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Des directeurs s'inquiètent de l'avenir de leurs cégeps vétustes (VIDÉO)

Des directeurs s'inquiètent de l'avenir de leurs cégeps vétustes

Après les écoles, les hôpitaux et les universités, voilà que de nombreux bâtiments du réseau collégial sont tout aussi délabrés. La direction de certains établissements peine à effectuer les travaux nécessaires alors que le déficit d'entretien s'élevait à 427 millions l'an dernier.

Un texte de Jean-Philippe Robillard

« C’est clair que les sommes ne sont pas au rendez-vous pour être capable de maintenir à niveau les infrastructures », estime Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps du Québec.

Certains établissements du réseau collégial sont plus mal en point que d’autres. C’est le cas du Cégep de Victoriaville, où plus de la moitié des infrastructures sont en mauvais ou en très mauvais états. On estime les coûts de rénovations à plus de 30,5 millions de dollars.

La différence entre « mauvais état » et « très mauvais état »

Une infrastructure en mauvais état dépasse sa vie utile et cause souvent des ralentissements de service. On doit alors envisager des réparations ou une mise hors de service. La catégorie « très mauvais état » impose quant à elle des travaux importants et urgents. Dans les deux cas, ni la sécurité ni la santé des usagers ne sont menacées, selon les plans de gestion des investissements publics.

Cégep André-Laurendeau, à Montréal

La situation au Cégep André-Laurendeau, dans l'arrondissement LaSalle, est également préoccupante. Une visite de l’établissement permet de constater que des bâtiments sont vieux et abîmés. Les escaliers mécaniques ne fonctionnent pas à plusieurs endroits et, dans certaines salles de cours, l'eau coule du toit.

«Ce n’est pas un cas d’exception qu’on ait des fuites d’eau au 7e étage. Ça arrive assez souvent.» - Claude Roy, directeur général du Cégep André-Laurendeau

Lors du passage de Radio-Canada, il y avait des seaux et des toiles de plastiques étendues dans certains locaux pour tenter de minimiser l’impact des infiltrations d’eau.

« Ce que je vois aujourd’hui, c’est qu’on manque d’argent pour entretenir nos équipements tout simplement », explique Claude Roy, directeur général du Cégep André-Laurendeau. « Vous vous imaginez? Dans deux heures ou demain matin, on va devoir donner un cours avec une chaudière. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus approprié. »

Au Cégep André-Laurendeau, plusieurs infrastructures posent problème. On estime qu’il faudrait investir plus de 40 millions pour tout rénover. Claude Roy croit que Québec doit injecter plus d’argent avant qu’il ne soit trop tard.

« Il viendra un temps où on ne sera pas capable d’enseigner », explique le directeur de l’établissement. « Ça sera plus difficile de donner une prestation de cours adéquate si j’ai des fuites d’eau. Un moment donné, je vais être obligé de fermer des classes. »

Cégep Édouard-Montpetit, Longueuil

La situation est aussi préoccupante au Cégep Édouard-Montpetit, à Longueuil, où une vingtaine de bâtiments sont en mauvais ou en très mauvais état. On estime le coût des travaux à 21 millions de dollars.

« C’est le déficit accumulé du fait de ne pas avoir eu [des subventions suffisantes] année après année. En fait, c’est très important, 15 millions de dollars. C’est vraiment une somme astronomique », explique Élisabeth Fournier, directrice des ressources financières et matérielles du Cégep Édouard-Montpetit.

La situation est aussi préoccupante au Cégep Édouard-Montpetit, à Longueuil, où une vingtaine de bâtiments sont en mauvais ou en très mauvais état. On estime le coût des travaux à 21 millions de dollars.

« C’est le déficit accumulé du fait de ne pas avoir eu [des subventions suffisantes] année après année. En fait, c’est très important, 15 millions de dollars. C’est vraiment une somme astronomique », explique Élisabeth Fournier, directrice des ressources financières et matérielles du Cégep Édouard-Montpetit.

«On a des locaux qui sont en fin de vie utile.» - Élisabeth Fournier, directrice des ressources financières et matérielles du Cégep Édouard-Montpetit

« À l’École nationale aérotechnique, l’auditorium tombe en ruine », raconte Mme Fournier au cours d’une visite des endroits les plus vétustes de l’établissement. On y appelle le sous-sol « les catacombes ».

« Les catacombes sont un désordre de dalles fissurées, soulevées. À certains endroits, les portes n’ouvrent plus ou ne ferment plus. On a mis les casiers des étudiants parce que la prochaine étape sera de condamner le lieu », prévient-elle.

Le plancher dans les « catacombes »du cégep Édouard Montpetit. Photo : Radio-Canada

À la Fédération des cégeps, le directeur général Bernard Tremblay souhaite que Québec délie les cordons de sa bourse.

« C’est de s’assurer qu’on a les sommes suffisantes pour être en mesure de vraiment entretenir tous nos bâtiments à la hauteur des besoins, souligne M. Tremblay. On pense effectivement qu’on a un déficit d’entretien qui est préoccupant et qui doit être considéré. Si on maintient un déficit d’entretien, les installations ne seront plus à niveau. Il y aura un impact sur la réussite éducative. »

Cégep de Rimouski

Le Cégep de Rimouski est l'un des plus vieux établissements du réseau. Malgré son statut patrimonial, ses infrastructures ont cruellement besoin de rénovation. L’opération nécessiterait 50 millions de dollars.

Le directeur du Cégep de Rimouski, François Dornier, tire lui aussi la sonnette d’alarme. « Il serait vraiment nécessaire d’envisager dans un avenir très rapproché, non pas des budgets d’entretien des bâtiments, mais un programme spécifique de rénovation du parc immobilier des collèges », suggère-t-il. Selon lui, la rénovation de vieux bâtiments à même un budget d’entretien frôle la mission impossible.

Ancienne piscine du Cégep de Rimouski. Photo : Radio-Canada

M. Dornier craint que la vétusté de son cégep fasse fuir la clientèle étudiante. « On veut attirer des jeunes en régions, dit-il, mais quand on va commencer à avoir un collège qui a l’air vintage d’un mur à l’autre, il y a des chances que nos étudiants vont commencer à trouver l’option du Cégep de Rimouski moins intéressante. »

Selon les dernières données publiées par ministère de l’Éducation supérieure en décembre 2015, plus du quart des bâtiments du réseau collégial étaient en mauvais ou en très mauvais état. Québec évaluait alors le déficit d’entretien de ces établissements à plus de 427 millions de dollars.

Revoir le financement des cégeps

«On a des problèmes à la grandeur du Québec.» - Martin Maltais, professeur en financement et politiques d’éducation à l’Université du Québec à Rimouski

Québec doit revoir le financement des cégeps pour permettre d’atténuer les déficits d’entretien, croit Martin Maltais, professeur en financement et politiques d’éducation à l’Université du Québec à Rimouski.

Le parc immobilier prend de l’âge, rappelle-t-il. Certains bâtiments sont même un legs de communautés religieuses. Si le gouvernement ne passe pas à l’action, les coûts de rénovation ne feront qu’augmenter.

« On se questionne sur la possibilité d’entretenir correctement ou non le parc immobilier, mais ce qu’il y a de plus important au Québec, c’est la jeunesse du Québec. C’est ça qui va créer de la richesse demain », conclut M. Maltais.

Des universités tout aussi vétustes

Plus de 40 % des bâtiments du réseau universitaires sont en mauvais ou en très mauvais état, d'après la première analyse menée par Québec et les universités, dont Radio-Canada faisait état en octobre. La province évalue le déficit d’entretien à 1,5 milliard de dollars et a échafaudé un plan pour régler une partie du problème qui touche surtout les vieilles universités.

La ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Hélène David, n’avait pas encore réagi au moment de publier ces lignes.

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