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Jean-Sébastien Girard: la petite histoire d'un succès tardif (ENTREVUE)

Jean-Sébastien Girard: la petite histoire d'un succès tardif

De l’extérieur, on pourrait croire que Jean-Sébastien Girard réalise enfin les rêves qu’il chérit depuis des lunes en étant tour à tour coanimateur à La soirée est (encore) jeune, bras droit de Véronique Cloutier à l’émission Votre beau programme et humoriste de scène, grâce au spectacle Prédictions 2017. Pourtant, il ne se destinait pas du tout aux communications. Et s’il s’est longtemps imaginé sur scène, c’était pour y faire du théâtre, et non de l’humour.

Tu fais de la radio, de la télé et de l’humour, mais qu’espérais-tu devenir quand tu étais plus jeune?

Je voulais être comédien. J’étais en option théâtre au secondaire et j’ai continué jusqu’au bac en art dramatique à l’UQAM. J’ai longtemps cru que c’est ce que je ferais. Au secondaire, j’étais le meilleur de ma classe et j’étais super valorisé. Mais à l’université, je me suis retrouvé avec les meilleurs de chaque école et j’étais l’un des moins bons. Les profs remettaient en question ma présence dans le programme et ce que je faisais n’était jamais transcendant. Durant la dernière année, je savais que je n’en ferais pas un métier, mais je voulais me rendre jusqu’au bout.

As-tu travaillé dans le domaine un peu?

Notre pièce de fin de programme a été présentée au théâtre La Chapelle pour une vingtaine de représentations. Quand je rentrais dans les loges, je regardais l’heure comme si je travaillais dans une shop et que j’avais hâte que ça finisse. J’ai vraiment confirmé que ce n’était pas pour moi. Mais pendant un an, j’ai vivoté comme un acteur cliché qui vient de finir l’école. J’ai joué des chevaliers médiévaux et des lutins dans des spectacles présentés dans les écoles de banlieue.

Comment as-tu débuté en communications?

Je ne savais pas où je m’en allais. En 2000, je regardais l’émission Jamais sans mon livre, animée par Marie-Louise Arsenault. J’ai pensé que j’aimerais y travailler. J’ai appelé la productrice pour lui dire que j’aimerais être recherchiste, mais si je ne savais pas ce que c’était vraiment. Elle m’a offert un stage sur une autre émission.

Quand as-tu senti que tu avais trouvé ta place?

Ça m’a pris un certain temps. J’étais tellement détruit dans mon rêve précédent que j’étais juste content d’être recherchiste. Je croyais que mon rôle n’était pas d’être derrière un micro ou devant une caméra, mais plutôt un travailleur de l’ombre. Je me considérais chanceux de faire un job que j’aimais avec des gens trippants. Peu à peu, j’ai fait des remplacements en tant que chroniqueur culturel. Je trouvais ça correct.

De quelle façon est apparu le ton irrévérencieux auquel on t’associe aujourd’hui?

C’est arrivé par la bande, sans que je m’en rende compte. J’ai un ton naturellement décapant. Et en 2010, alors que je faisais des reportages sérieux à l’émission de Dominique Poirier, qui me trouvait pas mal drôle en réunions, elle m’a suggéré de faire des capsules comme celle de Madame Chasse-Tâche à l’époque. Je trouvais ça absurde qu’un gars, de nos jours, donne des conseils pour conserver ses oignons. Le personnage de Monsieur Truc a amené un délire qui a duré deux ans. À l’été 2012, on m’a demandé de faire des reportages flyés pour La soirée, avant de m’intégrer sur le plateau. Je n’avais jamais envisagé faire de l’humour avant ça.

Cinq ans plus tard, tu as présenté un spectacle d’humour avec les gars de La soirée et Fabien Cloutier. Quelle critique ferais-tu de Prédictions 2017?

Comme on n’a pas rôdé le spectacle, c’était très périlleux. Dix jours avant de débuter, j’anticipais autant un triomphe qu’un échec. Après des mois à travailler sur les mêmes blagues, on ne se faisait plus rire. Mais dès la première représentation, ça s’est super bien passé. Avec le temps limité qu’on a eu, je suis pas mal satisfait. Il faut dire que le public qui nous suit est vraiment hot. Quand on arrive sur scène, on a l’impression d’être un boys band! Les gens surréagissent et comprennent nos runnings gag et nos références à des émissions d’il y a un an. En contrepartie, peut-être que c’était un spectacle très autoréférentiel qui s’adressait surtout à nos fidèles. Quelqu’un qui venait nous voir sans connaître les personnages de l’émission s’est peut-être senti un peu largué. Ou pas.

Malgré quelques bémols ici et là, la critique a été majoritairement bonne. Est-ce que ça vous préoccupait?

On joue le jeu de ceux qui s’en foutent, mais on ne s’en fiche pas. Surtout après l’échec du numéro qu’on avait présenté à Québec, certains journalistes disaient qu’on ne ferait jamais de spectacle d’humour. Si on s’était fait ramasser cette année, ça aurait pu coûter cher pour l’émission de radio. Alors, on était extrêmement contents de lire de bonnes critiques.

En cette ère de prudence humoristique, êtes-vous allés aussi loin que vous l’auriez voulu?

Oh oui! Plus loin encore qu’à la radio, même si on s’étonne toujours de la grande liberté que nous donne Radio-Canada. Par exemple, on va offrir une captation du spectacle qui sera diffusée sur Première+ et on doit faire le ménage, car on s’est tout permis sur scène. On est allé vraiment très loin, sans jamais se questionner à savoir si c’était peut-être un peu trop rough.

Prévoyez-vous faire d’autres spectacles?

Rien n’est décidé, mais on réfléchit à l’idée de recommencer l’an prochain et d’en faire une tradition. Le rapport plus direct qu’on a avec la foule sur scène, j’ai trouvé ça extraordinaire! C’est une grande découverte. Je veux refaire de la scène toute ma vie!

Cet hiver, on te voit également à la télé dans Votre beau programme. Trois semaines après les débuts de l’émission, sais-tu davantage quel est ton rôle?

Ce n’est pas très clair présentement. Je devais participer beaucoup plus durant la première, mais on était en direct, on a manqué de temps et on a supprimé plusieurs segments où je devais intervenir. J’étais absent pour la deuxième, parce que j’étais en spectacle. Et je dois revenir à la troisième et m’approprier ma place. On va s’assurer de protéger certaines de mes interventions, car je ne peux pas seulement être l’annonceur qui envoie à la pause. Jusqu’à présent, je n’ai pas démontré mon utilité.

As-tu accepté le mandat pour rejoindre un grand public comme Jean-Philippe Wauthier le fait en animant Les Dieux de la danse?

Je pense que oui. Je veux entrer dans plus de salons. Je ne peux pas juste me nicher à La soirée. Il va y avoir une vie après. J’aimerais ça que la madame me trouve sympathique, sans que ceux qui écoutent La soirée me trouvent édulcoré. Et dans le futur, j’aimerais avoir ma propre émission et faire des entrevues. Je développe des projets avec une boîte de production pour faire des pitchs en vue de l’automne.

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