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De nouveaux conseils pour dissiper les nausées associées à la grossesse

Conseils pour dissiper les nausées associées à la grossesse
Beautiful pregnant woman struggling with headache and resting
nd3000 via Getty Images
Beautiful pregnant woman struggling with headache and resting

Un texte de Jérôme Labbé

Les nausées matinales sont le lot de la majorité des femmes enceintes, du moins entre la 6e et la 12e semaine de grossesse. Mais que doivent-elles faire lorsque ces symptômes deviennent insupportables ou qu'ils se prolongent au-delà du premier trimestre? La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) vient de publier une nouvelle directive, où il est notamment question de suivi psychologique et... d'un médicament utilisé en chimiothérapie.

C'est la première fois en près de 15 ans que la SOGC formule de nouvelles recommandations concernant la prise en charge des nausées et vomissements de la grossesse (NVG). La dernière directive datait de 2002.

Le document vise à fournir des instructions sur le traitement des NVG « qui soient fondées sur des preuves scientifiques et qui rendent compte de l'innocuité, pour la mère et le fœtus, des traitements et des médicaments offerts ». C'est en quelque sorte la bible des cliniciens qui accompagnent les femmes enceintes aux prises avec ce genre de symptômes.

Entre 50 % et 80 % des femmes souffriront de NVG durant leur grossesse, selon la SOGC – des malaises qui ne sont habituellement pas dangereux pour les femmes enceintes et leur fœtus. À long terme toutefois, les vomissements peuvent priver la mère et son bébé des nutriments et des fluides nécessaires à une grossesse réussie.

Pour mieux traiter les NVG, la SOGC a formulé 13 recommandations dans sa plus récente directive. Quatre d'entre elles sont nouvelles.

1) Abandonner les vitamines prénatales contenant du fer

La SOGC conseille aux femmes souffrant de NVG de remplacer ces vitamines par de l'acide folique ou par des vitamines faibles en fer pour adultes ou pour enfants. Car « le fer est difficile à absorber ou à digérer » et « cause des brûlements d’estomac pour certaines », explique la Dre Lucie Morin, médecin spécialiste en médecine fœto-maternelle rattachée au CHU Sainte-Justine, l'hôpital mère enfant de Montréal.

2) Prendre du Diclectin à titre préventif

Le Diclectin est le premier médicament approuvé par Santé Canada pour le traitement des NVG. Il contient de la doxylamine, un antihistaminique, et de la pyridoxine, une des formes de la vitamine B6. Or, l'absorption de ces deux molécules en début de grossesse peut s'avérer efficace chez les femmes à risque élevé de NVG, certifie la SOGC. Selon la Dre Morin, les femmes ayant déjà connu des épisodes de nausées et de vomissements lors de précédentes grossesses auraient tout avantage à s'en faire prescrire, d'autant plus qu'il n'entraîne « aucun effet nocif pour l'enfant à naître », d'après la SOGC.

3) Entamer une thérapie cognitive « basée sur la pleine conscience »

Selon la SOGC, un suivi psychologique « peut être efficace comme complément à la pyridoxine » pour faire diminuer l'anxiété. « Il y a des femmes qui deviennent enceintes dans des situations difficiles et on dirait que c'est un facteur qui peut aggraver les nausées et les vomissements », explique Lucie Morin, citant par exemple ces immigrantes haïtiennes forcées de fuir leur pays après le séisme de 2010. « C'est une façon de prendre le contrôle de la situation ».

4) Prendre de l'ondansétron lorsque rien d'autre ne fonctionne

Ce médicament « peut être utilisé comme traitement d'appoint [...] lorsque les autres combinaisons de [médicaments] ont échoué », écrit la SOGC. L'ondansétron est souvent prescrit en oncologie pour contrer les effets secondaires de la chimiothérapie, mais aujourd'hui, il est aussi employé dans le monde de l'obstétrique. « Chez nous, à Sainte-Justine, on l'utilise, et ça fonctionne très bien, affirme Lucie Morin. On ne voit pas vraiment d'effets néfastes sur le fœtus ou sur la grossesse. »

Ces quatre nouvelles consignes s'ajoutent aux neuf recommandations qui figuraient déjà dans la directive de 2002, dans laquelle on encourageait notamment les femmes souffrant de NVG à consommer du gingembre ou à pratiquer l'acupression en stimulant un point « situé à la largeur de trois doigts en amont du poignet, entre les tendons du petit palmaire et du muscle fléchisseur radical du carpe ».

Sur son site web, la SOGC prodigue en outre quelques conseils aux mères en devenir qui souffriraient de malaises moins sévères, comme manger fréquemment des repas légers ou des collations, prendre beaucoup de repos et se méfier des produits naturels.

Les NVG ne sont pas à prendre à la légère, soutient la SOGC. « Parmi les femmes qui travaillent à l'extérieur, 47 % affirment que les NVG réduisent leur rendement, 35 % perdent des heures de travail et 25 % consacrent moins de temps aux travaux domestiques », écrit-on.

Les NVG se comparent en gravité aux nausées dont souffrent les patientes subissant une chimiothérapie contre le cancer et poussent certaines femmes à mettre fin à leur grossesse. - Extrait de la plus récente directive de la SOGC concernant les NVG

Quant à celles qui ne souffrent d'aucun malaise au début de leur grossesse, elles ne doivent pas s'inquiéter, selon Lucie Morin. Elles sont tout simplement « chanceuses ».

La nouvelle directive a été publiée jeudi, quelques jours après la publication d'une étude dans la revue scientifique Evolution and Human Behaviour, dans laquelle le professeur en biologie Scott Forbes, de l'Université de Winnipeg, conclut que les NVG sont le résultat de la présence d'un embryon en santé et d'un taux normal ou élevé d'iode chez la mère.

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