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Dakota Access: les Sioux de Standing Rock veulent rencontrer Donald Trump

Dakota Access: les Sioux de Standing Rock veulent rencontrer Donald Trump
Radio-Canada

Opposés au projet de pipeline Dakota Access, que le président Donald Trump veut relancer, les Sioux de Standing Rock, au Dakota du Nord, espèrent pouvoir plaider leur cause auprès de lui. Mais ils se préparent aussi à livrer une bataille judiciaire, alors que certains des manifestants qui les appuient entendent poursuivre leur mouvement de protestation près de leur réserve.

Dans une lettre envoyée mercredi au président Trump, et mise en ligne le lendemain, le président de la communauté sioux de Standing Rock, sollicite un entretien, « de dirigeant à dirigeant », auprès du président nouvellement en poste.

Plus tôt cette semaine, le président Trump a signé un décret présidentiel visant à relancer deux projets d'oléoducs controversés, dont celui de Dakota Access, qui doit passer à proximité de la réserve. L'oléoduc est terminé, à l'exception d'une portion du tracé située sur des terres fédérales près du lac Oahe, un réservoir du fleuve Missouri.

En décembre, le corps des ingénieurs de l'armée américaine, qui administre ces terres, a refusé d'accorder à Energy Transfer Partners (ETP), la pétrolière derrière le projet de 3,8 milliards de dollars, le permis lui accordant un droit de passage. En plus d'inviter l'entreprise à modifier son tracé, il a du même souffle commandé une analyse environnementale plus poussée, une décision qui aurait retardé le projet pendant au moins deux ans.

Le document signé par le président Trump ordonne cependant aux agences d'accélérer leurs analyses et leur approbation de la portion restante de l'oléoduc.

Ce décret « aura des conséquences directes sur la vie des citoyens de ma bande, sans consultation aucune », déplore le leader autochtone dans sa missive au ton très direct. Les Sioux craignent notamment que le pipeline empoisonne la rivière Missouri, dans laquelle ils puisent leur eau potable, en plus de mettre en péril les lieux sacrés.

En entrevue à CBC, Dave Archambault a critiqué le décret présidentiel, en des termes faisant allusion au slogan électoral de Donald Trump.

«Ceci ne redonne pas sa grandeur à l'Amérique. Ça la rend plus mauvaise et ça contamine la Terre.» - Dave Archambault, président de la communauté sioux de Standing Rock, en entrevue à CBC

Un soutien important

Dave Archambault rappelle en outre au président américain que sa communauté a bénéficié d'une vague de solidarité à l'extérieur des cercles autochtones. « Ceci n'est pas seulement un mouvement amérindien, c'est aussi le mouvement de la classe ouvrière et rurale, dont on ignore souvent la voix au profit de voisins plus puissants », écrit-il.

Des millions de citoyens continueront d'appuyer Standing Rock aussi longtemps que l'administration enverra le signal que les projets d'infrastructure sont « menés par un désir corporatiste plutôt que par les valeurs américaines ». Le président Archambault note au passage les « liens serrés » qui unissent le président et ses associés à Energy Transfer Partners, et Sunoco, avec laquelle elle doit être fusionnée.

Pendant la campagne présidentielle, le Guardian révélait que Donald Trump, qui a depuis remis les rênes de ses entreprises à ses fils, détenait des investissements totalisant des centaines de milliers de dollars dans des entreprises liées au projet.

Celui qu'il veut nommer secrétaire de l'Énergie, Rick Perry, siégeait pour sa part au conseil d'administration d'ETP et de Sunoco, mais a démissionné au début du mois.

Livrer le combat à Standing Rock ou le transporter ailleurs?

S'il se dit reconnaissant du soutien offert par les manifestants qui ont campé près de la réserve, le président Archambault néanmoins estime qu'il est temps d'adopter une autre stratégie.

La bataille pour faire valoir les droits ancestraux de sa communauté doit maintenant se transporter sur le terrain judiciaire, mais aussi à Washington D.C., a-t-il dit à CBC.

Il y a quelques jours, le conseil de bande de Standing Rock a d'ailleurs unanimement voté en faveur de la requête du district de Cannon Ball, qui demande aux manifestants de quitter le secteur.

Cette position reflète l'appel lancé par le président Archambault depuis la victoire politique que lui avait procurée le corps des ingénieurs de l'armée, en décembre. Les campements représentent une menace pour la sécurité des manifestants, en raison de la rigueur de l'hiver et des risques éventuels d'inondations printanières, soutient-il.

Les manifestants, qui se sont à certains moments comptés par milliers, ont vu leur nombre fondre à environ 300.

Si plusieurs se sont pliés à la demande des Sioux, d'autres entendent rester sur place, une position accentuée par le décret présidentiel. « Je ne vais pas rentrer chez moi et tenter d'oublier. Je vais rester et prendre position », explique à Travis Harden, un Sioux de la communauté avoisinante de Cheyenne River, interviewé par CBC.

«Le combat se poursuit et nous appelons tout le monde à revenir.» - Travis Harden, qui manifeste contre Dakota Access

Le mouvement « implose et c'est triste », reconnaît Dave Archambault. « Nous allons y faire face de la meilleure façon possible. »

Il n'est pas le seul à demander aux manifestants de se disperser. Le groupe Indigenous Environmental Network, l'un des organisateurs du campement principal, a demandé aux citoyens restés sur place de manifester leur opposition à travers le pays tout entier plutôt que seulement au Dakota du Nord.

Pendant plusieurs mois, des membres de quelque 300 nations autochtones, venus entre autres de Californie, de Floride ou d'Hawaï - mais aussi de la Côte-Nord du Québec, du Manitoba, de la Colombie-Britannique, du Mexique ou bien d'Australie - et des non-Autochtones ont convergé vers la réserve de Standing Rock.

Le chef innu de Mingan, Jean-Charles Piétacho, qui a manifesté à cinq reprises près de la réserve, compte d'ailleurs y retourner.

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