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«La fois où... j'ai suivi les flèches jaunes»: l'étonnante quête spirituelle d'Amélie Dubois

«La fois où... j'ai suivi les flèches jaunes»: l'étonnante quête spirituelle d'Amélie Dubois
Courtoisie

Figurant parmi les écrivains québécois les plus populaires des dernières années, avec plus de 350 000 copies vendues de ses 11 premiers livres, Amélie Dubois est reconnue pour son humour éclatant et ses histoires rocambolesques. Sans délaisser sa plume pétillante et ses personnages attachants, l’auteure effectue néanmoins un léger virage en catapultant Mali Allison sur la route de Compostelle, dans une expérience spirituelle qui s’avère aussi divertissante que confrontante.

«C’est un virage à 90 degrés, disons, si on compare avec mes autres romans, explique Amélie Dubois. On retrouve plus l’aspect spirituel qu’avant, mais l’humour demeure présent, même au-delà de ce que je croyais. Sur les médias sociaux, les lecteurs me disent qu’ils trouvent ça super drôle!»

Il faut dire que ces derniers sont attachés depuis longtemps à la verve de Mali Allison, un personnage avec des airs de ressemblance incontestables avec Amélie Dubois: trentenaire ayant tout laissé pour écrire, propriétaire d’une (charmante) voix rauque semblable à celle d’Éric Lapointe un lendemain de brosse, hypersensible, mais pas « fe-fille », peu attirée par le modèle rigide du bonheur, mais obsédée par la quête de SA définition du bien-être.

«Sans dire que Mali est une éternelle insatisfaite, elle est toujours à la recherche de ce qui la rend heureuse. C’est une femme de caractère qui sait autant où elle s’en va qu’elle ne le sait pas… Elle aspire à se laisser porter, mais ça demeure un combat. Je pense qu’elle représente beaucoup de femmes d’aujourd’hui. Les lectrices s’identifient beaucoup à elle.»

Possédant une tête qui réfléchit fort, parfois trop, la demoiselle est aux prises avec des problèmes amoureux avec son copain Bobby, le musicien. Se révélant peu à peu jalouse, insécure et dépendante affective, elle sentira le besoin d’un électrochoc : direction Saint-Jacques-de-Compostelle, pour une petite marche de… 700 km!

«À partir du moment où elle a une énorme prise de bec avec son amoureux et qu’elle s’imagine fouiller dans son cellulaire, elle réalise à quel point elle n’est pas bien. Elle ne se reconnait plus. Les lectrices qui la connaissent depuis le début de la série Chick Lit vont clairement se demander ce qu’elle est en train de faire. Ce jour-là, elle décide de partir.»

Rendue en Espagne, Mali imagine suivre les flèches jaunes du pèlerinage pour arrêter de réfléchir, souhaitant même un «fast pass» dans ses réflexions sur la vie, la mort, l’amour et le bonheur.

Un rêve en contradiction avec les vertus de la route mythique. «Quand la douleur physique des débuts te quitte, tu te sens vide. Tu n’as plus rien pour t’occuper l’esprit. Et quand tu marches huit heures par jour, t’as juste ça à faire, penser. La toile est vide pour permettre les dérapages de l’esprit.»

Amélie Dubois parle en connaissance de cause, elle qui a franchi 700 km du Camino frances à l’été 2015, avec la même absence de préparation que son héroïne.

«J’ai fait beaucoup de recherche, mais je ne trouvais jamais ce dont j’avais besoin dans les blogues. Les gens parlaient de leur expérience, mais pas des aspects techniques. Et moi, je voyais ça comme quelque chose de facile : marcher toute la journée sans difficulté physique. Mais le poids du sac change tout. Après trois heures à le porter, les problèmes commencent : ampoules, douleurs aux articulations, fatigue, etc.»

Des problèmes, mais aussi des éclats d’inspiration. «À la fin de mon périple, j’ai compris que je tenais quelque chose de fort! Tout s’est placé dans ma tête. L’histoire s’est clarifiée à mon rythme.»

Ironiquement, avant de se lancer, l’auteure ne voyait pas l’intérêt de raconter l’épopée de quelqu’un qui marche sans arrêt.

«Sauf qu’après 10 jours, j’ai commencé à prendre des notes sur mon expérience, les gens que je croisais et leurs histoires. J’ai rencontré la cohorte de voyageurs la plus hétérogène de tous les pays que j’ai visités. Nous étions tous d’origines, d’âges et de métiers différents, avec des raisons vraiment variées pour faire Compostelle. Nos seuls dénominateurs communs étaient notre envie de marcher et nos quêtes respectives.»

Dans le roman, Bethany, Manuel, Logan, Philippe et plusieurs autres transforment Mali la Québécoise. «Ils ont tous contribué à lui faire accepter qu’elle a besoin des autres. Au départ, elle repousse un peu tout le monde et préfère que les gens restent en orbite de son espace. Pour elle, Compostelle, ça doit se faire seul, sinon ça ne fonctionne pas. Sa vision du pèlerinage était rigide. Mais peu à peu, elle se lie d’amitié et laisse entrer les gens dans sa vie.»

Des hommes et des femmes qui occuperont une place bien spéciale dans la mémoire et dans le cœur de Mali, qui garde contact avec ses amies québécoises (Sacha, Geneviève, Coriande et une petite nouvelle) et qui évoque à plusieurs reprises un certain congrès à… Gatineau. «Je voulais faire un clin d’œil aux lectrices de la série Chick Lit. Et j’aime beaucoup ces personnages! Elles apportent de la légèreté au roman.»

Légèreté, humour, émotions, introspection : les éléments qui composent La fois où… j’ai suivi les flèches jaunes sont aussi variés que les réactions des lecteurs. «L’histoire en bouscule quelques-uns, d’autres rient, certains ont de la peine, d’autres veulent faire Compostelle à leur tour. Le roman résonne différemment selon l’état d’esprit de chacun.»

Ceux qui vibrent en découvrant la nouvelle tangente d’Amélie Dubois seront heureux d’apprendre que son prochain roman plongera Mali Allison dans une autre expérience «spirituelle» hors du commun.

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