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Débat en français du PCC: les députés du Québec ont les candidats à l'oeil

Le ton monte à quelques heures du seul débat en français du Parti conservateur du Canada.

OTTAWA – Le ton monte à quelques heures du seul débat en français du Parti conservateur du Canada. Les 13 candidats devront démontrer s’ils sont aptes à s’exprimer dans la langue de Molière, et tant pis pour ceux qui échoueront à la tâche, estiment certains députés du Québec.

Alupa Clarke, député de Beauport-Limoilou, ne s’en cache pas : il voulait appuyer un candidat francophone à tout prix dans la course à la direction de son parti. Il confirmera finalement qu’il se rangera derrière le député de Beauce Maxime Bernier, mardi matin, lors d’un point de presse à Québec.

Après Jacques Gourde, un deuxième député du Québec appuie Maxime Bernier. (Photo: PC)

« C’est le temps d’avoir un chef francophone à la tête du parti, a-t-il fait valoir en entrevue. Quand je dis Canadien français, ç’aurait pu être un Acadien, un Québécois ou même un Franco-Manitobain. Je n’ai aucune honte à le dire : à l’heure où nous en sommes en ce moment, ça nous prend un chef canadien français. »

Même son de cloche de la part du sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais qui, dans une lettre envoyée au Devoir, somme les députés québécois d'appuyer un député de l’est du pays. L’ex-policier voit en l’ancien ministre Steven Blaney une « valeur sûre » pour le parti.

Alain Rayes, député de Richmond-Arthabaska, a plutôt décidé d’appuyer le candidat de la Saskatchewan Andrew Scheer. Il en a fait l’annonce la semaine dernière aux côtés de ses collègues Luc Berthold et Pierre Paul-Hus. Sylvie Boucher, qui appuie aussi Andrew Scheer, était à l’extérieur du pays au moment de la conférence de presse.

« S’il y en a qui partent parce qu’ils ne sont pas bilingues, tant pis pour eux! »

— Alupa Clarke

Rayes dit qu’il devait absolument appuyer un aspirant-chef qui peut s’exprimer dans les deux langues officielles, peu importe sa province d’origine. Scheer, qui a grandi à Ottawa, a appris le français très jeune, mais est un peu rouillé de son propre aveu.

« Si son français n’avait pas été acceptable à mes yeux, malgré toutes ses belles qualités, je ne l’aurais pas appuyé parce que, pour moi, c’est essentiel de pouvoir s’exprimer aux 10 millions de Canadiens dont la première langue est le français », a indiqué l’ancien maire de Victoriaville.

Des abandons à prévoir?

Le dernier débat à Moncton, qui était bilingue, avait été quelque peu laborieux pour certains candidats, qui avaient les yeux rivés sur leurs notes pour répondre aux questions quand ils devaient répondre en français.

Certains d’entre eux ont décidé de suivre des cours intensifs, en plus de cours privés avec un professeur, afin de se préparer au débat francophone. Les candidats Lisa Raitt, Kellie Leitch, Andrew Scheer et Brad Trost étaient déjà à Québec la semaine dernière pour une immersion en français.

Est-ce que leurs efforts seront récompensés? Chose certaine, le caucus du Québec sera attentif aux échanges entre les 13 candidats.

Plusieurs candidats, dont Kellie Leitch, suivent des cours de français. (Photo: PC)

« Je pense que ceux qui ne réussiront pas à faire une démonstration acceptable [de leurs connaissances en français] seront disqualifiés d’office, à titre personnel. Je pense que ce sera le cas pour plusieurs personnes au Québec, et je dirais même au Canada », croit Alain Rayes.

Alupa Clarke, pour sa part, pense qu’il est « inévitable » que des candidats lâcheront prochainement. Mais il dit d’avoir « aucune pitié » pour les anglophones qui abandonneront parce qu’ils sont incapables de s’exprimer dans la deuxième langue officielle.

« S’il y en a qui partent parce qu’ils ne sont pas bilingues, tant pis pour eux! » s’exclame le député de Beauport-Limoilou.

« Nous, les Canadiens français, quand on va à Ottawa, il faut qu’on parle en anglais, souvent. Il y a des contextes, parfois, où personne ne peut nous comprendre. Il n’y a pas toujours des traducteurs qui sont là pour nous aider. C’est tough, là. Mais nous, on ne pleure pas, les Canadiens français », dit-il.

Une question de « respect »

Un potentiel candidat, l’homme d’affaires Kevin O’Leary, a été critiqué par ses adversaires pour son refus initial d’apprendre le français. Il avait d’abord déclaré parler « la langue des affaires », puis a suggéré que « les Québécois de 18 à 35 ans sont presque tous bilingues » en décembre.

Dans les derniers jours, O’Leary a confirmé à divers médias qu’il prenait des cours de français et qu’il s’améliorait à tous les jours. Mais ces nouvelles résolutions ne séduisent pas tout le monde, d’autant plus que le Montréalais d’origine ne participera pas au débat de Québec.

Kevin O'Leary a souvent été comparé à Donald Trump. (Photo: PC)

« Je suis très préoccupé avec [ses récentes déclarations] parce qu’il faut être bilingue pour devenir chef et on ne peut pas dire : "Peut-être que je dirai quelques phrases." Ça prend plus que ça », a déclaré Gérard Deltell, député de Louis-Saint-Laurent, qui n’a toujours pas pris position.

« Si je ne peux pas vous dire qui je vais appuyer dans cette course, je vais vous dire qui je n’appuierai pas. Le seul que je peux vous confirmer, c’est M. O’Leary », a rétorqué Joël Godin, député de Portneuf-Jacques-Cartier.

« Je trouve ça inacceptable qu’un potentiel candidat à la chefferie puisse dire que les Canadiens français comprennent bien l’anglais et qu’il n’a pas besoin d’apprendre le français, a-t-il poursuivi en entrevue. Les Québécois sont très intelligents, mais par respect, il faut leur parler en français. »

« Il y a des gens qui se sont gardés des munitions, je pense, pour sortir des lapins de leur chapeau vers la fin de la campagne »

— Bernard Généreux

Le débat de Québec, animé par l’ancienne journaliste Pascale Déry, qui a été candidate conservatrice aux élections de 2015, portera sur deux thèmes, soit le gouvernement et le fardeau fiscal, et la sécurité nationale et la défense.

« La vraie campagne commence [cette semaine] », dit Bernard Généreux, député conservateur de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, qui précise qu’il s’agit de son avis personnel.

« Il y aura un débat d’idées qu’il n’y a pas encore eu à date. Il y a des gens qui se sont gardé des munitions, je pense, pour sortir des lapins de leur chapeau vers la fin de la campagne. »

Alupa Clarke espère, pour sa part, que les aspirants chefs vont « débattre pour de vrai ». « J’en ai plein le casque d’entendre des points de discussion pathétiques. »

Des députés pas pressés

Généreux, qui n’a pas encore confirmé s’il allait appuyer un candidat ou un autre, dit qu’il va se « garder une réserve assez loin dans la course » en raison de son rôle comme président du caucus du Québec de l’opposition officielle.

L’élu de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup a toutefois déjà déclaré à Maxime Bernier, qui veut abolir la gestion de l’offre, qu’il n’aurait pas son appui puisqu’il y a plusieurs fermes laitières et d’éleveurs de volailles dans sa région du Bas-Saint-Laurent.

Il trouve également que Kellie Leitch parle beaucoup d’immigration, alors que ce n’est « pas un enjeu absolu » dans sa circonscription.

Joël Godin, pour sa part, attendra au 24 février – date limite pour soumettre les candidatures – pour voir l’ensemble des personnes qui souhaitent devenir chef du Parti conservateur et décider s’il prend position ou reste neutre.

« Il n’y a pas d’obligation pour un député de prendre position. Le 28 mai prochain, il faudra travailler tout le monde ensemble. »

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