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Débat à la chefferie du Parti conservateur : la gestion de l'offre au cœur des échanges

Débat à la chefferie du Parti conservateur : la gestion de l'offre au cœur des échanges

QUÉBEC – La promesse de Maxime Bernier d’abolir la gestion de l’offre en agriculture a été au cœur des échanges mardi soir lors de l’unique débat en français de la course à la chefferie du Parti conservateur.

Un peu plus de 400 militants, dont plusieurs supporters des candidats québécois Maxime Bernier et de Steven Blaney, étaient réunis au Centre des congrès de Québec pour ce débat qui portait sur deux grands thèmes : gouvernement et fiscalité, ainsi que sécurité nationale et défense.

La formule pour ce débat à 13 laissait peu de place aux interactions et aux chocs d’idées. Chaque candidat bénéficiait de 50 secondes pour répondre aux questions de la modératrice, l’ex-animatrice de TVA et candidate conservatrice défaite, Pascale Déry. Les candidats pouvaient aussi utiliser deux droits de réplique de 30 secondes, à utiliser au moment de leur choix en brandissant un carton rouge.

L’Ontarienne Kellie Leitch a utilisé son premier «carton rouge» avant même le début des échanges pour attaquer la volonté de Maxime Bernier d’abolir la gestion de l’offre. «Quand il était ministre de l’Industrie, il a subventionné les grandes entreprises pour plus de 200 millions$. Maxime n’a pas de leçon de transparence et de consistance à donner. Maxime est un menteur et un imposteur», a-t-elle lancé d’entrée de jeu.

Le principal intéressé s’est défendu en affirmant qu’il a mené bataille au sein du caucus du gouvernement Harper pour l’abolition de la gestion de l’offre. «Mais je n’ai pas réussi», a-t-il expliqué.

Son collègue de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis a saisi la balle au bond : «Tu fais ta campagne sur le dos des fermiers de ta région», lui a lancé Steven Blaney.

Le Beauceron est le seul à se positionner clairement en faveur de l’abolition des quotas pour les producteurs québécois, ce qu’il qualifie de «cartel».

Sa position lui a valu quelques huées dans la salle. Même un de ses jeunes partisans rencontré en début de soirée hésitait à voter pour le Beauceron en raison de sa promesse controversée. «Je suis venu pour me faire une tête sur sa promesse», a expliqué Samuel Fillion-Doiron.

Maxime Bernier, lui, affirme que les huées entendues mardi soir étaient le fait de producteurs agricoles présents dans la salle. «Je ne travaille pas pour eux, a-t-il expliqué en conférence de presse. […] Moi, je parle pour la majorité silencieuse. De toute évidence, la majorité silencieuse n’était pas dans la salle ici ce soir.»

Immigration

L'immigration et le terrorisme ont également été au coeur des échanges. Kellie Leitch a martelé qu'il était nécessaire de faire passer des entrevues face à face à ceux qui désirent s'établir au Canada.

L'ancien ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Chris Alexander, a répliqué en affirmant qu'il voyait-là une occasion en or pour les terroristes potentiels de «mentir» aux agents d'immigration. Il a plutôt défendu le principe de révocation de la citoyenneté pour les Canadiens possédant une double nationalité reconnus coupables de terrorisme, une mesure qu'il avait portée à bout de bras alors qu'il était au cabinet de Stephen Harper.

Michael Chong (Photo : PC)

Cette question a profondément divisé les candidats, certains, comme Michael Chong, affirmant que cela avait contribué à la défaite des conservateurs en 2015.

Le français malmené

La soirée était également l’occasion pour les candidats de démontrer leur maîtrise, parfois hasardeuse, de la langue de Molière. La plupart d’entre eux ont toutefois réussi à se faire comprendre de l’auditoire, en s’appuyant sur des notes écrites à l’avance.

Seul Deepak Obhrai, né en Tanzanie et élevé en Inde et au Royaume-Uni, s’est avéré complètement incompréhensible en français. Bien conscient de sa difficulté à se faire comprendre de l’auditoire, le député de Calgary Forest Lawn a invité à plusieurs reprises les militants à visiter son site Web. «Ma prononciation est horrible, a-t-il reconnu au cours de la soirée. Mais j’apprends. I will get it.»

Au moment de répondre à la question d’un militant sur les premières nations (une question peu prévisible vu les thèmes retenus), l’ex-ministre Lisa Raitt s’est tournée vers ses notes pour lire des banalités au sujet de son travail sous le gouvernement Harper. La réponse n’avait aucun lien avec la question.

Maxime Bernier (Photo : PC)

L’exercice s’est également avéré ardu pour l’Ontarienne Kellie Leitch et le Saskatchewanais Brad Trost, bien qu’ils aient réussi à s’exprimer grâce à leurs notes. Des militants avaient d’ailleurs confié la veille au quotidien Le Devoir leur crainte que des questions soient partagées à l’avance avec les candidats unilingues anglophones afin de leur permettre de se préparer.

Un grand absent

Le grand absent du débat était Kevin O'Leary, qui devrait se lancer dans la course pas plus tard que mercredi à Toronto, selon la CBC.

Sur Twitter, il a toutefois commenté le débat, déplorant entre autres qu'on n'y aborde pas beaucoup le thème de la création d'emplois.

En se portant officiellement candidat mercredi, l'homme d'affaires et vedette de la télévision unilingue anglophone n'aura donc pas eu à affronter ses collègues dans une langue qu'il ne parle pas du tout.

L'ancien «dragon» de l'émission Dragon's Den laissait déjà entendre que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne prenne place sur la ligne de départ. La semaine dernière, il avait divulgué les réflexions d'un comité «exploratoire», qui concluait dans un rapport qu'il avait commandé que M. O'Leary serait «clairement sur le chemin de la victoire» s'il se lançait.

L'arrivée dans l'arène de ce néophyte en politique, bien connu du public et qui n'a pas la langue dans sa poche, changera assurément la donne dans cette course. Avant même qu'il ne se porte candidat, certains de ses adversaires l'avaient montré du doigt, l'ex-ministre Lisa Raitt allant jusqu'à créer un site web pour bloquer sa candidature.

Le nouveau chef conservateur sera élu le 27 mai.

Avec La Presse canadienne

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