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Conseil national du PQ - Français: la proposition de Lisée divise les membres

Français: la proposition de Lisée divise les membres

QUÉBEC – Avec ses nouvelles propositions en matière de langue, le nouveau chef péquiste veut éviter de diviser les Québécois. Mais il devra d’abord convaincre les membres de son propre parti.

Jean-François Lisée a présenté les mesures de défense de la langue française aux quelque 500 militants réunis au Centre des congrès de Québec, samedi, pour le Conseil national du Parti québécois. Les congrès de circonscriptions, puis régionaux et de l’aile jeunesse, étudieront ensuite les propositions et proposeront leurs amendements en vue du congrès national du parti en septembre prochain.

«On ne va pas assez loin, déplore l’ex-syndicaliste et ténor du défunt SPQ-Libre, Marc Laviolette. La langue au Québec, la langue française, est en recul présentement et il faut prendre des mesures plus que ça.»

«Je suis convaincu qu’il va y avoir des amendements», dit-il. Marc Laviolette reproche au nouveau chef péquiste son attitude «bon-ententiste».

Principale pierre d’achoppement, le nouveau chef veut reléguer aux oubliettes l’imposition de la Loi 101 aux cégeps, actuellement au programme du Parti québécois. Pourtant, cette proposition était «passée comme une balle» lors du dernier congrès, se rappelle Marc Laviolette.

Exit, également, le retrait du statut de ville bilingue aux municipalités qui ne compte plus suffisamment de citoyens anglophones et l’obligation pour les militaires canadiens d’envoyer leurs enfants à l’école francophone, deux mesures prévues par le projet de loi 14 du gouvernement Marois, mort au feuilleton.

Souvent placée dans le camp des «purs et durs», la députée Martine Ouellet souhaiterait également des mesures plus importantes. Durant la course à la chefferie, elle a proposé d’interdire l’affichage en anglais. «Je souhaite faire du français la véritable langue officielle du Québec», a-t-elle dit à son arrivée au Conseil national. Le débat sur la question se fera au sein des instances régionales, a-t-elle ajouté.

Faire preuve d’«audace»

L’ex-députée Noëlla Champagne, elle, salue plutôt l’approche du nouveau chef. «Il faut être ouverts et s’adapter à la situation présente, dit-elle, notamment au sujet des parcours en anglais enrichi pour les jeunes francophones qui maîtrisent bien leur langue maternelle. On n’est pas en 1902, on est en 2017.»

Pour sa part, le député François Gendron estime que la proposition ne représente pas un recul par rapport aux positions du gouvernement Marois. «Au contraire, il y a une grande bonification», estime-t-il.

En effet, plusieurs mesures risquent de faire grincer des dents dans la communauté anglophone. La proposition principale stipule notamment qu'un gouvernement péquiste soumettrait les entreprises comptant de 25 à 49 employés à la Charte de la langue française et à la procédure de certification en francisation. Un gouvernement péquiste verrait aussi à appliquer la loi 101 aux entreprises de juridiction fédérale.

Le secteur de l'éducation ne serait pas épargné: les étudiants de cégep anglophones devraient subir un examen de français pour obtenir leur diplôme.

Un gouvernement Lisée entamerait également «un dialogue» avec les universités afin que le français «soit une condition d’obtention» des diplômes des étudiants nés au Québec.

Dans les programmes contingentés, les enveloppes budgétaires pourraient être allouées de façon à respecter «une répartition linguistique plus respectueuse du poids du français et de l’anglais au Québec». Par exemple, des sommes plus importantes pourraient être allouées à la faculté de médecine de l’Université de Montréal qu’à celle de McGill, afin de respecter les ratios de médecins francophones et anglophones, explique le porte-parole du parti.

Le chef péquiste s'est aussi engagé à faire en sorte de conserver une majorité de francophones sur l'île de Montréal, par diverses mesures de rétention.

De plus, les immigrants devront maîtriser le français avant leur arrivée au Québec. Les réfugiés, eux, seront rémunérés pour apprendre le français.

«Nous allons faire preuve d’une nouvelle audace, a lancé le chef péquiste lors de son discours d’ouverture. Jamais auparavant, notre parti, même sous Camille Laurin, n’a proposé de réclamer une réelle connaissance du français à 100% des nouveaux arrivants et leurs conjoints et conjointes, avant qu’ils ne prennent leurs billets d’avion pour arriver chez nous.»

Il ajoute : «Jamais, nous n’avions proposé un examen de français, sérieux, opérationnel, obligatoire, pour l’obtention des diplômes de cégeps et d’universités anglophones ». Le chef péquiste estime que ces mesures feront «reculer le nombre d’unilingues anglophones au Québec à la sortie de chaque cohorte de cégeps et d’universités».

«L’effet combiné de ces mesures nous permettra d’enrayer le déclin du français et de prolonger puissamment le grand effort de la Loi 101», a-t-il lancé.

Jean-François Lisée souhaite ainsi éviter les débats diviseurs. «Et si on faisait exprès, ensemble, de choisir les combats qui sont à la fois les plus efficaces pour le français et les plus rassembleurs?», a-t-il demandé à l’audience.

Avec La Presse canadienne

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