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«Une mort accidentelle»: François Archambault explore le crime d'un chanteur célèbre (ENTREVUE)

«Une mort accidentelle»: Et si un chanteur célèbre tuait une animatrice vedette?
Rolline Laporte

Quand il est question d’une vedette accusée de meurtre, on pense tout de suite au footballeur O.J. Simpson, au chanteur Bertrand Cantat ou, plus récemment, au para-athlète Oscar Pistorius. De tout temps, les enquêtes et les procès qui ont suivi ces drames ont soulevé les passions, poussant certains admirateurs à croire à l’innocence de ceux qu’ils admirent depuis toujours et d’autres à condamner sur le champ des humains ayant connu la gloire, comme une forme de réaction vengeresse face au destin. Pris au piège par la vie et par leur image, les stars optent pour la vérité ou pour une spirale de mensonges sans fin.

C’est dans ce contexte riche en émotions que l’on retrouve la plume de François Archambault qui, après le mégasuccès de Tu te souviendras de moi, désirait explorer un registre tragique peu fréquenté jusqu’à présent.

«Je fais un clin d’œil très modeste à Shakespeare, qui avait l’habitude de mettre en scène des rois et des princes. Aujourd’hui, les personnages médiatiques qui vivent dans l’attention du public sont les nouveaux rois de notre société, de façon métaphorique. Je trouvais ça intéressant que mon personnage principal soit un chanteur connu et sa victime, une animatrice vedette. Ça me permet de réfléchir à la façon de réagir au drame dans l’œil du public.»

La pièce débute alors que le chanteur est en panique, avec sa blonde morte à ses pieds, après qu’il l’ait poussée lors d’une dispute et qu’elle soit tombée en se cognant la tête mortellement. Lorsqu’il reprend ses esprits, il décide de foutre le bordel dans la maison et de faire comme si un cambrioleur avait surpris et tué sa copine. Ensuite, il va confesser les événements à ses parents, qui ont une réaction pour le moins surprenante.

«Son père lui dit qu’il a eu le bon réflexe et qu’ils vont embrasser sa version. Ce sont des parents qui cherchent à protéger leur enfant, surtout qu’il n’a pas fait exprès pour tuer son amoureuse. Ils se disent que ça ne vaut pas la peine de lui faire subir un procès et de risquer la prison pour un crime accidentel.»

Précisons que l’entourage du chanteur est également impliqué dans le merveilleux monde du show-business: le paternel est un politicien, alors que la mère de l’amoureuse décédée est sa gérante. Ils se mettent donc en mode gestion de crise.

«C’est une pièce sur le mensonge et les demi-vérités qu’on invente pour que le personnage principal continue à correspondre à l’image que le public a de lui. Il est issu d’un concours qui l’a transformé en vedette instantanée et il a le réflexe de plaire aux gens. Mais pour être un bon menteur, la première personne qu’il doit convaincre, c’est lui-même. Je joue beaucoup avec cette ligne-là.»

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Si une partie du public désire croire à son innocence à tout prix, l’enquêteur chargé de l’affaire semble lui aussi se laisser séduire par le strass de la célébrité.

«C’est la première fois qu’il a accès à ce monde et il prend plaisir à découvrir les ficelles du monde du spectacle. Il est tellement fasciné par ce qui se passe qu’il mène mollement son enquête. Il regarde le chanteur se démêler comme un spectateur prendrait plaisir à assister au spectacle du pauvre type qui s’enfonce.»

Plus le chanteur constatera l’étendue du capital de sympathie dont il est l’objet sur les médias sociaux, plus sa culpabilité gagnera en proportion. Les réactions des internautes ne seront cependant pas projetées sur un écran, mais lues par la défunte.

«Lucie lira elle-même les commentaires que ses admirateurs laissent sur sa page Facebook après sa mort. Elle reprend vie à travers leurs mots. Au fond, la pièce traite énormément de notre rapport au regard des autres.»

Les comédiens Pierre-Yves Cardinal, Micheline Bernard, Denis Bernard, Annick Bergeron, Marie-Pier Labrecque, Marie-Hélène Thibault, Stéphane Jacques et Roger La Rue font partie de la distribution de la pièce Une mort accidentelle, mise en scène par Maxime Dénommée et présentée à La Licorne du 17 janvier au 25 février. Cliquez ici pour plus de détails.

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