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La contribution du Canada en Afrique est essentielle, dit Michaëlle Jean

La contribution du Canada en Afrique est essentielle, dit Michaëlle Jean

À quelques jours du Sommet de la Francophonie à Madagascar, Michaëlle Jean juge "essentiel" que le Canada se réengage dans les missions de paix en Afrique francophone.

Ottawa soupèse toujours ses options pour l'envoi de quelque 600 Casques bleus en mission de paix en Afrique, mais certains s'attendent à ce que les troupes soient déployées au Mali.

En entrevue à La Presse canadienne, la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a insisté sur l'importance de l'implication canadienne sur la scène internationale et dans les opérations de paix en particulier.

"Ça, c'est essentiel, parce que la moitié des opérations de maintien de la paix se déploient dans des pays de l'espace francophone", a-t-elle souligné.

Même si elle n'est pas à l'ordre du jour au 16e Sommet de la Francophonie les 26 et 27 novembre à Antananarivo, la question du pays qui sera choisi par le Canada pour y envoyer ses troupes risque fort d'être un sujet de choix dans les corridors.

La ministre fédérale du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, prévient toutefois que le pays sélectionné ne sera pas annoncé à Madagascar.

"La décision n'est pas prise encore et va revenir au conseil des ministres avant. Ce n'est pas dans la liste des annonces à venir au Sommet de la Francophonie", a-t-elle indiqué en entrevue.

À la veille du premier voyage du premier ministre Justin Trudeau en Afrique, Mme Jean salue l'intention de son gouvernement de "faire entendre avec plus de force encore cette voix du Canada, cette capacité d'action et cette volonté canadienne d'agir et d'être à nouveau présent sur la scène internationale". Elle va même jusqu'à oser espérer que ses façons de faire inspirent Donald Trump. "J'espère que, peut-être, le nouveau président américain désigné regardera cela comme un exemple", a-t-elle confié.

Radicalisation

La sécurité mondiale sera assurément à l'ordre du jour. Le Québec présentera notamment une résolution appelant à combattre et à prévenir la radicalisation menant à la violence, un geste pour donner suite à la Conférence Québec-UNESCO qui s'est tenue sur la question au début du mois.

Aux yeux de la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre, ce sommet revêt une importance capitale pour la diplomatie québécoise. "C'est la seule instance dans le monde où le Québec est membre à part entière. (...) Il faut qu'on montre notre personnalité et qu'on se démarque", a-t-elle fait valoir lors d'un entretien téléphonique.

La sécurité est également l'une des motivations du Canada lorsqu'il distribue son aide à l'étranger. Si on ne s'occupe pas des jeunes dans les pays les plus vulnérables, ils iront gonfler le flot de migrants, ou pire, se joindront à des groupes armés, signale la ministre Bibeau. "Et là, ça devient un enjeu de paix et de sécurité", dit-elle.

L'aide aux femmes et aux filles occupera aussi une place de choix dans les discussions. Le Canada déposera notamment une résolution conjointe avec le Bénin pour dénoncer les mariages forcés.

"Je peux vous dire qu'on va orienter beaucoup plus notre aide sur les projets qui vont avoir un impact direct sur les femmes et les filles", a signalé Mme Bibeau, citant la santé, la défense des droits et l'autonomisation comme priorités.

"On dit qu'on veut prendre des décisions basées sur des faits, et la démonstration m'a été faite en long en large et en travers que les femmes et les filles sont plus vulnérables à la pauvreté, à la violence, et même aux changements climatiques", a-t-elle ajouté. Mme Bibeau note que le fait que ses partenaires internationaux savent qu'elle place les femmes et les filles en priorité les pousse à s'ajuster en conséquence s'ils veulent pouvoir espérer toucher des fonds canadiens.

Il s'agit là aussi d'une préoccupation du Québec, et en ce sens, Mme Jean peut agir comme source d'inspiration pour les jeunes femmes des pays en développement, selon Mme St-Pierre. "Il faut qu'on envoie un message puissant. Avec une femme secrétaire générale, le femmes se sentent représentées, sentent qu'il y a une écoute peut-être plus attentive à leurs besoins", a-t-elle avancé.

Annonces chiffrées

Pour que le Sommet soit réussi, il devra accoucher d'engagements concrets, selon le directeur de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire, François Audet.

"Ce qui est rassurant pour l'instant, c'est qu'il y aurait entre 30 et 40 dirigeants qui seront sur place, a-t-il noté. Si les dirigeants ont répondu à l'invitation, c'est fort probable qu'ils n'iront pas les mains vides et qu'ils auront des annonces à faire. C'est toujours un moment de politique internationale où chacun voudra bomber le torse."

En coulisses, on confirme d'ailleurs que M. Trudeau devrait profiter de son passage dans la capitale malgache pour faire des annonces chiffrées en aide internationale.

Le Sommet d'Antananarivo sera le premier de l'Ontario, qui compte plus de 600 000 francophones, et qui a demandé le statut de membre observateur, une occasion sans pareille de "renforcer des liens" avec les pays de la Francophonie, a fait valoir la ministre ontarienne déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde.

Le Québec et le Nouveau-Brunswick ont leur place à l'OIF depuis les années 1970. L'organisation rassemble 80 États et gouvernements (57 membres et 23 observateurs). Le Canada en est le deuxième bailleur de fonds, après la France.

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