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Femmes autochtones: pas d'enquête fédérale approfondie sur Val-d'Or

Femmes autochtones: pas d'enquête fédérale approfondie sur Val-d'Or
Radio-Canada

L'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ne pourra pas se pencher de manière approfondie sur le cas de Val-d'Or, ville secouée par plusieurs allégations de mauvais traitements infligés par des policiers à des Autochtones.

Dans une lettre obtenue par Radio-Canada, la directrice générale de la commission, Michèle Moreau, affirme que « les événements de Val-d'Or feront sans doute partie du récit national », mais précise que « le mandat de l’Enquête nationale ne permet toutefois pas à celle-ci de mener une enquête factuelle approfondie sur des cas précis impliquant des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Cette tâche ne relève pas de notre mandat national de deux ans ».

La commission nationale estime toutefois que « si le gouvernement du Québec venait à accepter la proposition que des dirigeants autochtones du Québec auraient faite de mener une enquête publique provinciale sur des cas particuliers et des enquêtes policières menées à Val-d’Or qui ont récemment été commentés dans les médias, un tel geste serait hautement complémentaire du mandat et des travaux de l’Enquête nationale et ne nuirait en rien à son travail ».

Ces affirmations tranchent avec les propos de Michèle Audette, commissaire de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Elle a récemment fait savoir que les rapports entre les Autochtones et les forces de l'ordre seront étudiés par la commission.

« C'est un des mandats que nous avons. Les gens ont beaucoup critiqué parce que dans le décret, on ne voyait pas les mots ''étudier, analyser et observer le travail des policiers''. Mais étant donné que le corps policier fait partie d'une institution, oui, c'est sûr que l'on va étudier tout ça et que l'on va l'analyser », a-t-elle dit en entrevue à Radio-Canada.

Quoi qu'il en soit, les déclarations de Michèle Moreau apportent de l'eau au moulin des chefs autochtones, qui pressent Québec de mettre en place une enquête indépendante pour faire la lumière sur les rapports entre Autochtones et policiers.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations pour le Québec et le Labrador, Ghislain Picard, a rencontré fin novembre le premier ministre Philippe Couillard pour lui présenter une proposition écrite et détaillée de ce que pourrait être le mandat d'une future commission d'enquête indépendante.

Après avoir écarté une telle enquête, estimant que la commission fédérale était suffisante, Philippe Couillard dit être maintenant en réflexion et à la recherche du meilleur « véhicule » pour aborder la problématique des relations tendues entre les Autochtones et les corps policiers.

Racisme systémique

Pour rappel, aucune accusation n’a été portée contre les six policiers de la Sûreté du Québec (SQ) de Val-d'Or visés par des allégations d'actes criminels à l'encontre de femmes autochtones. Deux anciens policiers font cependant face à la justice.

Observatrice civile indépendante désignée par Québec, Fannie Lafontaine avait conclu que l’enquête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur des allégations d'agressions sexuelles était intègre et impartiale.

Dans son rapport, Fannie Lafontaine a néanmoins précisé que « les événements de Val-d’Or et d’ailleurs mettent à l’avant-plan la question de pratiques policières discriminatoires et plus particulièrement celle de l’existence d’un racisme systémique au sein des forces de l’ordre à l’égard des Autochtones ».

Elle écrit que « si le racisme d’un individu peut être condamné à travers le processus criminel, le racisme systémique qui est socialement organisé, ne peut jamais être reconnu dans ce cadre et ses conséquences néfastes sur les individus et les collectivités ne peuvent être examinées ».

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