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Le diocèse de Montréal montre la porte à l'un de ses prêtres

Le diocèse de Montréal montre la porte à l'un de ses prêtres
René Saint-Louis

Le diocèse de Montréal accuse le père Jean-Eudes Fortin d'être un mauvais gestionnaire. Mais ce dernier, qui est prêtre de la paroisse Très-Saint-Rédempteur dans Hochelaga, soutient plutôt que c'est ce qu'il a découvert depuis son arrivée, il y a un an, qui dérange.

Un reportage de René Saint-Louis

Jean-Eudes Fortin est bouleversé. Je n'ai jamais pensé qu'un jour, je serais trahi par ma propre Église, dit-il d'entrée de jeu.

Ses supérieurs lui ont donné une semaine et demie pour faire ses boîtes et quitter son presbytère. Pourquoi? Parce que certaines de ses décisions ont déplu à ses supérieurs.

Par exemple, il a mis fin aux combats de lutte qui avaient lieu dans le sous-sol de l'église tous les samedis.

«Il y a de la drogue, il y a de la boisson. Et on n'a pas besoin de ça ici, surtout avec nos jeunes dans le quartier Hochelaga qui demandent à grandir dans un autre paysage que la lutte.» — Jean-Eudes Fortin, ex-curé de la paroisse Très-Saint-Rédempteur

Cette décision a entraîné une perte de revenu de location de 1200 $ par mois pour la paroisse.

Jean-Eudes Fortin dit avoir compensé ce manque à gagner en louant des locaux à des organismes qui, au contraire, luttent contre ces fléaux comme les Alcooliques anonymes et les Narcotiques anonymes. Il a aussi loué un local à l'organisme SOS Itinérance qui fournit des vêtements et de la nourriture aux démunis du quartier.

Le marguillier de la paroisse, Carl Béchard, dit qu'au final la paroisse est dans un meilleur état financier depuis l'arrivée du père Fortin.

«L'année passée, il y avait un déficit de 85 000 $ et cette année, coïncidence, le déficit est de 12 000 $. Pour un mauvais gestionnaire, je trouve que ça ne rentre pas ben, ben dans la braquette. On a fait fondre le déficit de 63 000 $...» — Carl Béchard, ex-maguillier de la paroisse Très-Saint-Rédempteur

D'autres décisions controversées

Jean-Eudes Fortin a aussi fait réparer le drain principal du toit de son église. Les travaux devaient coûter 250 000 $ et ont coûté le double car le père Fortin en a profité pour faire réparer le toit qui coulait.

À sa défense, il dit que l'installation des échafaudages pour les travaux coûtait tellement cher qu'il aurait été ridicule de faire les travaux en deux temps. Il précise aussi que ses décisions ont été approuvées par le conseil de fabrique et même indirectement par l'archevêché de Montréal qui a avancé l'argent.

Enfin, Jean-Eudes Fortin voulait ouvrir son gigantesque presbytère, qui compte une vingtaine de pièces sur trois étages, aux plus démunis du quartier Hochelaga. Il affirme qu'il avait la bénédiction de l'archevêque de Montréal, Christian Lépine, pour aller de l'avant avec son projet.

Le conseil de fabrique claque la porte

Chose certaine, les paroissiens et les membres du conseil de fabrique reconnaissent que l'église Très-Saint-Rédempteur est beaucoup plus animée qu'avant l'arrivée du père Fortin.

Carl Béchard a décidé de démissionner de son poste de marguillier pour dénoncer la décision de l'archevêché. La marguillière Liette Mercier a fait la même chose.

«Je ne veux plus continuer comme membre de la fabrique. Je trouve ça dommage, ça me fait de la peine. C'est l'homme que ça nous prenait pour remonter la paroisse.» — Liette Mercier, ex-marguillière de la paroisse Très-Saint-Rédempteur

Liette Mercier craint que cette décision ne soit un prélude à la fermeture de l'église.

Du côté de l'archevêché, l'évêque auxiliaire Alain Faubert soutient que ce type de mésentente n'est pas rare et que la décision de retirer au père Fortin sa charge paroissiale n'a pas été facile à prendre. Il refuse cependant de commenter davantage le dossier.

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