George Gantcheff brise le silence dans le dossier du scandale à la Société immobilière du Québec (SIQ). L'important joueur de l'immobilier met en demeure le chef de la CAQ François Legault pour des « propos diffamatoires » et défend sa réputation.
Le chef caquiste aurait tenu des propos « hautement diffamatoires » à l'endroit de George Gantcheff et de sa compagnie Cromwell qui a acheté deux immeubles à la SIQ en 2008
« Par pur désir électoraliste, vous avez intentionnellement utilisé des mots et des tournures de phrases visant à associer nos clients à des activités ou gestes illégaux ou même criminels. Pour être clair, vous avez fait de la démagogie », indique la mise en demeure du cabinet d'avocats Woods, obtenu par Radio-Canada.
François Legault a dit que Gantcheff était « un des bénéficiaires de la magouille » touchant la SIQ, dénonce le document.
«Nos clients n’ont jamais bénéficié ou participé à une quelconque magouille et encore moins participé à de la corruption.» ― Extrait de la mise en demeure
Il s'agit d'une « stratégie de communication visant à diffamer nos clients », ajoute l’avocat de Gantcheff, qui demande à François Legault de se rétracter et de présenter des excuses sans délai.
La mise en demeure indique aussi que M. Legault a fait des « raccourcis honteux » en disant que la commission Charbonneau, qui a siégé dans un des immeubles en question, avait payé plus cher ses locaux que le prix du marché.
« Tentative de bâillonnement »
La Coalition avenir Québec a répliqué par voie de communiqué vendredi. Pour la formation politique, cette mise en demeure est une « tentative de bâillonnement ». Les questionnements de la CAQ sont légitimes en raison des « graves allégations révélées par le reportage de l’émission Enquête », dit-on.
Le 3 novembre dernier, Radio-Canada révélait des allégations de fraude impliquant la SIQ et des collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec (PLQ).
William Bartlett, Franco Fava et Charles Rondeau, ainsi que l’ex-PDG de la SIQ Marc-André Fortier, se seraient partagé d’importantes sommes d’argent lors de transactions immobilières, dans ce qui serait la plus importante fraude dans une société d’État au Québec et peut-être même au pays.
Deux des immeubles dont il était question dans notre reportage ont été vendus à George Gantcheff, soit le 500 René-Lévesque Ouest, à Montréal, et le 500 Grande-Allée, à Québec.
À la suite de la vente de ces immeubles, le collecteur de fonds et ancien vice-président de la SIQ William Bartlett s’attendait à recevoir un paiement de 7 millions de dollars de la part de George Gantcheff et de l’un de ses associés, indiquent des courriels obtenus d’une source anonyme par Radio-Canada.
M. Gantcheff n'avait pas donné suite à nos demandes d'entrevue.
Allégations de fraude impliquant des collecteurs de fonds du PLQ
Dans autre communiqué diffusé jeudi, la compagnie de George Gantcheff affirme que « ces transactions se sont avérées des plus bénéfiques pour les contribuables et l'État québécois ».
« Depuis toujours, j'ai dirigé mes entreprises avec rigueur, éthique, intégrité, mais surtout dans le respect des lois et règlements en vigueur », a aussi déclaré M. Gantcheff.
Plus tôt cette semaine, le gouvernement libéral à Québec a annoncé deux vérifications en réaction aux allégations de fraude. La vérificatrice générale examinera tous les contrats de 2003 à 2012 et la firme Raymond Chabot Grant Thornton analysera près de 900 baux en cours.