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Manger du poisson élevé à l'Université Laval?

Manger du poisson élevé à l'Université Laval?
Yellow perch, (Perca flavescens), depicted in a natural setting following a spoon type lure
John Kuczala via Getty Images
Yellow perch, (Perca flavescens), depicted in a natural setting following a spoon type lure

Les étudiants de l'Université Laval pourraient bientôt manger du poisson élevé directement sur leur campus. Au début du mois de décembre, l'organisme AgroCité a accueilli 400 petites perchaudes dans un aquarium du pavillon Alexandre-Vachon. Si tout va comme prévu, elles pourraient figurer au menu de la cafétéria en septembre prochain.

Au premier coup d’œil, l’élevage situé au cinquième étage du pavillon Alexandre-Vachon semble rudimentaire, mais il n’en est pas moins avant-gardiste. Les poissons vivent avec des fines herbes installées dans des gouttières, tout juste au-dessus de leur tête.

Dans ce système dit aquaponique, les excréments produits par les perchaudes servent de nutriments qui sont acheminés aux fines herbes à travers l’eau qui circule dans les gouttières. En échange, les végétaux filtrent cette eau, qui est ensuite retournée à l’aquarium.

Autrement dit, les perchaudes et les végétaux ne peuvent pas se passer les uns des autres. Cette relation de symbiose a pour effet de produire moins de déchets que l’aquaculture traditionnelle et de réduire la tâche des étudiants bénévoles d’AgroCité.

« La simple [chose] à faire, c’est de vérifier que les poissons sont bien et qu’ils ont assez d’oxygène, et de les nourrir », résume Benjamin Laramée, directeur en recherche et développement pour AgroCité.

Vendre à la cafétéria

AgroCité existe depuis quelques années déjà. Jusqu’à maintenant, l’organisme produisait essentiellement de la laitue dans des serres hydroponiques de l’Université.

Depuis septembre, d’ailleurs, sa production comble tous les besoins en laitue de la cafétéria du pavillon Alexandre-Vachon.

Mais avec son système aquaponique, AgroCité veut diversifier son offre de produits et ainsi augmenter l’autosuffisance alimentaire de l’Université.

«Si l’alimentation [des perchaudes] se passe bien, on estime qu’en septembre 2017 on va avoir aux alentours de 400 filets de perchaude comestibles.» Benjamin Laramée, directeur en recherche et développement chez AgroCité

D’ici là, AgroCité devra obtenir divers documents gouvernementaux, dont un permis d’aquaculture commerciale du MAPAQ.

Benjamin Laramée demeure cependant réaliste. La vente de perchaudes sera probablement toujours marginale, car nourrir un campus entier demanderait des installations beaucoup trop massives.

Franchir les premiers pas

Pour le moment, ce système aquaponique demeure un laboratoire. Benjamin Laramée et les autres étudiants qui y participent vérifient régulièrement la qualité de l’eau et analysent aussi comment les différentes fines herbes se développent.

Parmi les quatre végétaux à l’essai, c’est la coriandre qui s’en tire le mieux. Le persil frisé, l’origan et la ciboulette ne semblent pas donner d’aussi bons résultats. Les espèces cultivées pourraient donc évoluer au fil des essais et des erreurs.

En ce qui concerne les poissons, ils devraient atteindre leur maturité en août prochain. L’aquarium actuel, en raison de sa petite taille, ne pourra les accueillir tous à l’âge adulte. AgroCité a déjà prévu le coup.

« À la session d’hiver prochain, on va travailler à créer un système qui va être un peu plus gros qu’ici et qui va nous permettre de garder les perchaudes en vie le plus longtemps possible », explique Benjamin Laramée.

Une expérience pédagogique

Le département de biologie de l’Université Laval, qui prête l’espace nécessaire au système aquaponique, est heureux d’accueillir un tel projet, d’autant plus que la production alimentaire en milieu urbain est un phénomène en croissance.

Mais au-delà de la question de l’autosuffisance alimentaire, la directrice du département croit aux vertus pédagogiques du projet.

«C’est important qu’il y ait des projets étudiants qui permettent aux étudiants de se développer à l’extérieur du cadre très [scolaire] des programmes.» - Line Lapointe, directrice du département de biologie de l'Université Laval

« Il y a de l’entrepreneuriat aussi là-dedans. Il faut, à un moment donné, que ça fonctionne. Il faut réussir à produire à un coût raisonnable », illustre Line Lapointe, qui croit que ce projet pourrait inciter des étudiants à se lancer en affaires, plus tard.

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