fournir son rapport de recommandations en mars

2018, ce qui aurait permis au gouvernement Trudeau de prendre une

décision au plus tard en septembre 2018.

"Nous n'avons pas besoin d'Énergie Est et si on voulait sauver de l'argent, nous n'aurions pas besoin des audiences de l'ONÉ", a commenté le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui regroupe 82 municipalités, Denis Coderre.

Au cours d'une mêlée de presse en compagnie du premier ministre Philippe Couillard, le maire de la métropole a estimé que TransCanada n'avait plus besoin d'Énergie Est étant donné que son projet Keystone XL a été relancé aux États-Unis par le président Donald Trump.

De son côté, M. Couillard a estimé que la décision de l'Office se traduirait par environ deux ans de délais supplémentaires, en remettant en question l'argument selon lequel Énergie Est demeure nécessaire pour acheminer du pétrole de l'Ouest vers le Québec.

"Il s'y rend déjà avec l'inversion (de la Ligne 9B) d'Enbridge, a-t-il dit. La preuve est à faire sur cet élément."

La décision de l'Office a été accueillie favorablement par les écologistes, qui craignent toutefois une reprise des audiences avant que le gouvernement Trudeau puisse avoir terminé la réforme de l'organisme fédéral.

"Ils doivent prendre le temps de moderniser l'ONÉ, a dit le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, au cours d'un entretien téléphonique. Il est essentiel de régler les graves problèmes structurels de l'ONÉ et son biais pro-industrie introduit par le gouvernement Harper."

Environmental Defence, qui avait déposé une demande à l'ONÉ exigeant le redémarrage du processus, a exprimé une position similaire à celle de Greenpeace.

Pour sa part, TransCanada s'est montrée prudente dans ses commentaires, affirmant, dans une déclaration envoyée par courriel, qu'elle comptait analyser la décision de l'ONÉ.

L'entreprise, qui n'a pas accordé d'entrevues, a toutefois affirmé qu'Énergie Est "conserve toute son importance stratégique" pour les raffineries du Québec et du Nouveau-Brunswick.

"Énergie Est représente une nouvelle possibilité d'acheminer le pétrole canadien vers le marché, de façon plus sécuritaire et avec moins d'émissions que par voie ferroviaire", a fait valoir son porte-parole, Tim Duboyce.

Elle n'a pas voulu dire si la mise en service de son projet de 15,7 milliards $ initialement prévue pour 2020 serait retardée.

L'oléoduc de 4600 kilomètres devrait acheminer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Au Québec, on prévoit la construction de 648 kilomètres de canalisation.

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